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(Miniature) L’interview bleue : Antoine Brizard
Photo: CEV
16/04/2021
L’interview bleue : Antoine Brizard
Après trois années en Pologne avec Varsovie, Antoine Brizard a découvert la Russie cette saison sous les couleurs du Zénith Saint-Pétersbourg. A la clé, une expérience enrichissante pour le passeur français, mais un peu frustrante, marquée notamment par trois défaites en finale (Coupe CEV, Coupe de Russie, Championnat) contre la même équipe, le Dinamo Moscou...
Antoine, quel sentiment domine quelques jours après cette défaite en finale du championnat russe contre le Dinamo Moscou (1-3) ?
C’est un peu difficile à dire… Mais, franchement, autant j’étais très amer et dépité après la finale de la Coupe de la CEV, là je sais quand même qu’on a fait un très beau parcours. On a eu une saison très compliquée, on n’a jamais pu avoir l’équipe au complet cette saison. Ça reste un très bel accomplissement. C’est ce qui reste, je sais qu’on a fait un super Final Six, c’est juste qu’on n’a jamais réussi à battre Moscou de la saison. Si je mets un peu la fierté de côté, je sais dire quand une équipe est meilleure que nous, et c’était le cas cette année.

Ce qui a pu manquer contre Moscou, c’est ce manque de vécu commun avec l’équipe au complet ?
C’est possible. Je pense surtout qu’ils nous ont ultra-dominé physiquement à chaque match. On a réussi à trouver des solutions, mais jamais à finir les sets. Sur une formule comme le Final Six, on a essayé de jouer avec Poletaev (pointu) mais il n’était pas prêt, Camejo (réceptionneur-attaquant) a été blessé pendant trois mois. On a eu des séquences de deux matchs en deux jours au Final Six, avec deux matchs de poule, puis l’enchaînement demi-finale – finale. Heureusement notre match de poule le plus important a été le premier, on a gagné contre Fakel, et le lendemain Camejo était cuit. Ensuite il a fait une super demi-finale, un match en cinq sets, et le lendemain il ne pouvait plus. C’est ça qui a pesé, physiquement on n’était pas tous prêts à jouer deux matchs d’affilée. On a toujours couru après la forme des uns et des autres cette saison.

Vous avez eu beaucoup de cas de Covid en début de saison, c’est ça ?
On l’a tous eu en début de saison. La préparation avait été un peu annulée par le Covid, en gros, mais ensuite ça s’est mis en route. C’est juste que Kliuka a été blessé pendant presque la moitié de l’année, il avait mal à l’épaule et ne pouvait pas attaquer ; ensuite Poletaev a eu mal au genou, puis au dos, puis au genou ; Camejo s’est fait opérer du ménisque en décembre, etc. On a eu beaucoup de blessures.

A titre personnel, comment juges-tu ta saison ?
J’ai eu des hauts et des bas, mais je pense que c’était très compliqué à gérer, en fonction des équipes que j’avais. En tant que passeur, c’était très difficile de savoir sur qui compter, à quel moment. C’est le vécu collectif, comme on l’évoquait, je ne savais jamais vraiment dans quel état de forme était chaque joueur, sur qui je pouvais m’appuyer. C’est un bon exemple avec Camejo qui était vraiment énorme la veille (18 points sur la demi-finale), alors qu’en finale je lui ai donné des ballons en début de match, et j’ai vu qu’il ne pouvait pas (4 points en finale). Donc c’était difficile pour moi, mais je pense que j’ai fait une bonne saison. Le coach était content, les dirigeants étaient contents. On m’a dit que c’était difficile de s’imposer pour une première saison en Russie, on fait trois finales, donc je pense que je peux être content de moi.

"A Saint-Pétersbourg, j'ai eu de la chance"

Il y a très peu d’étrangers dans les clubs russes, vous parlez quelle langue dans l’équipe ?
Ça c’est très compliqué. Ils parlent russe, il y en a quelques-uns qui parlent anglais. Mais au quotidien, c’est compliqué. Il faut toujours qu’il y ait quelqu’un, un anglophone pour traduire. Donc c’est difficile d’avoir des interactions avec les autres. C’est un peu frustrant.

C’est radicalement différent de la Pologne, qui est un championnat plus international ?
Complètement. Je pense que c’est le seul championnat en Europe où c’est comme ça, en tout cas pour les Français. En Italie, je ne suis pas sûr que les Italiens parlent tous très bien anglais, mais les Français apprennent vite l’italien. C’est plus facile.

