Accueil >>
HOME
13/10/2022
L’interview bleue : Benjamin Diez
Après un bel été avec l’équipe de France, où il a profité de l’absence de Jenia Grebennikov pour obtenir plus de temps de jeu, Benjamin Diez a débuté la saison avec Tours. Le libéro international nous raconte ses premiers pas avec le TVB.
Dans quelle forme abordes-tu ce début de saison ?
Physiquement, ça va. On va dire que ce n’est pas encore la folie, mais c’est assez normal. Ici, on n’a pas encore fait les séances de muscu pour être en forme dès maintenant, on se prépare plutôt pour la période qui arrive. Les deux premiers matchs, on n’était pas au top physiquement.

As-tu bénéficié d’une petite coupure après le championnat du monde ?
Oui, j’ai eu une petite semaine de repos. C’était important, parce que quand tu sors d’un été aussi long, tu as besoin de couper un petit peu. C’était obligatoire.

As-tu vite pris tes marques à Tours ?
Oui, ça va ! Les mecs sont super sympas dans l’équipe. Pour nous, c’est un début de saison compliqué, parce que notre meilleur réceptionneur-attaquant est blessé depuis le début et n’est pas prêt de revenir, on a aussi un central qui vient de se faire opérer. Nicolas Maréchal est venu en joker mais il est déjà reparti (à Modène, ndlr). On bricole un peu. On a gagné 3-2 à Nice, on a perdu 3-0 à la maison contre Chaumont. Là, on va à Montpellier, qui est aussi une équipe qui a perdu en ce début de saison, donc c’est un match important. Mais on est encore en rodage, que ce soit physiquement ou dans le jeu.

Es-tu content de ton intégration dans l’équipe ?
Plusieurs joueurs étaient déjà là l’année dernière, l’intégration des nouveaux se passe bien. Les mecs sont intelligents, il n’y a pas de problème particulier, je prends mes marques petit à petit. C’est un club différent de ce que j’ai connu auparavant, donc il faut s’y faire aussi.

"A Tours, tu ne peux pas te permettre de perdre"

Tu as connu Cannes, Montpellier, Paris, des grands clubs français. Quelle est la différence avec Tours ?
Ici, tu ne peux pas te permettre de perdre. Avec le début de saison compliqué, les blessés, les défaites en match amical, on sentait que c’était déjà un petit peu tendu. Et on commence par perdre le premier match à la maison. Tu sens que, pour ce qui est de la pression des résultats, c’est un club complètement différent. A Montpellier, on jouait aussi le haut de tableau, mais ici, il y a encore plus d’attente. Tu dois vraiment gagner, on le ressent auprès des gens du club, mais je trouve ça normal.

Personnellement, tu remplaces Luke Perry, le meilleur libéro de Ligue A la saison passée. Ça met un peu de pression ?
Forcément, quand tu passes après un mec hyper fort, tu as envie d’être hyper fort aussi. Donc j’ai envie de bien faire, et je fais tout pour faire le mieux possible. Après, c’est le sport, parfois ça passe, parfois tu gagnes, parfois non. Donc je ne sais pas si c’est une pression, mais c’est clairement quelque chose qui motive.

Tes saisons avec Montpellier et Paris t’ont permis de progresser et de devenir une valeur sûre du championnat…
Je pense que c’est à Montpellier que j’ai le plus progressé. A Paris aussi, j’ai appris. Mais partout où tu passes, tu apprends toujours de chaque expérience, tu vois de nouvelles choses. Maintenant, j’en suis à six saisons de Ligue A, deux avec Cannes, deux avec Montpellier, deux avec Paris, on progresse forcément et on se sent de mieux en mieux sur le terrain.

Tu as 24 ans, tu ne te sens plus comme un jeune joueur ?
Non ! Surtout quand je me dis que je commence ma septième saison. 24 ans, c’est encore assez jeune, mais j’ai quand même engrangé pas mal d’expérience.

On demande souvent aux joueurs quel est l’objectif de leur club en début de saison. A Tours, c’est facile de répondre ?
Oui, ici, il n’y pas 50 000 objectifs, c’est de gagner. Cela fait un petit moment qu’ils n’ont pas gagné le championnat (depuis le doublé en 2018-2019, ndlr). L’année dernière, ils ont perdu les trois finales, championnat, Coupe de France, Coupe CEV, ils ont vraiment fait une super saison. Mais moi, si tu me dis qu’on fait une saison compliquée, avec des défaites ou des blessures, mais qu’à la fin on gagne un titre, je signe tout de suite.

