Accueil >>
HOME
(Miniature) L’interview bleue : Amélie Rotar
Photo : VNL2024/FIVB
28/02/2025
L’interview bleue : Amélie Rotar
Après avoir débuté la saison à Rome, Amélie Rotar a quitté l'Italie pour rejoindre en janvier l'Alba Blaj, en Roumanie. Alors que les playoffs ont débuté cette semaine, l'internationale française nous raconte son intégration dans ce club ambitieux, avec qui elle espère gagner au moins un titre avant de retrouver les Bleues cet été.
Amélie, tu as changé de club en janvier, en quittant Rome pour l’Alba Blaj en Roumanie. Peux-tu nous raconter comment tu as vécu cette période ?
C’était très stressant. J’étais arrivée à un stade où je ne pouvais plus rester à Rome, au niveau mental j’étais à bout, à cause de plusieurs choses, dont le fait que j’avais moins de temps de jeu. Mon agent a fait un excellent travail, il a été très professionnel, présent du début jusqu’à la fin. Une fois que je suis arrivée à Blaj, j’ai été très vite intégrée, c’est un club très professionnel. J’avais déjà entendu de bonnes choses, et je confirme que c’est un bon club, connu à l’international.

C’est la première fois que tu changes de club en cours de saison...
C’est quelque chose qu’aucun athlète ne souhaite, on veut toujours aller au bout du projet. Mais cette situation commençait à m’attaquer mentalement, et je ne pouvais plus rester entourée de tous ces problèmes, j’ai préféré partir. Je sais que ce n’est pas forcément bien vu, quelqu’un qui quitte un club en cours de saison, cela peut être mal perçu. Mais tant que c’était en accord avec ce que je voulais, c’était le plus important à ce moment-là.

Rome restera ta première expérience dans un club étranger, qu’est-ce que tu en gardes ?
Malgré les points négatifs, je suis contente d’être partie à l’étranger. Le championnat italien, comme je le pensais, est le meilleur du monde. Chaque équipe est difficile à jouer, chaque match est difficile. Sur le plan humain, j’ai rencontré de très bonnes personnes, mais c’est le niveau qui m’a marquée. Même à l’entraînement, la qualité était impressionnante, avec de longs rallyes. J’espère pouvoir rapidement rejouer en Italie.

Tu es en Roumanie depuis environ un mois, comment juges-tu le niveau jusqu’à présent ?
Forcément moins bon qu’en Italie ! Les trois premières équipes sont quand même assez fortes. Mon équipe m’a vraiment étonnée. Je ne suivais pas trop le championnat roumain, mon agent m’en avait déjà parlé mais je n’avais pas le désir d’aller jouer ici. Mais mon équipe est vraiment bien. C’est aussi différent de la France, où il y a 6 ou 7 bonnes équipes. Ici, derrière les trois premiers, ça chute assez vite. Mais surtout, les gens sont très accueillants, ils mettent énormément de coeur dans tout ce qui se passe dans le club. C’est une petite ville en Roumanie, on voit que le volley est un peu la religion ici. Et à tous les matchs, il y a une ambiance de fou. C'est vraiment top, j’aime bien.

Alba Blaj, c’est un club qui a disputé des finales européennes il y a très peu de temps, notamment une finale de Ligue des champions en 2018. Comment sont les installations ?
J’ai été surprise quand je suis arrivée. Tout est neuf, je crois qu’ils ont refait la salle l’année dernière. Il y a vraiment tout pour performer. C’est vraiment à nous de tirer les bénéfices des infrastructures qu’on a ici. Il y a tout, bain froid, hammam, etc. Le gymnase est tout neuf. Il y a environ 3000 places, et c’est tout le temps plein. Cela se voit qu’ici, ils vivent volley.
 
