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11/11/2022
L’interview Bleue : Spéciale Volley Assis
Les équipes de France de volley assis sont en stage ce week-end à Vichy, en compagnie de l’équipe de France de volley sourd, pour poursuivre leur préparation pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. L’occasion de parler de cette discipline avec deux éléments des équipes de France de volley assis, Benjamin Pillerault et Karen Faimali-Meger.
Leur parcours vers l'équipe de France de volley assis :

Benjamin Pillerault : "J’ai suivi le programme La Relève, la première édition, en mars 2019. Suite à ça, Florian, du volley assis, était présent aux tests de détection, et m’a parlé de cette discipline. Je suis issu du sport collectif, donc je me suis dirigé vers le volley assis et vers le kayak. J’ai fait un essai à l’ECO, à Orléans, un premier stage, et ça m’a plu, j’ai vite « matché », et j’ai intégré l’équipe de France fin 2019. Le volley a pris le dessus sur le kayak, même si j’ai aussi intégré l’équipe de France de para-rafting, avec qui on a décroché une médaille d’argent et trois médailles d’argent aux championnats du monde l’année dernière. Mais ma priorité reste le volley, et le but c’est maintenant d’aller aux Jeux. Pour l’instant, je fais partie du groupe. J’espère faire partie de l’équipe pour les Jeux."

Karen Faimali-Meger : "Ça s’est fait grâce aux réseaux sociaux ! Un jour, je vois sur Facebook une publication sur le volley assis, que je ne connaissais absolument pas. J’ai trouvé ça sympa, j’ai mis un petit commentaire. Et très rapidement, j’ai reçu un coup de téléphone d’une personne qui m’a dit : « Votre profil nous intéresse, le club le plus près de chez vous est celui du Haillan, vous pouvez aller essayer et si ça vous plaît, on fera un stage découverte avec l’équipe de France. » J’ai essayé et j’ai accroché. Et j’ai rejoint l’équipe de France en stage en août 2021. Je n’avais pas fait de volley avant, à part au collège, comme tout le monde. Je suis partie de zéro. J’adorais le handball quand j’étais plus jeune. J’avais juste quelques notions de volley grâce aux matchs de l’équipe de France à la TV."

Les spécificités du volley assis :

Benjamin Pillerault : "La différence avec le volley debout, c’est qu’on a le droit le contrer le service. Et la règle principale, c’est d’avoir toujours au moins une fesse au sol quand on touche le ballon. Les joueurs valides qui débutent le para-volley ont du mal au début à anticiper tous les mouvements. Il faut d’abord se déplacer, avant de jouer le ballon. On ne peut pas se déplacer et préparer nos mains en même temps. Physiquement, je voyais bien de l’extérieur que ce sport allait faire travailler les abdos et les bras. Mais je ne pensais pas que ce serait aussi physique."

Karen Faimali-Meger :
"C’est assez intense, rapide, technique, et avec aussi de la stratégie. C’est vraiment intéressant ! Personnellement, ça me fait voir autre chose, moi qui suis monitrice d’équitation, je ne connaissais que mes chevaux et mes élèves. Et j’adore. C’est un sport qui est assez énorme, peut-être l’un des plus inclusifs. Au Haillan, on joue avec des valides, en mixte, avec des gens de tous âges. Et effectivement, certains valides ne savent pas quoi faire de leurs jambes au début. En plaisantant, on leur dit qu’on connaît de bons chirurgiens (rires)."

Le stage à Vichy :

Benjamin Pillerault : "Contrairement au volley valide, où ils ont déjà de bonnes structures avec leurs clubs professionnels, nous n’avons que quelques clubs, où il faut parfois trouver des créneaux. Le plus souvent, on s’entraîne individuellement. Moi je m’entraîne avec mon père, qui me fait travailler. Ces stages, une fois par mois, nous permettent de trouver nos repères au niveau collectif, et de continuer à travailler la technique avec les entraîneurs qui sont là. Ensuite les coachs nous disent de travailler certains aspects entre les stages, alors que les valides peuvent travailler toute l’année avec les staffs de leurs clubs. C’est pour cela qu’on fait régulièrement des stages. Dans l’équipe, il n’y a que deux joueurs qui pratiquaient le volley avant. On a plutôt des joueurs issus d’autres sports, avec de bonnes capacités physiques. Et cela fait trois ans que l’on travaille, notamment la gestuelle du volley assis, et même du volley classique."

Karen Faimali-Meger : "Le but est de travailler notre groupe en vue de Paris 2024. On a quatre jours de regroupement tous les mois, et on en fera un peu plus pendant l’été avec des stages de 10 jours. On est une dizaine de joueuses dans l’équipe, avec une nouvelle qui arrive à l’essai pour le stage de cette semaine. Sur ces stages, on travaille un peu tous les postes, réception, service, attaque, défense, on revoit un peu tout. Et cette semaine, on a l’équipe des Pays-Bas, qui nous avait accueillies pour un stage au mois d’août, et qui vient à Vichy. On pourra faire une opposition contre elles, et travailler ensemble. C’est toujours bien pour voir où on est, et voir nos axes de progression."

Leurs prochains objectifs, les Jeux Paralympiques 2024 :

Benjamin Pillerault : "On a disputé la Bronze Nations League cet été, et l’équipe a fait un tournoi à Prague. Le prochain objectif est le championnat d’Europe B, qui aura lieu à Rouen en décembre. C’est top d’avoir une compétition comme celle-ci en France avant les Jeux. C’est bien pour mettre en avant notre sport, qui n’est pas encore trop connu en France dans le handisport. On aura aussi notre public, nos familles, nos amis dans les tribunes. Les Jeux Paralympiques font rêver, on sera la première équipe de France de volley assis à les disputer, mais on pense d’abord à ce championnat d’Europe B, qui peut nous permettre d’intégrer le championnat d’Europe A pour faire plus de compétitions, et être le mieux préparés possible pour les Jeux. On veut aussi montrer qu’on est légitimes sportivement pour disputer ces Jeux. On veut aller aux Jeux pour aller le plus loin possible, se rapprocher au maximum du podium. La médaille serait un rêve, mais il y a des nations qui dominent, qui s’appuient sur de gros championnats avec des équipes où les joueurs sont ensemble depuis 10 ou 15 ans. On a rattrapé une partie de notre retard, mais il nous en manque encore un peu pour pouvoir accéder aux sommets."

Karen Faimali-Meger : "On jouera la Silver Nations League et les championnats d’Europe l’année prochaine. Cette année, on a déjà disputé la Silver Nations League. On a un peu progressé, on commence à gagner des sets, on n’a pas encore gagné de matchs mais ça ne va pas tarder je pense. Je trouve qu’on progresse, et on sait maintenant le travail qu’on doit faire. Nous sommes encore une jeune équipe, l’équipe n’existe que depuis quelques années. Nous sommes des pionnières ! Les Jeux Paralympiques ? C’est énorme, impressionnant, incroyable, fabuleux. Depuis mes 30 ans, j’avais des douleurs à cause d’un accident de travail. Cela ne fait que deux ans que je suis amputée, 15 ans jour pour jour après mon accident. Depuis mon amputation, je revis. Alors imaginer un jour faire les Jeux Paralympiques, ce n’était même pas possible d’en rêver."