Il y a la Ligue des champions, où vous avez hérité d’un groupe "ouvert" selon Pascal Foussard, avec un gros morceau et deux équipes qui semblent à votre portée…
Il y a la Lube, que tout le monde connaît, mais ensuite Roeselare je ne sais pas du tout ce que ça donne (le troisième adversaire sera un qualifié qui pourrait être Benfica, ndlr), mais je sais que c’est une équipe costaude. Ça peut être un groupe abordable, mais il faudra quand même être à un très bon niveau pour gagner. Roeselare, je ne pense pas que c’est une équipe où tu te dis que le match est gagné à 100%.

Jouer un gros morceau comme la Lube Civitanova, champion d’Italie en titre, c’est toujours sympa ?
Carrément, c’est pour ça qu’on joue, pour affronter les meilleures équipes du monde et les meilleurs joueurs du monde. C’est bien ! J’espère qu’on va réussir un bon match contre eux, même si on peut quand même se qualifier sans les battre.

Il y aura un certain Barthélémy Chinenyeze dans l’équipe d’en face...
Ça fait plaisir aussi quand il y a un pote dans l’équipe adverse. C’est vraiment cool, ce match va être une belle expérience. On espère gagner des matchs en Ligue des champions et se qualifier.

"Cet été, j’ai vraiment appris ce que c’était le niveau international"
 
Parlons un peu de l’équipe de France. As-tu digéré la déception de l’élimination en quarts de finale du Mondial ?
Ça restera toujours… Quand tu perds un match comme celui-là, à chaque fois que tu vas en parler, tu vas avoir un petit goût amer. Après, c’était quand même un bel été. Tu perds contre l’Italie, qui gagne ensuite le championnat du monde, donc tu te dis : "Si on avait gagné ce tie-break…" C’est le sport, c’est comme ça, tu ne peux pas gagner à chaque fois. On avait une belle opportunité, mais on a perdu contre les Italiens. Ça nous fait du bien d’avoir gagné la VNL avant, on se dit que sur l’été, on a gagné une compétition, ce n’est pas si évident que ça. Mais le championnat du monde… Le truc, c’est que le prochain n’est que dans quatre ans, que ce ne sera pas du tout la même équipe d’ici là. Certains mecs doivent se dire qu’ils ne seront peut-être plus là pour le prochain, et que c’était l’occasion ou jamais.

Avec le recul, sais-tu ce qui a manqué sur ce match contre l’Italie ?
Si on avait joué au même niveau que lors du Final 8 de la VNL, je pense qu’on aurait gagné. On n’a pas su très bien jouer, comme au match d’avant contre les Japonais. Avec le niveau de jeu du Final 8, on était au-dessus d’eux à mon avis. Là, on était dans le dur, on perd au tie-break. C’était à notre portée. Mais c’est difficile de garder un niveau de jeu très haut tout le temps, de ne jamais redescendre. C’est dur de réaliser ces performances.

En ce qui te concerne, c’était un été un peu spécial parce que tu as plus de temps de jeu avec l’absence de Jenia Grebennikov sur toute la phase de poules de la VNL. Comment l’as-tu vécu ?
Je pense que j’ai vraiment appris ce qu’était le niveau international. J’étais déjà venu l’été d’avant, mais j’avais très peu joué. Cette fois, de jouer des gros matchs comme j’ai pu le faire, c’est vraiment top pour l’expérience, pour mon volley à moi. Ça m’a fait voir beaucoup de choses, ça m’a mis dans des conditions de match où il y avait un gros enjeu. C’est bénéfique, j’ai eu du temps de jeu, j’en ai bien profité. Tu ne vis pas les choses de la même façon quand tu es sur le terrain ou quand tu sais que tu vas très peu jouer.

Tu avais l’habitude d’être titulaire en club, moins en sélection. Le niveau international, c’est vraiment une dimension à part ?
C’est clair. Déjà, rien que le fait de jouer avec des joueurs français, c’est vraiment cool. En plus, ce sont des potes. Et puis l’équipe de France, ce sont vraiment des matchs de plus haut niveau. C’était une très belle expérience, que du positif. Et même après quand Jenia est revenu, le fait d’être toujours dans le groupe et d’apporter tous les jours à l’entraînement, c’était important aussi. J’ai pris beaucoup de plaisir sur cet été. Même si c’était long, parfois, quand tu sors de là, tu es content d’avoir fait le boulot.