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(Miniature) L'interview bleue : Jean Patry
Photo : legavolley.it
13/11/2020
L'interview bleue : Jean Patry
Auteur d’une première saison réussie en Italie sous les couleurs de Top Volley Latina, Jean Patry a franchi un nouveau palier en signant l’été dernier à Milan, qui réussit de très bons débuts en SuperLega. Le pointu de l’équipe de France, 23 ans, répond à L’Interview bleue de la semaine.
Quelle est la situation sanitaire en Italie aujourd’hui ?
C’est un peu compliqué, la pandémie repart bien, comme en France, il y a une deuxième vague, donc un couvre-feu, comme un confinement, même si je trouve qu’il n’est pas très bien respecté, il y a encore beaucoup de monde dans les rues. Au niveau du volley, nous continuons à être testés toutes les semaines, et à partir du moment où une équipe a plus de trois cas positifs, elle ne peut pas jouer. C’est arrivé à toutes les équipes lors de la dernière journée, nous sommes les seuls à avoir pu jouer avec Padova et là, nous sommes en attente de connaître les tests de Trentino pour savoir si on peut les jouer ce week-end. Donc c’est un peu une situation inédite, que l’on vit au jour le jour. Et de nouveau, on joue à huis clos, on avait commencé la saison comme ça, ensuite on avait eu une dérogation pour 700 personnes, puis 200, on est repassés à des salles vides, ce n’est pas une super saison pour le côté divertissant et spectaculaire du volley, mais on savait qu’elle allait être particulière, donc on s’adapte, il y aura certainement des jours meilleurs.

Vous avez donc été épargnés dans l’équipe ?
Oui, pour le moment, nous n’avons pas eu de cas positifs, ce qui est étonnant d’ailleurs, parce qu’il y a beaucoup de cas à Milan et que c’est là que, l’an dernier, tout s’est déclenché, l’équipe avait été la première touchée, tout le monde avait eu le Covid. Là, ce n’est pas le cas, on croise les doigts, je pense que le fait de bien respecter les consignes et le confinement en dehors des entraînements, ça joue beaucoup.

Tu es arrivé à Milan l’été dernier, comment s’est passée l’adaptation à ce nouveau club ?
On a commencé en juillet par un stage de cohésion qui s’est super bien passé, ça a été un peu spécial parce que, comme tout le monde, ça faisait longtemps que je n’avais pas touché le ballon, j’attendais de voir ce que ça allait donner physiquement et techniquement. Et au final, j’ai été assez étonné, ça s’est très bien déroulé, en dehors de petits pépins physiques dus à l’arrêt prolongé, mais j’ai réussi à fixer tout ça. Et puis l’intégration au sein de l’équipe a été super, on a vraiment un très bon collectif, tout le monde s’entend très bien, on va tous dans le même sens, c’est vraiment génial de s’entraîner tous les jours au sein de ce collectif. Et quand je parle de collectif, j’intègre aussi le staff qui facilite vraiment cette ambiance. L’entraîneur (Roberto Piazza) est quelqu’un qui met tout le temps beaucoup d’énergie à l’entraînement, il aime que les joueurs soient contents de venir s’entraîner.

Quelles sont les forces de l’équipe ?
C’est vraiment l’équipe en elle-même. On l’a vu à plusieurs reprises, on est une équipe qui ne lâche rien, on est souvent allés chercher des sets importants alors qu’on était menés, on a réussi à se remobiliser dans des matchs mal embarqués… Après, individuellement, on a des grosses forces comme Yuki Ishikawa, qui est très bon et donne beaucoup de dynamisme à l’aile en 4, mais je pourrais citer tous les joueurs et c’est surtout sur le collectif qu’on peut compter, sur cet état d’esprit de ne jamais rien lâcher.

"Globalement, je suis satisfait de mes prestations"

Comment juges-tu ton début de saison ?
Je sors d’un match contre Padova un peu plus compliqué, mais je suis plutôt content, je travaille bien avec l’entraîneur, avec le passeur
(Riccardo Sbertoli) pour qu’on se règle, je pense qu’on n’a pas encore trouvé notre meilleur jeu ensemble, mais je suis très confiant pour la suite. Globalement, je suis satisfait de mes prestations, ce n’était pas facile, parce que c’est une grosse étape de passer d’une équipe jouant plutôt le bas de tableau à une qui joue plus le haut de tableau, qui est aussi une équipe pensée autrement avec une distribution différente. A Latina l’année dernière, j’étais le meilleur marqueur de l’équipe, celui qui avait le plus de ballons, là, c’est un peu différent, le jeu est un peu plus réparti entre les joueurs. Il faut que je m’y fasse, mais je suis serein.

