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(Miniature) L’interview bleue – Julien Lyneel : « Un beau challenge »
Photo: PlusLiga
09/11/2018
L’interview bleue – Julien Lyneel : « Un beau challenge »
Julien Lyneel retrouve cette saison le championnat polonais, lui qui a signé pour deux ans avec l’ambitieux Jastrzebski Wegiel. Malgré la défaite concédée mercredi face au Zaksa de Benjamin Toniutti, le réceptionneur-attaquant de l’équipe de France est heureux de son début de saison, même s'il admet avoir connu un petit "coup de moins de bien" ces derniers temps.
Julien, c’est toujours un moment particulier d’affronter un coéquipier de l’équipe de France en championnat, comme c’était le cas mercredi avec Benjamin Toniutti ?
Oui, c’est plutôt cool ! Ça fait du bien de voir des Français à l’étranger. C’était sympa. Après, la partie terrain a été moins sympa puisqu’on a perdu 3-0.

Dans ces cas-là, vous avez le temps de vous voir en marge du match ?
J’ai essayé de passer chez lui pour boire un petit café, mais le coach est assez strict sur les horaires. On est arrivé là-bas, on est directement allé en vidéo, ensuite le snack, puis on a filé à l’entraînement, et on est sorti de l’entraînement il était 22 heures. Ce n’était pas vraiment possible, en termes de timing, d’aller le voir la veille du match. Mais on s’est vu ensuite pendant le match.

Malgré cette défaite, votre début de saison est plutôt bon, avec 4 victoires en 6 matchs…
C’est bien, parce qu’on est une nouvelle équipe, on a besoin de trouver des automatismes. Contrairement à Zaksa qui est l’équipe la plus stable du championnat, je pense, avec déjà Benjamin qui stabilise bien l’équipe, et d’autres joueurs qui sont là depuis un petit moment, qui se connaissent bien. Pour nous, c’est la première année que je joue avec ce passeur (Lukas Kampa), le pointu aussi (Christian Fromm), même s’il connaît bien le passeur parce qu’ils sont tous les deux Allemands. On est vraiment en construction. Donc c’est pas mal. On perd deux matchs : contre Zaksa, une victoire logique de leur part, parce qu’ils étaient meilleurs mercredi soir, et contre Szczecin, où ils ont gagné 3-0, mais vu la physionomie du match (25-22, 26-24, 27-25) on aurait pu gagner 3-0 aussi. Sinon, c’est positif. On gagne contre Belchatow à la maison, et on va chercher de grosses victoires à l’extérieur.

"Jouer le titre d’ici deux ans"

Et sur un plan personnel, les premiers contacts ont l’air bons avec vos coéquipiers…

Moi ça va, j’ai la confiance du coach. Et quand j’ai la confiance du coach, ça change pas mal la donne. Ça se passe plutôt bien avec l’équipe aussi. J’ai pas mal de responsabilités aussi, donc c’est cool. Physiquement, je me sens de mieux en mieux. On a un coach qui nous fait des entraînements relativement longs, donc c’est assez dur, mais ça ne se passe pas trop mal.

En parlant de confiance, le trophée de MVP le week-end dernier, face à Belchatow le champion en titre, n’a pu faire que du bien…
C’est la petite cerise sur le gâteau. Mais le plus important, c’est d’avoir pu battre cette équipe, à la maison, c’est une belle opération pour nous. Après, c’est sûr qu’avoir la petite statuette à la fin du match, c’est toujours plaisant, c’est une marque de reconnaissance.

Vous êtes donc heureux d’être de retour dans le championnat polonais, deux ans après votre passage à Resovia ?
Oui, surtout que cette saison le niveau est très relevé. Chaque week-end, il n’y a pas de petit match. J’ai rarement vu le championnat polonais aussi homogène, et aussi fort. Il y a plein de surprises. C’est un beau challenge. Resovia par exemple est en difficulté, ils viennent de virer leur coach. Pourtant, ils jouent bien ! Mais ils n’ont qu’un petit point, et voir un club de ce standing dans cette position, ça fait bizarre. Ça montre le niveau du championnat.

Quel est l’objectif de Jastrzebski Wegiel cette saison ?
Clairement, avec le recrutement qui a été fait, le but est de pouvoir jouer le titre, d’être dans les quatre meilleurs, d’ici deux ans. Au moins dans les deux ans de pouvoir aller en finale. Le nouvel investisseur qui est arrivé, qui a mis son argent dans le club, je pense qu’il veut qu’on soit champion dans les deux ans. Après, vu la qualité du championnat, ça va quand même être difficile. On va tout faire pour aller le plus loin possible. Ce serait bien d’être dans les quatre premiers, après tout peut se passer dans le dernier carré.

