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20/02/2023
Antonin Rouzier : « Une nouvelle vie qui commence »
Blessé à la cheville récemment à l’entraînement avec son club du Plessis Robinson, Antonin Rouzier, 37 ans, a décidé de tirer un trait sur une carrière entamée à Toulouse, en 2004. Le pointu tricolore aux 243 sélections, MVP de l’Euro 2015 remporté par les Bleus, revient sur ce choix et ces presque 20 ans de volley professionnel.
Comment te sens-tu quelques jours après avoir pris la décision de mettre un terme à ta carrière professionnelle ?
Aujourd’hui, je ne me rends pas encore bien compte, je suis plutôt dans une phase où je me souviens de tous les événements que j’ai vécus dans ma carrière, toutes les anecdotes que j’ai pu avoir avec de grands joueurs, de l’équipe de France ou autres, je repense aussi à mes entraîneurs. Il y a donc un peu de nostalgie, c’est une page qui se tourne, mais comme ça fait deux ans que je prépare l’après-carrière, c’est aussi une nouvelle vie qui commence.

Comment as-tu pris cette décision ?
Elle est venue progressivement, mais elle a été forcément liée à la blessure grave qui m’est arrivée récemment sur un service à l’entraînement, je me suis sectionné deux ligaments de la cheville droite, ce qui va occasionner pas mal de temps de rééducation. Mais en début de saison, j’y pensais déjà, je sentais que mon corps commençait à me faire mal, j’avais plus de douleurs qu’avant, donc j’avais plus ou moins décidé que ce serait la dernière année.

Vas-tu te faire opérer ?
C’est une option, mais je n’ai pas encore décidé. En général, tu opères si tu veux continuer le haut niveau, ce qui n’est plus mon cas, je vais sans doute plus jouer au padel ou au golf qu’au volley (sourire).

Quand tu te retournes sur ta longue carrière, qu’as-tu envie de retenir en priorité ?
Qu’on a apporté avec l’équipe de France en 2015 les premiers titres de l’histoire du volley français. Avec ce doublé World League et Championnat d’Europe, on a marqué l’histoire. C’est vraiment ma plus grande fierté. Le moment le plus fort des deux est sans aucun doute le fait d’avoir gagné ce Championnat d’Europe et d’avoir été désigné MVP du tournoi. Je m’étais fixé comme objectif pour ma carrière de gagner un titre et d’être un des meilleurs joueurs européens et mondiaux, j’ai réussi à le faire cette année-là, je suis assez fier de ça.

Un an plus tard, tu as disputé les Jeux Olympiques à Rio, ta seule participation à cette compétition, qu’en garderas-tu ?
Un énorme regret, parce que je pense qu’on faisait partie des équipes favorites, mais on n’a pas su gérer cette première participation aux JO pour nous tous, on était un peu émerveillés par ce qui se passait autour de nous et on ne s’est pas suffisamment focalisés sur la compétition. A titre personnel, je pense avoir plus ou moins réussi ma compétition, mais ça restera un gros regret, d’autant que les trois premiers de notre poule ont terminé sur le podium olympique (Brésil, Italie, Etats-Unis). C’est la preuve que ce n’est pas passé loin.

Et en club, quels auront été les meilleurs moments de ta carrière ?
Le titre de champion de France avec Poitiers et Olivier Lecat en 2011. C’était très fort de remporter ce titre avec Nico Maréchal et d’autres joueurs que j’appréciais vraiment, l’ambiance avait été très bonne toute la saison entre nous, donc ça reste mon meilleur souvenir.

Tu as beaucoup voyagé, puisque tu as joué en Belgique, en Pologne, en Italie, en Turquie, en Russie, au Japon et au Qatar, as-tu apprécié ces expériences ?
Oui, même si, en toute honnêteté, j’aurais préféré jouer en France toute ma carrière car je suis très bien ici. Après, il y a forcément des considérations financières qui sont entrées en jeu. C’est malheureux mais on n’a pas en France des droits télé ni de partenaires privés pour mettre de l’argent, comme en Italie, en Pologne ou dans d’autres pays, parce que c’est un sport qui n’est pas assez vendeur. Maintenant, j’ai adoré voyager, j’ai connu plein de cultures différentes, auxquelles j’ai réussi à m’adapter, comme au Japon, en Sibérie ou en Turquie, j’ai rencontré des grands coaches, donc je n’en garde que du positif, ça ne peut que me servir pour plus tard.

Tu as terminé ta carrière au Plessis Robinson, que gardes-tu de cette dernière expérience professionnelle ?
Beaucoup de positif, je voudrais d’ailleurs remercier tout le club qui m’a suivi jusqu’au bout et m’a accompagné dans ma reconversion. J’ai de temps en temps raté des entraînements pour aller à mes cours ou dans le cabinet de gestion de patrimoine dans lequel je travaille aujourd’hui, je tiens à remercier l’entraîneur Cédric Logeais pour m’avoir permis de faire tout ça.

Quels ont été les entraîneurs qui t’ont marqué pendant toute ta carrière ?
André Patin, que je n’ai eu qu’un an à Asnières (2006/2007), je n’avais que 18 ans, mais il m’a vraiment marqué, c’est lui qui m’a permis d’exploser, j’ai fait une des meilleures années de ma carrière avec lui, c’était un formateur exceptionnel. Et bien entendu Laurent Tillie qui nous a fait gagner les premiers titres de l’équipe de France en nous laissant une liberté sur et en dehors du terrain assez exceptionnelle, qu’aucun manager dans le monde n’aurait pu accepter. C’est aussi grâce à ça qu’on a gagné.

Et les joueurs ?
Il y en a beaucoup, je ne pourrais pas tous les citer, mais j’ai adoré jouer avec Jenia Grebennikov, avec Pierre Pujol qui est un très bon pote, avec Earvin (Ngapeth) bien entendu, ça restera un honneur d’avoir joué et d’avoir gagné des titres avec lui, pareil pour Benjamin Toniutti, un des meilleurs passeurs du monde, qui m’a bien servi toutes ces années en équipe de France.

Parles-tu nous de ta reconversion : le volley, c’est fini ?
Pour l’instant, oui, mais s’il y a une opportunité un jour au sein de la Fédération pour moderniser le volley, pourquoi pas ? Mais dans l’immédiat, je travaille dans un cabinet de gestion de patrimoine à Paris qui a une belle réputation. Je vais essayer d’accompagner les sportifs au mieux, car pendant une carrière de haut niveau, ils n’ont pas le temps de s’occuper de leurs investissements. C’est quelque chose qui me passionne depuis tout petit, je savais que j’irais dans cette direction.

Tu as suivi une formation pour ça ?
Oui, un master de management que je termine en septembre prochain à l’EM Lyon, une des meilleures écoles de management en France, je vais aussi entamer une formation pour avoir mon diplôme de gestionnaire de patrimoine.

Tu continueras à aller voir des matchs de volley ou vas-tu couper un peu ?
Oui, bien sûr, on me verra toujours dans des gymnases pour regarder des matchs !