On imagine que tu es aussi content du début de saison de Milan, troisième avec 6 victoires pour 2 défaites, quels sont les objectifs du club ?
Ce sont toujours les mêmes, gagner le plus possible. On s’est qualifiés en début de saison pour les quarts de finale de la Coupe d’Italie, qui est un objectif important, après, en championnat, c’est d’abord de se qualifier pour les playoffs, ensuite d’aller le plus loin possible. Je suis certain qu’on peut faire de belles choses cette saison. Pour l’instant, on essaie d’apprendre sur chaque match, de corriger les erreurs et d’avancer ensemble.

La hiérarchie semble évoluer un peu cette saison, avec, derrière Perugia et la Lube, une équipe de Modène un peu affaiblie par rapport à l’exercice précédent, Trentino qui a un peu manqué son début de saison, y a-t-il les moyens de jouer les trouble-fêtes ?
C’est possible, c’est vrai que les cartes ont été un peu redistribuées par le Covid qui a touché financièrement certains clubs. Nous, on va rester concentrés sur notre jeu, on verra plus tard, il nous reste quand même des gros matchs à venir, contre trois grosses équipes : Trentino, qui a fait un faux départ mais revient très fort, Piacenza, qui est un peu dans le même cas, et Perugia. Je pense qu’avant de faire un bilan sur ce qu’on peut faire, on va d’abord terminer cette phase aller.

"Le groupe France m'a manqué"

Entre Latina, une petite ville, et Milan, une des plus grandes d'Italie, ta vie quotidienne a-t-elle également changé ?
C’est vrai que ça change énormément, Latina était une petite ville où il n’y avait pas grand-chose à faire, et là, je suis sans doute dans la meilleure ville où vivre si l’on regarde toutes les équipes du championnat de volley. Je suis vraiment bien à Milan, j’ai un très bel appartement avec un jardin, je suis très content de la ville. C’est difficile d’en profiter au maximum avec les conditions sanitaires actuelles, mais j’ai quand même eu l’occasion de me promener ; quand c’était autorisé, je pouvais aller dans des restaurants, dans des bars, faire des sorties culturelles, comme visiter la cathédrale. Le fait de vivre dans une belle ville comme ça permet de faire d’autres choses que seulement du volley, de s’évader de temps en temps, c’est important, parce qu’on n’est pas des machines.

Tu dis que vous n’êtes pas des machines, l’été sans saison internationale que vous avez vécu, t’a-t-il permis de te régénérer un peu après plusieurs années très chargées ?
Dans la tête, oui, ça a fait du bien. Après physiquement, ça a mis un coup car nous sommes quand même habitués à faire du sport tous les jours à haute intensité et à haut niveau, une coupure comme ça de 3-4 mois, voire plus pour certains, fait vraiment mal, surtout qu’on n’est pas habitués à couper. Si on a deux semaines dans l’été, on a de la chance. Donc physiquement, c’était dur et je pense qu’il faut encore un petit moment pour retrouver toute l’énergie qu’on avait avant le confinement. Mais c’est clair que personnellement, j’ai pu rentrer à Montpellier voir ma famille, me poser, penser à autre chose qu’au volley, je n’avais plus l’habitude de faire ça.

L’équipe de France t’a-t-elle manqué ?
Oui, les étés en équipe de France manquent, surtout par rapport au groupe, moins par rapport aux matchs, parce qu’on en fait tellement dans l’année que ça fait aussi du bien de poser le cerveau, de ne pas être dans le stress de la compétition et dans les voyages en permanence. Mais le groupe m’a manqué, en équipe de France, on est tous potes, on est toujours contents de se retrouver.

Es-tu inquiet quant à la tenue des Jeux Olympiques l’été prochain ?
Je n’ai pas vraiment suivi ça, on entend dire des choses ici ou là, rien n’est sûr aujourd’hui, donc ça ne sert à rien d’envisager quoi que ce soit. En tout cas, j’espère bien qu’ils auront lieu, parce que pour un sportif de haut niveau, c’est génial à vivre. Après, la situation sanitaire est la plus importante. Mais si c’est pour faire des JO à huis clos avec des mesures hyper strictes, est-ce que ça vaut vraiment le coup ? Les JO, c’est une fête, un rendez-vous où le monde entier se retrouve pour partager le sport, si personne ne peut aller dans les salles et participer à cette fête, on peut se poser la question de l’intérêt de les faire coûte que coûte.