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15/11/2017
Que sont-elles devenues ? Janine Folcheris
Suite de notre série consacrée aux ancien(ne)s Tricolores avec un focus sur Janine Folcheris. Joueuse de 1952 à 1962, capitaine puis entraîneure des Bleues, celle qui a été élue dans l’équipe de France féminine du 20e siècle a consacré sa vie au volley. Elle raconte.
Comment avez-vous découvert le volley et quel a été votre parcours de joueuse ?
J’ai commencé à jouer au volley sur la plage à Cannes après la Seconde Guerre Mondiale, nous jouions en double ou en triple. J’ai ensuite fait partie du club de l’AS Cannes qui était à la fois féminin et masculin, avant de partir faire mes études à Paris pour devenir professeur d’éducation physique. J’ai joué au PUC, puis, une fois mon diplôme en poche, j’ai été nommée à Lyon. Comme il n’y avait pas vraiment d’équipe de volley, j’ai rejoué avec l’AS Cannes en faisant régulièrement les allers-retours, à cette époque, nous n’avions pas des compétitions tous les week-ends comme aujourd’hui et ça me permettait en plus de voir ma famille. Mais au bout d’un an, cela devenait trop compliqué et j’ai rejoint l’ASUL en contribuant au développement du club avec Monsieur Mauche, qui est devenu plus tard président de la Fédération Française de Volley-Ball. Nous avons réussi à faire monter le club jusqu’en Championnat de France.

Combien de temps êtes-vous restée à Lyon ?

Cela a duré de 1951 à 1973. Jusqu’en 1960, j’ai enseigné dans un établissement scolaire à Vénissieux, et à partir de 1960, Monsieur Mauche, devenu président de la Fédération, m’a proposé d’intégrer le corps des CTR, les conseillers techniques régionaux, créé après les Jeux Olympiques de Rome qui avaient été très mauvais en termes de résultats (5 médailles en tout, aucune en or). Du coup, j’ai été détachée de mon travail de professeur d’éducation physique pour me consacrer au volley-ball : jusqu’en 1973, je suis restée dans la région lyonnaise, où je me suis occupée entre autres de développer le nombre de licenciés, de la formation de cadres, de l’organisation de stages, j’ai également entraîné l’équipe de France à cette époque, de 1962 à 1968. Je suis ensuite repartie dans le Midi où j’ai rejoint la Direction régionale des sports de Nice, avec des missions identiques : j’ai créé des clubs qui sont montés à haut niveau, j’ai entraîné le Racing Club de Cannes de 1973 à 1976, nous avons également contribué à lancer le Pôle espoirs de Boulouris avec Evelyne Boillot et Claude Chanou. Je suis partie à la retraite en 1992, mais j’ai continué à travailler à la Ligue jusqu’en 2004 comme présidente de la commission technique.

Pour revenir à votre première carrière, celle de joueuse, quels souvenirs marquants en avez-vous gardé ?
Ce sont surtout des souvenirs de voyages. J’ai joué dix ans, de 1952 à 1962, d’abord attaquante de pointe puis passeuse, j’ai notamment été passeuse et capitaine de l’équipe de France. Je me souviens particulièrement de mes premiers championnats du monde à Moscou en 1952. Au départ, j’étais sur une liste de remplaçantes. Mais la Fédération avait décrété qu’il n’y avait pas la possibilité financière d’aller à Moscou, si bien que toutes les joueuses étaient parties à droite et à gauche. Finalement, l’URSS a pris en charge le voyage, ils ont rappelé des joueuses et des joueurs, (puisqu’il y avait aussi l’équipe masculine) qui étaient sur la liste complémentaire et nous sommes tous partis, aux frais de Moscou. Je me souviens que dans l’équipe masculine, il y avait des joueurs d’origine russe qui n’avaient du coup pas pu y aller, il y avait quand même Michel Constantin (d’origine russe, devenu plus tard acteur), Igor Chickine… Nous n’avons pas fait grand-chose (7e sur 8), mais cela reste un bon souvenir, nous avions joué en plein air sur terre battue devant 60 000 spectateurs. Je me souviens aussi d’un match en 1962 à Ankara, en Turquie, où tous les hommes dans les tribunes étaient très proches du terrain et nous pinçaient les fesses, si bien qu’au bout de deux sets, notre entraîneur, Jacques Liou, a arrêté le jeu et nous sommes rentrées aux vestiaires ! Avec l’ASUL, nous avions disputé une coupe d’Europe, nous avions perdu le match aller au Portugal, dehors en plein vent, nous avons gagné 3-0 au retour à Lyon, ensuite, nous avons été éliminées « royalement » contre une équipe de l’Est, je ne me souviens plus laquelle.

Avez-vous continué à jouer après avoir arrêté votre carrière de joueuse ?
Oui, j’ai continué sur la plage jusqu’en 2004, je me suis alors fait opérer d’une hanche, j’ai eu ensuite des problèmes physiques qui m’ont contrainte à arrêter.

"J'ai consacré ma vie au volley-ball"


Et de votre « seconde » carrière, celle de formatrice, entraîneure, dirigeante, que gardez-vous ?
Je me rappelle de tout le travail que j’ai fait, avec toutes les équipes de jeunes, les stages, les entraînements, l’augmentation du nombre de clubs dans notre région et les résultats qui sont venus avec. Ce sont aussi tous les entraîneurs et les jeunes que j’ai formés et qui ont ensuite pris le relais, suivis par leurs enfants ou leurs petits-enfants, je pense à toute la bande Rossard, aux Tillie, j’ai eu Laurent Tillie en tant que joueur quand il préparait son diplôme de kiné à la fac de Nice. Un moment très fort a aussi été les Jeux Paralympiques en 1992 à Barcelone, j’ai entraîné l’équipe handisport masculine de 1988 à 1992, c’était très intéressant de travailler avec les joueurs.

Continuez-vous à assister à des matchs ?
Oui, bien sûr, je vais toujours voir les garçons de l’AS Cannes, les filles du Racing et du Cannet, je vais aussi quelques fois à Mougins et Nice. J’ai bien sûr aussi suivi les exploits de l’équipe de France masculine, j’ai échangé par SMS avec Laurent Tillie. J’ai connu quasiment tous les présidents de la Fédération et je connais très bien l’actuel, Eric Tanguy, avec qui j’ai travaillé dans le Midi. Je reste une passionnée, j’ai consacré toute ma vie au volley : je ne me suis pas mariée, je n’ai pas eu d’enfants, parce que je me suis sans cesse occupée de volley-ball. Le volley-ball, c’est ma vie. Il me l’a rendu, puisque j’ai été élue dans l’équipe de France du XXe siècle qui a été désignée en 2001 par l’Association des Internationaux Français de Volley-Ball et j’ai reçu le grade de chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2010.