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10/03/2023
L’interview bleue : Juliette Gelin
A 21 ans, Juliette Gelin dispute sa troisième saison professionnelle, sa deuxième avec Cannes qui vient de se qualifier pour la finale de la Coupe de France. L’occasion d’échanger avec la libéro internationale qui, l’été dernier, a dû faire une croix sur l’équipe de France pour se faire opérer d’une pubalgie.
Cannes a battu Venelles 3-2 mardi en demi-finale de la Coupe de France, peux-tu nous raconter ce match ?
Comme on s’y attendait, ça a été un match serré. Le scénario avait déjà été comme ça lors des deux matchs de Championnat qu’on avait joués contre Venelles, avec une équipe qui menait de deux sets et ça se terminait au tie-break, à chaque fois, ça avait tourné en leur faveur. Donc on savait que ça allait être une grosse bataille et que ce n’était pas parce qu’on gagnerait les deux premiers sets que le match serait plié. C’est exactement ce qui s’est passé, mais cette fois, au tie-break, contrairement aux deux derniers matchs, on a su trouver les ressources physiques et mentales pour aller chercher la victoire, c'est très positif.

A l’arrivée, ça fait une deuxième finale de Coupe consécutive pour Cannes (et une 26e en tout), quel souvenir gardes-tu de la dernière, perdue contre Le Cannet ? Et comment vois-tu cette finale face à Béziers ?
J’en garde un goût très amer, j’avoue que je ne l’ai toujours pas digérée. Souvent, quand tu disputes une première finale, tu es presque plus contente de vivre l’événement que d’essayer d’aller gagner, c’est un peu ce qui nous est arrivé. Là, on est prévenues, on y va clairement pour gagner. Béziers est la seule équipe avec Terville dans le Top 8 du Championnat qu’on n’a pas encore battue, donc on a envie de prendre notre revanche et d’aller au bout de nos capacités pour ramener cette Coupe. Malgré la saison qui se passe, je pense qu’on mérite de décrocher ce titre.

Cette finale arrive en effet dans une saison difficile en Championnat (Cannes est 7e), comment expliques-tu ces résultats ?
C’est difficile à expliquer, mais quand on voit notre parcours en Coupe par rapport à celui en Championnat, on peut peut-être penser qu’on est une équipe qui réagit mieux dans les matchs à pression, les matchs couperets. On a aussi eu des difficultés physiques cette saison, quand tu n’es pas au top physiquement, dans ce Championnat qui, chaque saison, est de plus en plus homogène, c’est difficile de gagner. Et il y a des matchs qui nous ont mis des coups derrière la tête, je pense justement à la première défaite contre Venelles, pareil pour celle contre Terville, où on mène 2-0 pour finalement perdre au tie-break, je pense aussi à la difficile victoire 3-2 contre Levallois… Ce sont des matchs qui nous ont marquées mentalement. Mais je suis quand même contente qu’on ait réussi à trouver ces ressources physiques et mentales en Coupe de France, on sent que cette Coupe, tout le monde la veut, tout le monde nous la demande aussi ! On a bien compris l’enjeu et dans notre équipe, beaucoup de joueuses aiment ce genre de match à quitte ou double.

Quand on évolue à Cannes, le club français le plus titré, ressent-on justement cette obligation de gagner des trophées ?
Oui, clairement. Et c’est aussi pour ça que j’avais choisi de venir à Cannes, je voulais découvrir ce qu’était cette pression, il y a toujours une attente de résultats au vu de l’histoire de ce club. C’est légitimement ce qu’on nous demande et on le sait quand on signe ! Si on ne veut pas de cette pression, on ne vient pas à Cannes.

Vous jouez samedi en Ligue A à Béziers pour une sorte de répétition de la finale de la Coupe, comment aborder ce match ?
C’est trop bien de les jouer maintenant ! Ça nous permettra d’avoir un match référence contre cette équipe, mais avec un peu moins de pression que celle qu’on aura en finale. Donc il faudra tout tenter, donner son maximum, pour ensuite faire le bilan et voir ce qu’il y a à bosser en vue de la finale. Ce serait bête de ne pas y aller à fond, il faut prendre toutes les informations qu’on peut sur cette équipe, essayer de les pousser dans leurs retranchements pour voir leurs éventuelles failles.