 
"J'aimerais vraiment apprendre le roumain"

La Roumanie est un pays particulier pour toi, notamment du côté de ton père, qui a été international roumain. Est-ce que cela a guidé ton choix à ce moment-là ?
J’avais des solutions en Italie, mais cela posait problème à mon ancien club de Rome, qui ne voulait pas que je rejoigne un concurrent. J’étais arrivée à un stade où il fallait absolument que je parte. La Roumanie, c’était vraiment la meilleure option, j’avais entendu beaucoup bien du club de Blaj. Et c’est vrai que mon papa est roumain, mais honnêtement cela n’a pas influencé mon choix. Lui, il trouvait ça vraiment top, il habite à 30 minutes de Blaj, donc pour lui cela compte beaucoup. Mais pour moi, c’était surtout important de trouver un nouveau club pour partir de Rome.

Qu’évoque la Roumanie pour toi ? Y étais-tu déjà allée ?
J’y suis allée pour deux compétitions en étant jeune, et il y a deux ans avec l’équipe de France seniors en Golden League. Le sujet de la Roumanie est assez sensible pour mon papa. Il a été “forcé”, entre guillemets, de partir quand il était jeune. Il n’y était pas retourné depuis longtemps. Depuis que je suis arrivée ici, on parle un peu plus de sa vie en Roumanie. J’ai toujours rêvé de parler roumain, et c’est quelque chose qu’il n’a pas pu nous apprendre, parce que cela lui faisait de la peine. Mais là, je pense qu’il est vraiment content que je sois ici, et moi aussi, donc tant mieux.

Tu as pu te mettre au roumain ?
J’aimerais bien ! Mais vous savez comment sont les gens dans tous les pays, ils essayent d’abord de vous apprendre les bêtises (rires). J’ai appris quelques petits trucs. Pour l’instant, c’est un peu compliqué, j’apprenais aussi l’italien en Italie, il y a tout qui se mélange. Mais j’ai dit aux filles que j’aimerais vraiment apprendre la langue, c’est important pour moi, j’aimerais un jour être capable de parler roumain avec mon papa.

Dans le vestiaire, il n’y a pas que des joueuses roumaines, quelle langue parlez-vous ?
Il y a un peu toutes les nationalités, donc on parle anglais. J’ai été très bien intégrée. Je suis quelqu’un de complètement folle, il faut le dire (rires). Je n’ai généralement pas de mal à m’intégrer. C’était vraiment bien la façon dont j’ai été accueillie, le club aussi, les gens, ils ont vraiment le coeur sur la main.

Avais-tu eu le temps de parler avec le coach avant de signer ? Concernant ton temps de jeu, tu as d’abord débuté sur le banc avant d’être titulaire sur les derniers matchs, est-ce conforme à ce que tu attendais ?
J’avais appelé Guillermo (Naranjo Hernandez) pour connaître ses idées avec moi. Il m’avait expliqué comment était l’équipe, sachant que lui aussi venait tout juste d’arriver (il a été nommé début janvier, ndlr). Je le connaissais en tant que coach de Galatasaray. Concernant mon temps de jeu, c’est surtout une question de patience. J’arrive en plein milieu de saison, l’équipe est déjà formée, je ne peux pas arriver et “bouger” une joueuse comme cela. Mon intention est de jouer, et c’était l’intention de Guillermo aussi. Il faut que je sois patiente, mon moment va arriver. J’ai joué les deux derniers matchs en tant que titulaire et ça s’est bien passé. Les filles qui sont sur mon poste sont vraiment bonnes, il faut être patiente, je travaille et je serai prête. La concurrence est positive entre nous. Et la saison est encore longue, les matchs vont s’enchaîner, le coach va avoir besoin de tout le monde.

Pour le championnat, les playoffs ont débuté cette semaine (*). Le titre est-il l’objectif assumé ?
Oui ! Le club veut gagner le titre de champion, aller en finale de la Coupe de la CEV, et gagner la Coupe de Roumanie. Il y a vraiment de grandes ambitions ici. On travaille vraiment bien, on joue plutôt pas mal, mais Voluntari a l'air bien, surtout avec le retour de Caprara (l’ancien entraîneur, devenu directeur sportif, ndlr). Cela va être vraiment intéressant.
 
