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(Miniature) L'Interview bleue : Isaline Sager-Weider
Photo : FFVolley
19/05/2020
L'Interview bleue : Isaline Sager-Weider
Après deux années au Stade Français, dont une perturbée par une blessure au genou droit, Isaline Sager-Weider s’est engagée pour la saison prochaine à Cannes. La centrale de 31 ans commente ce transfert et confie sa hâte de retrouver l’équipe de France dans L’Interview bleue de la semaine.
Que ressens-tu après ta signature à Cannes ?
Je suis ravie. Je vais bientôt avoir 32 ans, pour quelqu’un de ma génération - et pas seulement - Cannes est un club dont on rêve, le plus titré de France. De plus, je sors d’une blessure aux croisés, j’ai beaucoup travaillé pour reprendre, malheureusement, la fin de saison a été un peu trop courte, parce que je commençais à bien me sentir le dernier mois, donc c’est vraiment super d’avoir ce nouveau challenge qui s’ouvre à moi. Je n’ai jamais travaillé avec des coachs italiens, ça va être le cas (Filippo Schiavo a succédé à Riccardo Marchesi), je suis très contente. D’autant plus que je suis dans un processus de formation au métier d’entraîneur, ça va me permettre d’apprendre de nouvelles choses, une culture différente, une autre mentalité d’entraînement. Et je ne veux pas finir ma carrière sans avoir un titre ! Pendant cinq ans à Mulhouse, on était toujours derrière Cannes, maintenant que je suis à Cannes, j’y crois encore, je suis donc ravie de cette opportunité.

Revenons sur ta blessure, survenue en février 2019 avec le Stade Français-Paris-Saint-Cloud, cela a été long pour toi de revenir ?
L’acceptation, déjà, a été longue : il a fallu attendre un mois et demi avant que je me fasse opérer, parce que mon genou avait décidé de ne pas dégonfler, je pense que ma tête n’avait pas accepté la blessure. Ensuite, une fois opérée, je suis partie un mois à Capbreton, c’était très dur mentalement, parce que j’étais dans une salle avec des sportifs de haut niveau qui étaient quasiment tous en processus de réathlétisation, alors que de mon côté, je ne pouvais rien faire. Je suis ensuite rentrée en Alsace jusqu’en août, j’ai travaillé dans un super centre à Strasbourg avec un top kiné qui s’occupe depuis vingt ans de l’équipe de foot du Racing Club de Strasbourg. Après, je suis retournée à Capbreton pour la réathlétisation, là, j’ai pris une claque parce que je pensais reprendre assez vite, mais finalement les tests n’étaient pas assez bons. En rentrant à Paris j’ai travaillé avec le préparateur physique du club, j’ai commencé à me rapprocher peu à peu du terrain et à toucher un peu le ballon, c’était important pour moi de rester en contact avec l’équipe. Et en décembre, je suis allée une dernière fois à Capbreton une quinzaine de jours pour le dernier coup de boost avant la fin de mon arrêt de travail, j’ai repris avec tout le monde et le rythme ordinaire le 2 janvier.

As-tu trouvé de quoi t’occuper en parallèle de cette rééducation ?
Oui, pendant toute cette période, j’ai fait en sorte que cette année soit bien remplie, je me suis remise à fond dans ma formation d’entraîneur en suivant les modules organisés par la Fédération en vue de l’obtention du dernier niveau d’entraîneur, DEE1 et DEE2. Ça m’a vraiment plu, parce que j’ai rencontré une autre équipe, on était tout un petit groupe de jeunes entraîneurs en formation, on se retrouvait en moyenne tous les mois et demi. J’ai croisé des personnes formidables qui m’ont beaucoup apporté. Comme il faut aussi faire des stages, Emile Rousseaux m’a en plus proposé en août dernier de venir faire un stage d’une semaine avec l’équipe de France, juste avant que les filles ne partent au Championnat d’Europe, c’était chouette d’être de l’autre côté de la barrière. J’ai aussi travaillé dans des camps d’été comme entraîneur.

