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(Miniature) Benjamin Toniutti : « On a envie de tout donner pour terminer sur le podium »
Photo : FFVolley
27/08/2023
Benjamin Toniutti : « On a envie de tout donner pour terminer sur le podium »
L’équipe de France est arrivée jeudi dernier à Tel-Aviv, où elle débute la phase de poules de l’EuroVolley 2023 mercredi par un affrontement face à l’adversaire a priori le plus costaud de la poule D, la Turquie. L’occasion d’échanger avec son capitaine et passeur, Benjamin Toniutti.
Vous avez atterri à Tel-Aviv jeudi dernier, Israël, c’est nouveau pour vous ?
Oui, pour beaucoup, c’est la première fois qu’on vient en Israël, on est super bien, on est dans un grand complexe hôtelier où nous avons tout sur place, la salle de muscu à 200 mètres, la salle d’entraînement également juste à côté, une piscine, tout est à proximité.
 On se sent bien ici, même s’il fait très très chaud, on va découvrir la salle de compétition la veille du premier match.

Avant de parler d’EuroVolley, revenons d’abord rapidement sur la Volleyball Nations League, était-ce pour vous une édition particulière, dans le sens où vous l’avez peut-être moins jouée à fond que les années précédentes ?
Je ne dirais pas que nous ne l’avons pas jouée à fond, à chaque édition, on se fixe comme objectif de décrocher une médaille, on a d’ailleurs réussi à se qualifier pour le Final 8. Après, c’est vrai que l’Euro était clairement l’objectif principal de la saison, on a fait un gros travail physique pendant toute la VNL, et depuis le début de la préparation de l’EuroVolley à Bordeaux, on a plus insisté sur la partie volley pour travailler les relations entre nous et notre force collective, c’est comme ça qu’on a remporté nos titres et nos médailles. Pour revenir à la VNL, je trouve qu’on a joué un peu trop en dents de scie, et c’est aussi valable pour nos récents matchs amicaux, on a eu un peu trop d’irrégularité dans nos résultats et pendant les matchs. On peut jouer très bien pendant dix points et avoir ensuite un trou, c’est sur quoi il faut qu’on travaille sur la première phase de poules de l’Euro, parce qu’on a envie de faire un bon Euro à moins d’un an des Jeux Olympiques.
 On a envie de tout donner pour terminer sur le podium, parce que depuis notre titre en 2015, on n’a pas réussi à le faire.

Comment l’expliques-tu ?
Chaque compétition est différente. On va dire que sur le dernier Euro, contre les Tchèques (élimination en huitièmes de finale), c’était peut-être compliqué d’enchaîner après l’euphorie des Jeux Olympiques, mais c’était une contre-performance, on n’a pas été à la hauteur. En 2019 chez nous, la demi-finale à Paris restera pour beaucoup d’entre nous gravée, parce qu’elle a fait très mal, d’autant qu’on avait fait un Euro parfait jusqu’à Paris, on avait même fait un bon match contre la Serbie, mais on a trop mal démarré le tie-break. Après, il y a eu un Euro 2017 en Pologne où on fait une autre contre-performance, encore contre la République tchèque (élimination en barrage pour les quarts de finale), on n’a pas été au rendez-vous sur ces matchs décisifs.

Comme il y a deux ans, vous avez une poule a priori « facile », n’est-ce finalement pas un piège, comme en 2021, au moment d’aborder la phase à élimination directe ?
Ce n’est pas écrit, ce n’est pas parce qu’on aurait gagné à l’arrach’ les matchs en Estonie qu’on aurait ensuite battu les Tchèques et ça ne va pas forcément se reproduire cette année. On n’avait pas trop utilisé d’énergie lors du premier tour, on se sentait bien physiquement, on jouait bien, après, on a manqué notre match contre la République tchèque qui a très bien joué, à ce niveau-là, contre des équipes qui ont vraiment envie de te battre au regard de ton statut, ça ne pardonne pas. Ce premier tour va être à mon avis important pour essayer de gommer les petits problèmes d’inconstance dont je te parlais, il faut essayer de ne pas avoir de trous d’air et de gagner cette poule, même si on sait que la Turquie arrive en pleine euphorie, parce qu’ils ont tout gagné cet été (une seule défaite en poule de la Golden League européenne qu'ils ont gagnée, puis victoire en Challenger Cup, synonyme de qualification pour la Volleyball Nations League 2024), même les matchs amicaux, puisqu’ils ont battu la Serbie deux fois. On s’attend à un premier match très dur.

