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(Miniature) L’interview bleue : Elliot Piquard-Melero
Photo : Jackson Cardoso
18/11/2022
L’interview bleue : Elliot Piquard-Melero
L’équipe de France masculine de volley sourd s’est réunie la semaine dernière à Vichy pour un stage qui regroupait également les sélections féminine et masculine de volley assis. L’occasion d’échanger avec le pointu tricolore Elliot Piquard-Melero, 21 ans, joueur de Villefranche-sur-Saône et étudiant en sciences de la biodiversité à Lyon.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours sportif et comment vous avez intégré l’équipe de France de volley sourd ?
J’en suis à ma douzième année de volley, j’ai débuté au club de Meximieux, près de Lyon, j’ai tout de suite compris que le volley me plaisait. J’ai du coup intégré un sports-études au lycée Louis-Armand, à Villefranche-sur-Saône, mais également le club de Villefranche-sur-Saône, où je joue toujours aujourd’hui. J’ai joué en Régionale, Pré-Nationale, et aujourd’hui, je joue en Nationale 2 à la pointe. A côté de ça, j’ai eu la chance de participer à plein de stages du comité du Rhône, j’ai participé aux Volleyades, j’ai fait un podium aux Championnat de France UNSS avec mon lycée. Quant à l’équipe de France de volley sourd, j’en ai entendu parler la première fois lors de ces Championnats de France UNSS, Frédéric Bigler, l’entraîneur de l’équipe de France, m’avait repéré, il m’avait présenté le projet, mais ça ne s’est pas fait tout de suite. Les choses sont vraiment devenues concrètes il y a deux ans, je suis retourné voir Fred pour reparler du projet, j’ai fait un premier stage qui s’est super bien passé et m’a permis d’intégrer l’effectif.

Comment s’est passée votre intégration ?
Il y avait déjà douze joueurs qui étaient installés et participaient aux stages depuis un petit moment, mais l’intégration s’est faite naturellement. En prévision, je m’étais beaucoup intéressé à la langue des signes (qu’il n’avait pas apprise, parce qu’il porte une prothèse auditive depuis son enfance), j’ai fait une semaine de découverte, je suis arrivé avec le langage d’un bébé (sourire), parce que c’est hyper dur, mais ça prouvait que je m’y intéressais, que j’avais envie de m’intégrer et que j’en voulais. Et d’un point de vue sportif, ça s’est aussi fait assez naturellement, je pense que j’ai apporté la fougue de ma jeunesse, parce que je fais partie des plus jeunes de l’équipe.

Quelles sont les spécificités du volley sourd ?
La principale différence avec ce que j’appellerais le volley « lambda », c’est la communication, qui va être plus visuelle qu’auditive, car il faut savoir que quand nous entrons sur le terrain, nous avons l’obligation formelle d’enlever nos aides auditives. Du coup, il y a pas mal de petites choses qui changent, notamment au niveau de l’arbitrage, l’arbitre, pour signaler une faute ou la fin d’un échange, peut agiter le filet, ou au niveau des temps morts qui sont signalés par des lumières sur les côtés du terrain. Pour ce qui est de notre communication en tant qu'équipe, ça passe par beaucoup de gestuelle. Par exemple, si un ballon arrive vers nous, on ouvre les deux bras pour signaler qu’on le prend. En fait, comme on est nés avec ce handicap auditif, ça vient assez naturellement, on n’a pas vraiment besoin de répéter ça à l’entraînement. On va plus travailler sur la technique et le collectif, comme dans le volley « lambda ».

A quelles compétitions avez-vous participé depuis ?
J’ai eu la chance de faire les Championnats du monde l’année dernière en Italie et les Deaflympics cette année au Brésil. Ça reste des souvenirs incroyables. Pour ma première grande compétition internationale, on finit à la quatrième place, mais je suis resté sur une petite déception personnelle au niveau de ce que j’ai pu proposer, je pense que c’était lié au stress. Quant aux Deaflympics, c’était incroyable ! Le Graal, la meilleure compétition à laquelle j’aie jamais participé, que ce soit au niveau de sa taille, de son organisation, des échanges que nous avons pu avoir avec les sportifs du monde entier. Ça s’est en plus soldé par un résultat historique pour le volley sourd français, à savoir une demi-finale et une petite finale de folie contre l’Italie, que nous perdons de très peu. Ce match restera à jamais ancré dans ma mémoire, c’était fou ! Quand j’y pense, j’ai encore le sourire aux lèvres…

Vous avez été réunis en stage la semaine dernière à Vichy, avec également les équipes de France de volley assis (voir les interviews), quel était l’objectif de ce stage ?
C’était un stage de rentrée, le premier depuis les Deaflympics. Donc l’objectif était de se retrouver, de reprendre nos marques ensemble et de travailler les points qui nous ont fait défaut lors des dernières compétitions. Nous avons aussi accueilli deux-trois nouveaux joueurs pour les tester, ça s’est bien passé.

Quels sont les grands objectifs à terme ?
Nous repartons sur un cycle qui aurait dû être de quatre ans, mais est de trois ans, dû au décalage des compétitions à cause du Covid.
 La première grande échéance sera les Championnats d’Europe en Turquie en juillet 2023, qualificatifs pour les Deaflympics, autant dire qu’il faudra bien préparer ce rendez-vous. L’année suivante, nous aurons les Championnats du monde au Japon, avec l’objectif de décrocher une médaille, puis les Deaflympics en 2025 à Tokyo, là encore, si on est qualifiés, on voudra aller chercher une médaille.