"J’ai hâte de retrouver l'équipe de France"

A titre individuel, comment vis-tu ta seconde saison à Cannes ?
C’est une saison vraiment particulière, parce que je suis revenue d’une opération pour une pubalgie en juillet dernier. La reprise a été difficile, tu as beau avoir toute la volonté du monde, le corps a besoin de temps pour se remettre d’une chirurgie comme ça. J’ai appris beaucoup de choses, d’autant que j’ai aussi attrapé une mononucléose en début de saison, j’ai eu un gros coup de mou, ça a été un vrai challenge de revenir. Maintenant, je me sens très bien dans ce club, je m’entends bien avec mes coéquipières, Carli (Snyder) est clairement un pilier de cette équipe, sur et en dehors du terrain, je suis aussi contente de me retrouver aussi avec Marie (Andriamaherizo) qui était avec moi à France Avenir 2024, je suis très bien entourée ici, je profite aussi de cette deuxième année pour me focaliser encore plus sur l’aspect mental et physique. Le fait d’avoir vécu ces mésaventures physiques m’a sans doute freinée pour mon développement technique, mais je suis persuadée que ça sera finalement un mal pour un bien et que j’aurai encore progressé cette saison.

Cette opération t’a aussi empêchée de retrouver les Bleues l’été dernier, as-tu suivi la saison internationale ?
Ce n’est jamais facile de suivre ça à distance, l’équipe de France me tient vraiment à cœur, c’était le premier été depuis que j’y suis où je n’ai pas joué, on s’est mis d’accord avec les coaches pour décider que ça ne servait à rien que je reste, car physiquement, je ne pouvais pas aider l’équipe. Mais je pense que ça m’a aussi fait du bien de couper, parce que j’étais un peu surmenée au sortir de ma saison avec Cannes, j’avais besoin de repos. Après, j’ai bien suivi les filles, je les ai vues à Montpellier où j’ai fait ma rééducation, j’ai pu voir le match contre les Turques. Maintenant, j’ai hâte de les retrouver et de pouvoir aider cette équipe de France au mieux de ma forme.

As-tu l’impression que cette équipe de France est dans son tableau de marche en vue de son grand objectif, les Jeux Olympiques de Paris 2024 ?
Oui, clairement. On a fait beaucoup de chemin depuis le lancement de ce projet et les deux prochaines saisons vont encore plus être bénéfiques dans notre progression, on voit que nombre de filles prennent de plus en plus de place dans leurs clubs respectifs, notamment celles à l’étranger, on sait que c’est par là que ça passe. Je pense qu’on a clairement des armes pour faire mal à nos adversaires.

Trois compétitions vous attendent cette année, entre la Golden League européenne, la Challenger Cup que la France accueille et est qualificative pour la Volleyball Nations League, puis l’Euro, as-tu des objectifs prioritaires ?
C’est difficile de mettre des priorités. Tous les matchs sont très importants pour le futur de l’équipe de France. Je pense notamment à la Challenger Cup qui peut effectivement nous permettre de jouer la VNL si on la gagne, c'est l'occasion d’atteindre le niveau auquel évoluent aujourd’hui les équipes les plus fortes, quelque part, tu entres dans le grand bain. L’Euro est tout aussi important, c’est une compétition qui, à moins d’un an des Jeux, nous permettra de nous mettre dans une configuration proche, avec des matchs de poule, puis des rencontres à élimination directe, c’est très important de disputer cette compétition.

Que peut, selon toi, aller chercher l’équipe de France sur ces Jeux Olympiques à Paris ?
Pourquoi pas une médaille ? Je pense que les JO, c’est vraiment une compétition à part, donc on ne sait jamais ce qui peut se passer. Tout le monde bosse depuis des années pour cet objectif, donc on peut s’autoriser à rêver du meilleur résultat possible. Maintenant, déjà sortir des poules serait une grosse marche pour l’équipe de France.