Cette inconstance explique-t-elle vos résultats le week-end dernier lors du Memorial Wagner à Cracovie (deux défaites contre l’Italie et la Pologne, une victoire contre la Slovénie) ?
Le dernier match contre la Slovénie, il y a eu beaucoup de mieux. Après un premier set pas très bon, l’équipe a mieux joué, on a retrouvé cette insouciance et cette folie qui font note force, avec beaucoup de défenses. Sur les deux premiers matchs, ce n’est pas qu’on a été catastrophiques, mais face à des équipes comme la Pologne ou l’Italie, si tu ne joues pas à un certain niveau pendant tout le match, tu le paies cash. Tu ne peux pas te permettre d’être inconstant contre des équipes comme ça, parce qu’elles ne te laissent pas le choix.

"Je suis à 100% à la disposition
de l’équipe pour ce début d’Euro"

Comment vois-tu ce premier match face à la Turquie ?
Ça va nous mettre directement dans la compétition, on sait qu’il faudra bien jouer pour gagner. C’est une équipe qui a un super pointu qui sort d’une saison incroyable à Modène (Adis Lagumdzija) et va jouer à la Lube, un passeur avec beaucoup d’expérience (Arslan Eksi), des centraux qui jouent dans les meilleurs clubs turcs qui font partie des meilleurs clubs européens, à Halkbank Ankara et Ziraat…

Estimes-tu que l’équipe de France a les armes pour aller chercher une médaille, voire le titre, sur cet EuroVolley ?
Je pense que le tournoi Wagner a clairement montré que les trois équipes que nous avons affrontées veulent aller à Rome (où se disputeront demi-finales et finales), ce sont clairement les favoris de cet EuroVolley. Nous, on n’est pas loin, c’est en tout cas évident que si on veut décrocher une médaille, il faudra se hisser au niveau de ces équipes. Ce qui nécessitera d’être stables dans notre jeu et conscients que si on a des moments d’absence, on aura du mal à les battre. Maintenant, il y a un énorme parcours à faire avant d’arriver à Rome, notre objectif va être d’augmenter notre niveau de jeu au fur et à mesure des matchs pour engranger de la confiance au moment de jouer les matchs couperets.

Earvin Ngapeth n’a pas encore joué cette saison, il est dans le groupe pour l’Euro, l’équipe de France sans lui est-elle différente ?
Oui, forcément. Il est effectivement dans le groupe depuis Bordeaux, le fait de l’avoir dans le groupe, même s’il n’est pas sur le terrain, c’est important pour nous car il apporte quelque chose dans la vie de tous les jours, dans l’énergie qu’il insuffle au groupe. Et même s’il ne sera peut-être pas prêt dès le début, on sait qu’on va avoir besoin de lui pendant cet Euro.

Et toi, comment te sens-tu au moment d’attaquer ton septième Championnat d’Europe ?
J’ai ressenti beaucoup de frustration la semaine dernière parce que je me suis fait une petite élongation la veille de partir au Tournoi Wagner, ce qui ne m’a pas permis de jouer. J’ai dû prendre mon mal en patience, mais j’ai refait une échographie de contrôle vendredi et tout va bien, je suis à 100% à la disposition de l’équipe pour ce début d’Euro. L’équipe de France fait partie de ma vie depuis presque quinze ans, je suis toujours dans le même état d’esprit, à savoir gagner le maximum de titres et de médailles sous le maillot bleu.

Te dis-tu que c’est peut-être ton dernier Euro ?
C’est sûr que c’est plus près d’être le dernier que le premier, mais je n’y pense pas trop, j’essaie de ne pas trop me projeter dans ce genre de réflexion. Et puis l’équipe de France n’appartient à personne, ni à Benjamin Toniutti, ni à Jenia (Grebennikov), ni à Earvin… Les joueurs doivent y aller avec beaucoup de détermination et de fierté de défendre les couleurs, c’est toujours dans cet état d’esprit que j’arrive en équipe de France. Je suis très heureux d’être sélectionné depuis autant de temps et je continuerai à donner le maximum pour continuer à gagner avec ce groupe, parce que ça fait partie des moments que chaque sportif a envie de vivre. J’ai personnellement vécu des émotions que je n’oublierai jamais, j’espère encore en vivre, la suite, on verra en temps voulu !