"C’est bien d’avoir quelques petites plages de repos"

Vous avez signé un contrat de deux ans, dans un club ambitieux. C’est forcément une bonne chose

Oui, je suis content ! Ces dernières années, je n’avais eu que des contrats d’un an, j’ai été pas mal embêté par des problèmes physiques. Il y a des avantages et des inconvénients à signer des contrats d’un an. Là j’avais envie de me poser, j’ai 28 ans, j’avais envie de construire un truc avec un club qui a un beau projet. Et là, effectivement, c’est hyper alléchant. Donc je suis content, et je suis aussi content de revenir en Europe, de me rapprocher de ma chérie, de la famille…

La saison en Chine avec Shanghai a pourtant été une belle expérience ?
C’était hyper enrichissant, c’est clair. Je suis vraiment content de cette expérience, c’était top. C’était vraiment une belle aventure. Elle s’est achevée, c’était une petite parenthèse dans ma carrière, je suis content de l’avoir vécue. C’était important aussi de revenir en Europe, et de côtoyer le vrai « gros » niveau d’entraînement, de match, parce qu’il y a quand même une différence avec la Chine.

Cette saison, vous ne jouez pas de Coupe d’Europe…
Oui, ça aussi c’est plutôt cool. La PlusLiga prend déjà assez de temps, assez d’énergie. Là par exemple on rejoue demain (samedi), on joue trois matchs en une semaine et demie. C’est assez intensif. Si on rajoute des compétitions européennes, ça peut devenir un enfer. Attention, c’est aussi sympa, si on peut arriver à en faire une, c’est cool. Mais c’est bien d’avoir quelques petites plages de repos, ça ne fait pas de mal. Quand les autres jouent des compétitions européennes, si nous on peut avoir un peu de temps libre pour recharger les batteries, c’est tant mieux.

Surtout quand il faut enchaîner les saisons internationales et les saisons en club….
Quand on est en équipe nationale, on n’a quasiment pas de vacances. On a enchaîné cet été encore, après le championnat du monde, on a repris une semaine après. Et en une semaine, on n’a pas vraiment le temps de poser son cerveau, de recharger les batteries… Dans la semaine, tout le monde fait ses petits trucs administratifs, parce qu’on a plein de trucs à gérer, on gère les départs, la famille… C’est vraiment, vraiment « hard ». Et là il y a eu un moment où il y a eu un petit coup de moins bien moralement. Parce qu’à un moment donné, c’est trop. On a envie aussi de voir autre chose, de se détacher de tout ça. Mais on n’a vraiment pas le temps de penser à autre chose qu’au volley, et parfois c’est usant. C’est comme ça, on le sait.

Ce petit coup de moins bien, c’était à quel moment ? Après le Mondial ?
Non pas tout de suite après le Mondial, parce qu’il y a le retour en club, c’est tout nouveau, il y a de l’excitation, etc. Mais après quelques semaines, il y a la petite baisse de tension, c’est logique. Pour l’instant ça va, j’arrive à minimiser la chute. Mais il y a toujours une période où il y a ce petit coup de moins bien, où on en a un peu marre du ballon, où on a envie de vacances… C’est le chemin logique quand on voit nos programmes toute l’année.

"Arriver à l’Euro avec les dents qui rayent le parquet"

Justement, avec l’équipe de France, l’été dernier a encore été chargé, avec la finale de VNL en France, le Mondial… Quel sentiment domine ?

L’amertume. La VNL, c’était bien, on a fait un bon tournoi, on a réussi à avoir cette médaille d’argent face à des Russes qui étaient quand même compliqués. Après, sur le championnat du monde, on est passé par plein d’émotions durant toute la compétition. C’était assez étrange. C’est dommage de finir là-dessus, quand on voit ce qu’on est capable de faire… C’est frustrant. C’est le sport, c’est comme ça. Mais ça fout un peu les boules.

Avec le recul, vous arrivez à identifier ce qui a pu ne pas fonctionner durant le Mondial ?

On en a déjà pas mal parlé avec le coach, et aussi entre nous. Ça fait partie du sport. On a perdu trois matchs 3-2, ou deux matchs 3-2, je ne sais même plus, j’essaye de ne plus y penser… (soupir) On perd ces trois matchs au tie-break, qui nous font basculer, alors que derrière on gagne tous nos matchs, on est impeccable, on est irréprochable sur tous les autres matchs. On n’est pas passé au travers de notre compétition, mais tous les petits jokers qu’on a eus, on n’a pas réussi à les saisir. On a plusieurs fois la chance de se qualifier pour le Final Six, mais ça ne s’est pas fait. On n’a pas su être tueur dans les moments où il le fallait…

En étant optimiste, on peut se dire que cette expérience vous servira pour la suite…
L’échec rend plus fort. On va apprendre de nos erreurs. Quelque part, c’est enrichissant. On l’a vécu, ça va rester dans nos têtes. On sait ce qu’on a fait, on sait ce qu’on doit changer, on sait qu’on doit réagir. C’est le sport de haut niveau.

L’été prochain, il y a notamment l’Euro en France…
Ça va encore être un été de malade. Il va falloir arriver à se concentrer sur les compétitions qui sont les plus importantes. Il faut qu’on arrive à trouver quelques plages de repos pour arriver à l’Euro avec les dents qui rayent le parquet. Faire quatre saisons d’affilée sans période de repos, ça va être compliqué. Il faut qu’on trouve un juste milieu, un équilibre, pour que tout le monde puisse revenir sur le terrain plus motivé que jamais. Il y a cet Euro à la maison, on veut engranger le maximum de points et éventuellement se qualifier dès l’été prochain pour les Jeux Olympiques, parce que c’est l’objectif final.