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01/04/2020
L'Interview bleue : Alexia Richard
C’est depuis l’Australie où elles devaient disputer leur premier tournoi de l’année, finalement annulé, qu’Alexia Richard et Lézana Placette ont appris les mesures de confinement. Rentrées aussitôt en France, les deux joueuses de l’équipe de France de beach-volley se sont adaptées à la nouvelle donne, la première, qui fête vendredi ses 24 ans, explique dans L’Interview bleue de la semaine comment elle occupe son temps.
Comment avez-vous débuté cette période de confinement ?
Pour nous, ça a été assez particulier, parce que nous sommes parties en compétition en Australie (pour le World Tour 3 étoiles de Coolangatta). Une fois sur place, nous avons appris que la compétition était annulée et le même jour, nous avons appris les mesures de confinement en France. Le voyage aller avait déjà été compliqué, il avait fallu passer par Munich et Singapour, et au retour, ils nous ont fait passer par l’autre côté de la terre, nous avons eu le droit à un tour du monde complet sans pouvoir jouer. Nous sommes arrivées juste le mardi à midi, le premier jour du confinement, on nous a laissé le choix entre rentrer chez nous ou rester à Toulouse, j’ai décidé de rester à Toulouse, parce que compte tenu du fait qu’on avait beaucoup voyagé et qu’on était notamment passées par l’aéroport de Singapour où il y avait eu des cas quelques jours avant, j’ai préféré ne pas mettre ma mère en danger.

Et comment se passe ce confinement ?
Je pensais mal le vivre, mais finalement, ça ne se passe pas si mal. Ça fait aussi du bien de pouvoir se reposer, d’être un peu tranquille. C’est forcément un peu compliqué, parce qu’on ne peut pas s’entraîner au niveau du beach, heureusement, un énorme suivi a été mis en place, on a des vidéo-conférences quasiment tous les deux jours avec nos coaches, avec notamment des analyses de matchs, histoire de garder la tête au beach, et on reçoit tous les jours toutes les séances à faire. En tout, je fais environ trois heures de sport par jour : une heure de physique, une heure de muscu et je rajoute une heure de gainage et de renforcement pour prévenir les petits bobos que j’ai habituellement. Je me suis amusée à créer des haltères de musculation chez moi avec des packs d’eau, des squats avec des branches de bois et des sacs à patates, on improvise ! Donc au niveau physique, on fait tout pour se maintenir ; le reste du temps, je tourne un peu en rond, mais heureusement, cette semaine, j’ai cours en visio tous les jours de 9h à 18h, je suis en Master 2 Marketing et Communication à l’ESG Toulouse, avec un rythme d’une semaine de cours pour deux en entreprise. Comme j’ai un programme adapté en tant que sportive de haut niveau, d’habitude, je ne vais jamais aux cours ni en entreprise, là, je peux suivre les cours, j’en ai eu plus en deux jours qu’en un an et demi ! Donc au final, entre le sport, les cours et les courses à faire avant que ça ferme à 19h, je suis bien occupée cette semaine, j’ai l’impression d’avoir encore moins de temps que quand je fais du beach !


Cette période de confinement est arrivée juste au moment où vous deviez attaquer la compétition sur le World Tour après une préparation de trois mois, on imagine que ça doit être un peu frustrant ?
Oui, forcément. On était revenues d’un stage de trois semaines au Brésil pour attaquer les premiers tournois de l’année, on s’était bien préparées. Tout le monde s’était énormément investi : la Fédé pour financer ces trois semaines au Brésil avec cinq équipes, nous en donnant tout ce qu’on pouvait pendant ce stage… Donc c’est dur quand ça s’annule comme ça. Contrairement à d’autres sportifs, on n’a même pas pu commencer notre saison, c’est un peu frustrant de s’entraîner tout un hiver pour ne pas jouer. C’est comme si quelqu’un en entreprise bosse sur un projet depuis des mois et ne peut pas le mettre en œuvre à cause du confinement.

Et as-tu des craintes que la saison ne démarre pas ?
A court et moyen termes, on sait qu’il n’y aura pas de tournois, donc j’ai peur qu’on ait un été blanc et que les compétitions ne reprennent pas avant août. Après, on relativise au regard de ce qui se passe et sait que le confinement est nécessaire pour freiner au mieux le virus. J’invite d’ailleurs tout le monde à le respecter, je vois encore beaucoup trop de gens dehors.

Tu communiques beaucoup avec Lézana ?
Oui, on parle très souvent. Déjà, on fait les analyses de matchs, donc on échange sur ce qu’on voit, on donne notre avis sur nos ressentis… On se donne aussi des conseils sur nos séances de sport et on se raconte nos petites anecdotes de confinement, même si nos journées ont tendance à s’enchaîner et à se ressembler.

Vous êtes de nouveau associées depuis la saison dernière, quel bilan avez-vous fait de cette année 2019 ?
Elle a été un peu mouvementée, notamment parce que j’ai eu l’appendicite en pleine compétition à Ipatema, peu de gens la font, celle-là ! Finalement, ça a été une saison en deux parties, que nous avons très mal commencée sur le premier tournoi à La Haye malgré une bonne préparation. On s’est posé pas mal de questions pour chercher ce qui n’allait pas afin d’éviter de réitérer ça. Ensuite, nous avons eu deux-trois mois avec de bonnes places, notamment Edmonton où on fait cinquièmes, mais quand même décevants, car notre ranking olympique ne nous permettait alors pas de se qualifier pour les Jeux de Tokyo. A côté de ça, on a réussi à se qualifier pour nos premiers Championnats d’Europe seniors où on fait une belle neuvième place en battant des équipes du Top 15 mondial, c’était une vraie bonne performance. Donc je trouve que c’était quand même une bonne saison, mais on reste lucides et on se dit que pour l’instant, les objectifs ne sont pas complètement atteints. Après, on sait que c’est un processus long, on est jeunes, je vais avoir 24 ans et Lézana, en a 22, on sait qu’on a l’avenir devant nous, mais on ne peut pas non plus se servir de ça comme excuse.

Les JO Tokyo restent un objectif pour vous ?
Oui, clairement. Je pense que pour nous qualifier par le ranking, il nous manquait un peu d’expérience, environ un an de travail en plus avec le staff qui est maintenant vraiment étoffé et nous permet de bien progresser. Là, le fait que les JO soient décalés nous donne cette année en plus, c’est une bonne opportunité pour nous. Maintenant, pour se qualifier, il faut marquer des points, donc qu’il y ait des compétitions. En tout cas, on y croit toujours et on va travailler dur pour essayer de se qualifier via le ranking ou la Continental Cup si elle est maintenue. Notre objectif, à plus long terme, c’est de décrocher une médaille devant nos familles et notre pays sous la Tour Eiffel aux Jeux de Paris 2024, mais pour cela, je pense qu’il faut passer par Tokyo, ça apporte forcément un plus d’avoir déjà eu une expérience olympique.