"Pour nous et pour le volley français,
on veut essayer de décrocher une médaille"

Dans la perspective des Jeux, cette EuroVolley a-t-il une importance particulière ?
Il a une importance dans le sens où il ne faut pas attendre les Jeux Olympiques pour être à fond, donc il est important dans le développement de l’équipe, on veut continuer à avancer dans notre préparation des Jeux. La plus grande erreur serait de se dire qu’on est déjà qualifiés pour les JO, donc on prend cet Euro un peu à la légère, non, au contraire, il faut jouer chaque match à fond et arriver au meilleur résultat possible, c’est comme ça qu’on se préparera le mieux aux jeux.

Une contre-performance pourrait-elle engendrer plus de pression en vue des Jeux ?
Non, quoi qu’il arrive, il y aura de la pression. Si on gagne l’Euro, on aura la pression de dire que la France est championne olympique, championne d’Europe et joue à domicile, donc il faut qu’elle gagne. Et à l’inverse, si on ne gagne pas, on dira qu’il y a de la pression, parce qu’il n’y a pas eu de résultat. On ne raisonne pas trop comme ça, pour nous et pour le volley français, on veut essayer de décrocher une médaille.

Finissons par ta situation en club, tu évolueras pour la troisième saison de suite à Jastrzebski Wegiel, c’était une volonté de ta part ?
J’avais signé pour deux ans avec une option pour une troisième année, le club m’a fait part en fin d’année dernière qu’il voulait continuer avec moi, ma décision a été prise assez rapidement. J’avais envie d’être dans une équipe et dans un championnat très compétitifs la saison précédant les Jeux Olympiques, avec un staff technique et médical au top, c’était important d’être dans les meilleures conditions possibles, physiques, techniques, mentales sur cette année. Il y avait aussi le fait que j’ai ma base de vie en Pologne, avec la naissance de la petite dernière, ça me donnait de la stabilité, donc j’ai aussi validé l’option.

En plus, tu vas pouvoir travailler les automatismes avec Jean Patry, qui va remplacer Stephen Boyer (parti à Rzeszow) à la pointe ?
Oui, c’est une super nouvelle, forcément, j’ai discuté avec lui sur ce choix, avec l’entraîneur aussi (Marcelo Mendez, également coach de l’équipe d’Argentine). Je suis super content qu’il vienne, ça va nous permettre de développer encore davantage une relation qu’on a déjà en équipe de France. Pour lui, c’est une nouvelle expérience, il arrive dans un club où il y a beaucoup d’attentes, dans une équipe qui veut garder son titre de champion de Pologne et veut aller loin en Ligue des champions, avec un super entraîneur. C’est bien pour lui et pour nous parce que Jean est un pointu de classe mondiale qui a montré ces dernières années qu’il est très important dans une équipe.


Les 14 joueurs retenus pour l'EuroVolley 2023 (entre parenthèses, clubs de la saison 2023/2024)

Libero : Jénia Grebennikov (Zénith Saint-Pétersbourg, RUS)
Passeurs : Benjamin Toniutti (Jastrzebski Wegiel, POL), Antoine Brizard (Piacenza, ITA)
Pointus : Jean Patry (Jastrzebski Wegiel, POL), Stephen Boyer (Rzeszow, POL)
Réceptionneurs-attaquants : Kévin Tillie (Varsovie, POL), Trévor Clévenot (Zawiercie, POL), Yacine Louati (Rzeszow, POL), Timothée Carle (Berlin, ALL), Earvin Ngapeth (Halkbank Ankara, TUR)
Centraux : Quentin Jouffroy (Le Plessis-Robinson, FRA), Daryl Bultor (Saint-Jean d'Illac, FRA), Barthélémy Chinenyeze (Lube Civitanova, ITA), Nicolas Le Goff (Montpellier, FRA)

Le staff : Andrea Giani (entraineur), Roberto Ciamarra (entraîneur adjoint), Loïc Geiler (entraineur adjoint), Pascal Foussard (manager), Josselin Laffond (médecin), Sébastien Viau et Romain Raullet (kinés), Laurent Lecina (préparateur physique), Paolo Perrone et Valentin Routeau (statisticiens)



Programme et résultats :

Poule D, Tel Aviv (Israël), heures françaises

Mercredi 30 août, 16h : Turquie /France
Jeudi 31 août, 16h : France/Portugal
Samedi 2 septembre, 19h30 : Israël/France
Lundi 4 septembre, 16h : France/Roumanie
Mardi 5 septembre, 16h : Grèce/France