Et la vie russe ? On dit que Saint-Pétersbourg est une très jolie ville…
Oui, c’était génial. J’ai eu de la chance en plus. Pour la vie de tous les jours, je pense que la Russie était le championnat où il fallait être, par rapport au Covid. On a très peu souffert du Covid, par rapport à d’autres. Tous les restaurants étaient ouverts, les bars aussi, les musées. A Saint-Pétersbourg, il y a normalement plein de touristes, mais pas cette année. J’ai pu faire plein de musées tranquillement. Saint-Pétersbourg, c’est vraiment bien, mais ça doit être une exception en Russie. J’ai visité des villes cette saison où je n’aimerais vraiment pas jouer (rires).

Le championnat en lui-même, c’était comment ? Il est considéré comme très physique…
Ah oui, c’est très physique, ce n’est pas une légende. Après je trouve qu’ils manquent dans l’ensemble de culture volley. C’est ce qui fait un peu la différence. En France, au niveau international, quand on joue des grosses nations on a tous une grosse culture volley, dans le fond de jeu on est irréprochable. Ici, ce n’est vraiment pas leur priorité.
Et il y a une énorme différence entre les six équipes de tête et le reste du championnat. On joue des matchs qui sont inintéressants. En Pologne, il fallait être sérieux tous les week-ends. Ici… On a gagné un match en 59 minutes, ça ne m’était jamais arrivé.

Quelle est la suite pour toi ? Beaucoup de rumeurs t’envoient en Italie  que peux-tu dire là-dessus ?
Je peux dire que je vais partir de Saint-Pétersbourg, après je ne peux pas en dire plus. Les rumeurs ne sont pas infondées, mais je ne peux pas confirmer.

Mais on peut dire que l’Italie t’attire ?
Oui, bien sûr. C’est le dernier grand championnat que je n’ai pas encore connu.

Maintenant, où en es-tu ? Tu as quelques jours de vacances avant de retrouver les Bleus ?
J’ai presque un mois, ce qui est exceptionnel. J’ai une semaine d’isolement, où j’en profite pour déconnecter, ne rien faire. Et je vais m’y remettre tranquillement à partir de la semaine prochaine.

"Le volley français m'a beaucoup manqué"

Pour parler de l’équipe de France, tu as forcément vu la nouvelle de la semaine, la nomination de Bernardinho comme sélectionneur après les J.O. de Tokyo ?
C’est une surprise ! C'est top ! C’est un entraîneur avec un palmarès monstrueux. Il sait ce que c’est que de gagner les Jeux Olympiques, il l’a fait dans son pays avec énormément de pression. Donc c’est une très bonne nouvelle, c’est très excitant. Même si on a tous plein d’interrogations, parce qu’on sait comment fonctionnaient les autres coachs qui étaient sur la liste, à peu près. Lui, on connaît son palmarès, on connaît moins sa façon de fonctionner. Mais je le répète, c’est très excitant. Et c’est bien, à mon sens, que l’équipe de France se tourne vers un entraîneur étranger après avoir eu Laurent (Tillie) aussi longtemps, ça va nous apporter du changement.

Comment les joueurs ont réagi, vous en avez parlé entre vous ?
Pas encore ! J’avais vu Earvin (Ngapeth) pendant la saison, j’avais vu « Totti » (Benjamin Toniutti), on discutait des noms qui circulaient. On parlait du fait d’avoir un entraîneur étranger, ou non. Mais on n’a jamais parlé de Bernardinho. Et pour l’instant, on parle surtout de la reprise, de la préparation des Jeux avec Laurent. C’est une énorme nouvelle pour le volley français, mais on est surtout « focus » sur les évènements à venir, sur la reprise, car cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vus.

Et l’été s’annonce chargé…
On appréhende un peu la bulle sanitaire pour la VNL, on ne sait pas trop comment ça va se passer, on est dans le flou. C’est très bien que cela arrive après une telle période, où on s’est très peu vus. Si c’était arrivé à la fin d’un été, on aurait un peu pété les plombs (rires). En tout cas moi je suis très content de retrouver tout le monde, que ce soit humainement parce qu’on est tous proches, et sportivement parce que le volley français m’a beaucoup manqué cette année.