 
"Les JO avec les Bleues, c'était inoubliable"

Parlons de l’équipe de France pour finir. Tu as disputé les Jeux Olympiques l’été dernier avec les Bleues, quel souvenir gardes-tu de cette aventure ?
Les Jeux Olympiques, c’est l’accomplissement de tout athlète. C’est un rêve ! Je me rappelle que j’avais écrit JO 2024 sur la porte de ma chambre. Ce que je n’oublierai jamais, c’est notre première Marseillaise. On était 10 000 ou 11 000 dans la salle, et de savoir qu’il y avait ma famille dans les gradins, c’est inoubliable. En plus, même si on n’a pas pu gagner un match, les gens nous ont beaucoup soutenues. C’est rare. Parce qu’on reçoit fréquemment des messages négatifs, avec l’équipe de France féminine, où l'on nous dit qu’on n’a pas le niveau, par rapport aux garçons par exemple. Et là, même après des défaites, on a reçu énormément de messages positifs. C’était vraiment une expérience de dingue.

Et le Village olympique, les autres épreuves ?
Pendant notre période de compétition, on a vraiment fait en sorte de ne pas se disperser. Après, on a pu en profiter un peu plus, c’était top. J’ai pu voir la demie et la finale des garçons, la finale des filles.

Pour les Bleues, le gros changement après les JO, c’est l’arrivée de César Hernandez en tant que sélectionneur. C’était ton coach à Nantes, que peux-tu nous dire sur lui ?
Je vais le dire honnêtement, c’est le meilleur coach que j’ai pu avoir pour l’instant. C’est quelqu’un de vraiment humain, il fait vraiment attention à toi, à comment tu te sens en tant que personne. Ensuite, techniquement, il est vraiment fort. C’est un énorme bosseur. Sur son compte Instagram, il n’y a que des statistiques ! C’est un amoureux du volley. J’ai hâte de commencer avec lui. J’ai adoré travailler avec Emile Rousseaux, je pense qu’il a un petit peu “sauvé” l’équipe de France quand il est arrivé. Mais c’est toujours bien d’avoir de nouvelles idées, de nouvelles façons de penser le volley, et de jouer. Et même pour mes coéquipières de l’équipe de France, j’ai hâte qu’elles puissent s’entraîner avec César. C’est vraiment quelqu’un de bien, quelqu’un de travailleur.

L’été s’annonce chargé. As-tu eu le temps de regarder le calendrier ?
Je crois qu’on commence la préparation le 15 avril, pour celles qui auront fini avec leur club. Ensuite, on aura la VNL, avec des déplacements en Chine et au Japon. Et ensuite, pour la première fois, en tout cas pour moi, on va disputer le championnat du monde en Thaïlande (les Bleues n'ont plus participé à cette compétition depuis 1974, ndlr). C’est un été excitant.

L’objectif sera de rester sur l’élan positif qui était le vôtre avec Emile Rousseaux avant les JO ?
Sans doute, mais peut-être de façon un peu revisitée. Avec un nouveau coach, il peut y avoir de nouvelles attentes. Le connaissant, il va vouloir vraiment travailler techniquement avec nous. Il veut toujours le meilleur. Il va vouloir gagner le plus de matchs possibles. En VNL, il y a des rencontres où on pourra “matcher” avec l’adversaire, il voudra qu’on donne tout ce que l’on a. Franchement, j’ai hâte de commencer. Cela va être un long été, il va falloir être fort mentalement. Mais je suis vraiment pressée.

(*) L'entretien a été réalisé mercredi. Les playoffs du championnat roumain ont débuté jeudi avec une victoire d'Alba Blaj contre Targoviste (3-0). Amélie Rotar a terminé meilleure marqueuse de la rencontre avec 15 points, dont 4 blocs et 3 aces. Le match 2 de ces quarts de finale a lieu ce vendredi.