Comment s’est passée la reprise en janvier dernier avec le Stade Français ?
C’était un double challenge, à la fois pour moi et pour l’équipe, qui, avant la reprise en janvier et avant qu’Alexandra Dascalu ne revienne, était dans une situation très compliquée. Mais je pense que ça a donné un peu d’air au niveau de l’atmosphère autour du groupe, et ça s’est super bien passé, on a réussi toutes à se reconnecter, on a bien travaillé sur l’esprit d’équipe avec Alex, on a commencé à regagner quelques matchs et on était sur une bonne dynamique en mars avant que tout ne s’arrête.

As-tu vu venir cet arrêt ?
Oui, parce que comme ma famille vit en Alsace, j’ai eu des proches qui ont été touchés : mon grand-père a été hospitalisé, ma mère et mon beau-père ont été malades, mon petit frère et ma demi-sœur plus légèrement. Donc au club, on avait déjà commencé à faire les gestes barrières avant l’annonce du confinement, on a toutes pris conscience de l’ampleur du virus. Le jeudi avant le week-end du Final Four de la Coupe de France, après l’annonce du report, j’ai invité les filles chez moi, on a passé une très bonne soirée, mais on ne savait pas que c’était la dernière fois qu’on se voyait.

"Je ne refuserai jamais une sélection"

Et comment s’est passé le confinement, as-tu continué à t’entretenir physiquement ?
Comme je ne pouvais pas retourner en Alsace parce que ma famille était malade et que je me voyais mal rester à Paris, j’ai juste eu le temps de partir dans le Sud-Ouest où je suis toujours. J’attends que la situation se calme un peu pour remonter. Pour ce qui est de l’entretien, oui, je me suis entraînée tous les jours et je continue, ne serait-ce que parce que pour dormir, j’ai besoin de me dépenser, et parce que ça donne un rythme aux journées. J’ai pu commander du matériel, des élastiques, une corde à sauter, un TRX. Le staff de l’équipe de France nous a envoyé un programme d’une dizaine de séances, histoire de varier un peu, et de temps en temps, on coupe ça avec des challenges qu’on se lance sur les réseaux sociaux : par exemple avec Juliette Fidon, on s’est fait un petit challenge 1000 abdos en visio il n’y a pas longtemps ! Maintenant, ce qui est compliqué, c’est qu’on s’entretient, mais sans savoir pourquoi et pour quand, parce qu’on n’a pas de visibilité sur la reprise, que ce soit en club ou avec l’équipe de France.

Parlons justement de l’équipe de France : après la saison blanche que tu as vécue l’an dernier, on imagine que tu avais une grosse envie de revenir dans le groupe ?
Oui, et cette envie est toujours aussi forte. J’ai beaucoup discuté avec Emile et je lui ai dit que, quels que soient ses choix à court terme ou en vue de 2024, je serais toujours là s’il y avait besoin. On a une relation assez transparente, je sais que s’il m’appelle, il me dira ce qu’il attend de moi, j’irai complètement dans le sens de ce qu’il souhaite en fonction de son projet. Ce qui est certain, c’est que je ne refuserai jamais une sélection et je garde espoir que les qualifications pour le Championnat d’Europe 2021 puissent avoir lieu cet été. Je me suis blessée juste après les qualifs de l’Euro 2019, quelque part, j’ai envie de conjurer le sort en participant à celles de 2021.

Quel regard portes-tu sur l’évolution de cette équipe de France depuis deux-trois ans ?
Je pense qu’il y a vraiment une génération hyper intéressante qui arrivera à l’âge théorique de super performance, à savoir 26-27 ans, pour les Jeux de Paris 2024. On voit depuis un ou deux ans une réelle volonté pour les meilleures de partir à l’étranger, et pour celles qui ne sont pas titulaires en Ligue A de jouer en DEF pour avoir du temps de jeu dans des clubs qui visent la montée. Emile a mis un coup de pied dans la fourmilière sur le sujet en demandant aux joueuses de prendre le risque de partir pour jouer, alors qu’il n’y a pas si longtemps, il y en avait encore pas mal qui n’étaient pas titulaires dans leur club. Le message a été compris et on sent une évolution, je pense qu’on n’avait jamais vu autant de joueuses partir à l’étranger. Maintenant, il faut que tout le monde aille dans le même sens et fasse preuve de la même envie. Je pense, et j’espère, que cette période de pause a créé un manque de volley et va redonner un sursaut d’énergie et de motivation à tout le groupe pour qu’il continue à progresser.