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01/09/2020
L'interview bleue: Julien Lyneel
Après deux ans en Pologne, sous les couleurs de Jastrzebski Wegiel, Julien Lyneel est toujours sans contrat pour la saison prochaine. Pas un problème pour le gaucher tricolore, qui en profite pour récupérer physiquement, lui qui a enchaîné les blessures depuis le championnat d'Europe.
Julien, c’est le moment de prendre de tes nouvelles. Où est-ce que tu en es après la fin de ton aventure en Pologne ? As-tu trouvé un club pour la saison prochaine ?
Non, je n’ai signé avec personne ! Je suis toujours un petit peu en attente. J’essaye de me remettre bien physiquement, j’attends aussi d’avoir de meilleures opportunités sur la fin du mercato, pour signer quelque chose qui me correspond mieux. Donc je suis toujours en attente.

Tu as évidemment eu quelques propositions, c’est toi qui prends ton temps avant de choisir un club ?
Oui, j’ai eu quelques contacts. Déjà, au début du confinement, avec tout qu’il s’est passé c’était un petit peu flou. Je n’avais pas envie de me précipiter, et pour plusieurs raisons. On ne savait pas quelle allait être l’issue de ce coronavirus, on ne savait pas trop ce qui allait se passer. Même si on allait pouvoir retourner en club, on ne savait pas trop dans quelles conditions. Donc j’ai préféré prendre du temps, déjà pour me ressourcer. Cela fait 15 ans que je n’avais pas eu autant de vacances, donc ça me fait beaucoup de bien ! Et en plus, j’ai pu régler quelques problèmes physiques. Après le championnat d’Europe, on m’a fait reprendre trop tôt, et j’en ai payé le prix pendant la saison.

On imagine que la situation sanitaire doit aussi avoir des répercussions sur le mercato…
Oui, j’ai eu quelques propositions, mais pas comme je l’espérais. Ce n’est même pas une histoire d’argent au final… C’est vraiment moi qui en profite pour me regénérer, pour faire une vraie coupure. Je ne suis pas à un ou deux mois près pour signer dans un club. L’aspect financier est important, bien sûr, je m’en rends compte. Mais mon but, c’est qu’au moment où je retourne sur le terrain, je sois prêt à tout casser. J’ai envie d’être bien dans mon corps.

Donc en ce moment, tu te prépares surtout physiquement ?
Cela fait un mois que je suis en rééducation pour mon genou. Ça me titillait un petit peu de ce côté-là. On essaie de se remettre bien musculairement, physiquement. Dès que je me sentirai prêt physiquement, j’irai peut-être m’entraîner avec un club. Et après, « banzaï ! ». Certainement à l’étranger, parce qu’en France ça paraît un peu plus compliqué, même si mon vœu à long terme est de revenir en France. On verra ! Je n’exclus rien. Je pense qu’avec cette grosse coupure, il risque d’y avoir des blessures dans certains clubs, et je pourrais arriver en tant que joker.

L’étranger, ce serait plutôt l’Europe ? Comme la situation ne prête pas forcément aux longs voyages…
Ah non, je ne ferme aucune porte. J’ai juste envie d’être dans une équipe compétitive. Avant les Jeux Olympiques de Tokyo, j’ai envie de faire une bonne saison, avec pas mal d’enjeux sportifs. Après, il faut voir. Si j’ai une très grosse proposition, je ne vais pas passer à côté. Je ne compte pas passer 10 ans de plus à l’étranger, donc je n’exclus rien. Mais ma priorité, c’est de bien bosser pour les Jeux.

"La deuxième année en Pologne a été compliquée"

Comment s’est passé le confinement pour toi ?
J’ai dû attendre qu’ils annoncent officiellement la fin du championnat (fin mars, ndlr) pour rentrer en France. Polsat, le diffuseur, voulait faire le maximum pour que ça reprenne, mais ils ont fini par annuler la saison. Dès qu’on a géré la situation avec le club, la fin de mon contrat, j’ai pu rentrer en France. J’ai pu passer du temps avec ma famille. J’ai une pensée pour toutes les personnes qui ont souffert pendant ce confinement, mais je dois dire que pour moi ça s’est bien passé.

