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(Miniature)  Arnaud Gauthier-Rat : « Je suis sur un petit nuage »
Photo : CEV
17/06/2024
Arnaud Gauthier-Rat : « Je suis sur un petit nuage »
En remportant la finale de la Nations Cup dimanche à Jurmala, l’équipe de France masculine a permis à la France de décrocher un deuxième quota olympique pour les JO de Paris 2024. Une énorme satisfaction pour Arnaud Gauthier-Rat, qui a terminé le tournoi invaincu avec Téo Rotar, appelé in extremis pour suppléer Youssef Krou, blessé au poignet.
Tu t’es présenté sur la Nations Cup sans ton partenaire habituel, Youssef Krou, y avait-il des doutes en arrivant à Jurmala ?
Oui et non. Le choix a été très rapidement fait, parce qu’on voyait que Youssef n’était pas au top de sa forme, ça a vite été une évidence de faire appel à Téo, c’est une chance de pouvoir compter sur un groupe aussi fort. On était assez confiants dans nos chances de relever ce défi et dans nos capacités de performer avec Téo, qui a un gros potentiel, même si on n’avait jamais joué ensemble. On a juste fait deux heures d’entraînement la veille de la compétition et on a rapidement trouvé nos automatismes. Malgré son jeune âge, c’est un mec qui a une expérience du beach assez incroyable, il a une faculté d’adaptation et de gestion des moments importants qui est franchement impressionnante.

Comment s’est passé le début du tournoi, marqué par trois victoires 2-0, en poule contre l’Allemagne et la Lituanie, puis en quarts face à la Belgique ?
En fait, le format était parfait pour nous, parce que malgré le forfait de Youssef, le fait que j’aie beaucoup de points nous permettait d’avoir le statut d’équipe n°1 et donc de jouer l’équipe 1 adverse, après le match de Julien (Lyneel) et Rémi (Bassereau), avec moins de pression car finalement, on avait plus un statut d’outsiders, on pouvait créer la surprise. Julien et Rémi devaient d’abord gérer le premier match contre une équipe présumée d’un niveau inférieur, avec sans doute plus de chances de gagner que s’ils avaient affronté l’équipe 1 – en général aux alentours de la 20e place mondiale. Ce qu’ils ont parfaitement fait à chaque fois et nous permettait ensuite de jouer complètement libérés face à des paires qui nous connaissaient moins du fait de la présence de Téo à mes côtés. On a réussi à enchaîner les tours comme ça avec un scénario parfait.

Jusqu’à la finale face à l’Autriche, où, pour la première fois, Julien et Rémi ont perdu le premier match, ce qui vous condamnait à gagner le second pour aller au golden set, avez-vous ressenti plus de pression ?
Non, on a abordé tous les matchs de la même manière, en étant sereins et confiants dans nos capacités. Il n’y a pas eu de différence après leur défaite, pas de stress particulier, on a géré notre match comme les précédents. Ensuite, il n’y avait plus que le golden set à aller chercher.

Etait-ce compliqué de se remobiliser pour ce set au tie-break, face à une équipe autrichienne qui avait été mixée pour l’occasion ?
On savait que de toute façon, si on voulait gagner, il fallait en passer par ce golden set, on était prêts mentalement à enchaîner, c’était différent pour eux qui espéraient remporter le deuxième match pour l’éviter, la dynamique était plus en notre faveur. Après, c’était difficile physiquement, parce que ça nous faisait un sixième set à jouer de la journée, après les deux en demi-finale contre le Portugal et les trois du match contre l’Autriche, Téo commençait à avoir des crampes, musculairement, c’était difficile. Je pense d’ailleurs que nos adversaires auraient préféré aligner la même équipe qu’on a battue, mais leur bloqueur (Christoph Dessler) n’était plus en capacité de continuer, il n’arrivait plus à marcher. Ils ont donc fait rentrer leur jeune (Timo Hammarberg) qui n’avait pas joué juste avant, le temps qu’il prenne ses marques, on a réussi à le saisir à la gorge dès le début du golden set, c’est ce qui a fait la différence. Je pense qu’on a mieux su gérer cette situation qui n’était pas facile physiquement.

Peux-tu nous décrire ton sentiment au moment de la balle de match qui vous donne la victoire et le quota olympique ?
C’était énorme. Personnellement, c’est un double projet que j’ai entamé il y a dix ans, avec d’un côté mon école d’ingénieur, de l’autre les Jeux Olympiques en lignes de mire. Par moments, ces objectifs ont été lointains, mais ces derniers mois, au fur et à mesure, les échéances se sont rapprochées pour devenir concrètes, puisque cette année, je vais faire les JO, et l’année prochaine, je serai ingénieur ! C’est donc un double projet de longue date qui va s’achever, c’est super, je suis sur un petit nuage. Maintenant, il ne faut pas être dans le rêve, on doit vite se remobiliser parce que le tournoi olympique n’a pas encore commencé. On a validé le ticket, mais le but, c’est de performer aux Jeux.

Tu te projettes sous la Tour Eiffel, dans un stade plein et encouragé par les supporters français ? Ça donne des frissons à l’avance ?
Oui, exactement. C’est un truc qu’au départ, on n’osait pas imaginer, là, on sait qu’on va faire partie de cette grande fête, donc on commence à se projeter, c’est un moment hyper agréable de pouvoir se dire qu’on va y être.

Quel va être le programme d’ici là ?
Je vais d’abord prendre un peu de repos, parce que cette course à la qualification a été éreintante. Même si je me sens super bien, que je pense être à mon meilleur niveau de beach-volley, ça a été épuisant mentalement, donc j’ai besoin de décompresser quelques jours. Ensuite, on va partir en stage à Porticcio à la fin du mois, puis on retournera début juillet à Toulouse pour se préparer avec des équipes étrangères. Youssef va revenir, sa blessure était bégnine, mais compte tenu de l’enjeu, on ne voulait pas prendre le risque de jouer la Nations Cup avec un joueur diminué, sachant qu’on pouvait compter sur un mec de la qualité de Téo pour assurer à sa place. Ce qui va permettre à Youssef de revenir à 100%.