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(Miniature) Des souvenirs à vie et de belles promesses
Photo : World ParaVolley
05/09/2024
Des souvenirs à vie et de belles promesses
Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 se sont achevés mercredi à l’Arena Paris Nord pour les équipes de France féminine et masculine de volley assis, qui ont chacune pris la huitième place du tournoi. Cette grande première dans cette discipline encore très jeune en France, Bleues et Bleus ne sont pas près de l’oublier, tous étant persuadés qu’elle leur a permis d’accélérer leur progression et espérant qu’elle a suscité des vocations.
En l’espace de trois heures, de midi à 15h mercredi, les deux équipes de France de volley assis ont vu leurs Jeux Paralympiques de Paris 2024 se terminer de la même façon, par une défaite 3-0 (face à l’Ukraine pour les garçons, le Rwanda pour les filles) et une huitième place finale. Des résultats et classements anecdotiques pour deux sélections qui découvraient le très haut niveau, au regard de l’intensité de l’aventure humaine vécue pendant dix jours par les joueuses et joueurs, entre le village olympique et l’Arena Paris Nord, que toutes et tous avaient bien du mal à quitter.

Les larmes et les rires avaient d'ailleurs tendance à se mêler au moment de tirer le bilan de ce que la centrale Séverine Baillot qualifiait à juste titre "d’opportunité d’une vie". Ce qu’ils et elles retiendront des premiers Jeux Paralympiques de l’histoire des deux équipes de France ? Au moment de répondre, le sélectionneur des Bleus Dominique Duvivier, "épuisé", avait la gorge nouée et les yeux embués : "Une ambiance extraordinaire ! Je pense qu'il y a une semaine, beaucoup de gens ignoraient tout du volley assis, je suis fier de toute l’équipe, c’est beaucoup de bonheur."

Le réceptionneur/attaquant Thibaud Lefrançois ajoutait quant à lui : "Je retiendrai ce public qui nous a toujours soutenus et le village, incroyable, avec tous ces athlètes qui ont des parcours de dingue. J’ai aussi beaucoup aimé le fait que pendant ces Jeux, on a eu l'impression d'avoir inversé la norme : le handicap est en quelque sorte devenu la norme, ce qui n’est pas du tout le cas dans la société. Ça va être dur de revenir dans la vie de tous les jours, de descendre du nuage."

Les filles n’en finissaient pas non plus d’évoquer l’ambiance : "C’est juste fou d’entendre 4 000 personnes qui applaudissent quand tu marques ton point, le pied intégral ! s’exclamait ainsi Olivia Lanes. C’est vraiment l’ascenseur émotionnel, je pleure tout le temps. Il faut comprendre que ce qu’on a vécu, ce n’est pas notre monde, on n’est pas sportives de haut niveau.
 Là, on a découvert un univers incroyable, on avait tout le temps des étoiles dans les yeux, je manque de superlatifs pour raconter notre bonheur."

Toutes et tous exprimaient également leur fierté d’avoir fait découvrir le volley assis aux spectateurs et téléspectateurs. "Quand je disais que je faisais du volley, les gens pensaient que c’était en fauteuil, j’espère que le fait de nous voir a donné envie à des jeunes ou moins jeunes de rejoindre le volley assis, car on a besoin de plus de joueuses", confiait ainsi la capitaine tricolore, Jenna Agbodjan Prince, relayée par son entraîneur Yohann Escala : "Ces Jeux ont été un coup de projecteur incroyable sur notre sport, d’autant qu’on était la seule discipline collective féminine aux Jeux."

Même son de cloche du côté du capitaine des Bleus, Benjamin Lacroix-Desmazes : "Je pense qu’on a donné une bonne image de notre sport et j’espère qu’on va rallier encore beaucoup de gens, valides ou en situation de handicap, et surtout des jeunes, pour venir nous remplacer dans quelques années car on est quelques-uns de plus de 40 ans dans l’équipe, ce serait bien que la relève arrive et découvre que c’est un sport hyper ludique." Et Olivia Lanes d’ajouter : "Si dans dix ans ou plus, l’équipe de France gagne un titre avec des joueuses qui auront peut-être découvert le volley assis pendant ces Jeux, j’en pleurerai, je serai tellement fière, parce qu’on est les pionnières."

Des pionnières qui, comme les garçons d’ailleurs, n’ont pas l’intention dans l’immédiat de raccrocher, conscientes que les quatre affrontements qui leur ont été proposés pendant ce tournoi olympique face à ce qui se fait de mieux dans la discipline ne pouvaient que les faire progresser. "Je suis certain que ces Jeux vont nous permettre de faire un grand pas dans notre progression et que ça se verra dans les compétitions à venir, car quand tu joues de tels adversaires, tu es obligé d’élever ton niveau de jeu, confiait ainsi Dominique Duvivier, le coach des Bleus. Aujourd’hui, les scores de nos matchs ne sont pas forcément très différents d’il y a deux-trois ans, mais dans le contenu, ça n’a rien à voir. On sent que nos adversaires nous regardent les yeux dans les yeux, alors qu’il y a trois ans, ils ne nous calculaient même pas, c’est gratifiant pour les joueurs et pour le staff."

Et si le soufflé émotionnel va forcément retomber dans les prochains jours, le calendrier à venir va vite regonfler les énergies, avec une Silver Nations League pour les féminines et une Bronze Nations League pour les garçons, du 4 au 6 octobre à Prague, et un Championnat d’Europe B masculin en Turquie du 20 au 24 novembre. De quoi effectivement capitaliser sur ces Jeux inoubliables.