C’est vrai que vous, les volleyeurs, vous êtes plus habitués aux cadences infernales, à enchaîner les saisons en club et les étés avec l’équipe de France…
Oui, je ne crache pas du tout dans la soupe, je me sens privilégié de pouvoir vivre de ma passion et de porter le maillot de l’équipe de France, mais c’est vrai qu’on a souvent des vacances assez courtes. On n’a pas le temps de couper, ça fait partie des sacrifices. Cette fois j'ai pu en profiter un petit peu…

Le bémol, c’est que ton aventure en Pologne s’est terminée plus tôt que prévu…
Je garde un très bon souvenir de mon passage au club. La première année a été très bonne, personnellement c’était l’une de mes meilleures saisons, c’était au top. Mais la deuxième année, on l’a mal gérée. Le retour du championnat d’Europe a été compliqué. Je m’étais fait cette blessure au mollet lors de la demi-finale contre les Serbes. Et le coach est un petit peu fautif, parce que je pense qu’il m’a fait redémarrer trop tôt. Moi, je me sentais bien, mais les délais étaient trop courts. Derrière, ça a de nouveau « pété », et l’année a été un peu compliquée. Je le regrette un peu, mais dans l’ensemble ça s’est très bien passé avec le club. Même sans tout ce qu’il s’est passé, je pense qu’ils voulaient partir sur autre chose, et moi aussi je ne voulais pas vraiment rester en Pologne. Donc l’issue n’aurait pas forcément été différente. J’aurais juste espéré une deuxième année plus riche et plus complète, mais ça a été coupé par le Covid. Voilà. Fin de l’histoire.

"Les Jeux ? J'espère que tout va bien se passer"


Tu l’as dit un peu plus tôt, le gros enjeu de cette saison, ce sont les Jeux Olympiques, reportés d’un an. La différence avec l’année dernière à la même époque, c’est que cette fois vous être sûrs d’être qualifiés…
C’est clair, on est vraiment en attente par rapport aux Jeux. Il faut voir comment ça va se passer avec le virus, on espère qu’il n’y aura pas de souci. Après, il faut s’attendre à des J.O. dans des conditions particulières. J’espère que tout va bien se passer. A nous, individuellement, de bien nous préparer dans nos clubs…

Tu as eu des contacts avec le staff ces derniers temps ?
J’ai eu Laurent (Tillie) cet été à deux reprises, et je l’ai vu aussi à Montpellier, quand on faisait des séances de ‘’muscu’’ avec Nicolas (Le Goff), Jean (Patry) et Benjamin (Toniutti). Après, c’est la fin des vacances, le début de la préparation, tout le monde est dans son club. Il n’y a pas vraiment d’échéances qui arrivent pour nous. J’imagine que Laurent prendra des nouvelles au fur et à mesure de la saison.

Et c’est peut-être un peu tôt pour avoir la tête aux Jeux Olympiques, et parler de votre objectif de médaille…
Oui, même si on y pense, même si c’est dans un coin de notre tête, les Jeux sont encore loin. Tout le monde est concentré sur son club, sur le fait de bien démarrer la saison, de bien se préparer physiquement, sans blessure. Les Jeux vont arriver tout doucement, mais il ne faut pas se projeter trop vite, se mettre trop de pression en pensant à nos chances, au podium. Je pense que c’est l’erreur qu’on a fait à Rio -je n’y étais pas mais je dis « on » pour l’équipe de France-, inconsciemment. Ça va nous servir d’expérience. Il faudra arriver à Tokyo avec le couteau entre les dents, mais en toute humilité.