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(Miniature) L’interview bleue : Timothée Carle
Photo : plusliga.pl
04/04/2025
L’interview bleue : Timothée Carle
Double champion de Pologne en titre, Jastrzebski Wegiel s'apprête à vivre une fin de saison intense, qualifié depuis mardi pour les demi-finales de PlusLiga, mais également pour le Final Four de la Coupe de Pologne (12-13 avril) et de la Ligue des champions (16-18 mai). L'occasion d'échanger avec son réceptionneur/attaquant tricolore Timothée Carle (29 ans).
Peux-tu nous rappeler pourquoi, après quatre ans à Berlin, tu as choisi l’année dernière de signer à Jastrzebski Wegiel ?
Ça faisait effectivement quatre ans que je jouais à Berlin, c’était un bon cycle, après lequel j’avais besoin de changement. Quand l’opportunité s’est présentée de jouer dans ce club qui a gagné des titres ces dernières années et dans un championnat bien plus relevé que l’Allemagne, j’ai considéré que c’était un super challenge pour moi, un bon « step » sur le plan sportif. En plus, il y avait « Totti » dans l’équipe (Benjamin Toniutti), Anton Brehme, avec lequel j’avais joué à Berlin, je ne débarquais pas totalement dans l’inconnu.

Est-ce que ça a été dur de quitter Berlin où tu as remporté des titres et où tu étais un cadre apprécié du club ?
Oui, parce qu’effectivement, en quatre ans, j’ai vécu de belles années à Berlin. Le club était super, la ville aussi, j’avais mes petites habitudes, les quartiers que j’aimais, j’ai aussi rencontré ma fiancée là-bas… C’était donc un gros changement de vie, mais c’était le bon moment pour le faire.

Le changement de vie a-t-il été radical ?
Oui, c’est très différent. Ici, c’est une petite ville, mais c’est une ville qui vit volley, le sport est vraiment au cœur des habitants, même s’il y a aussi le hockey. En même temps, il y a de belles villes plus grandes assez accessibles autour, comme Katowice à 30 minutes, Cracovie à une heure et quart.

Quand tu es arrivé, y a-t-il des choses qui t’ont surpris ?
Honnêtement, le niveau du Championnat est hyper élevé et hyper dense, même quand tu joues les équipes de bas de tableau, c’est dur, il y a une vraie intensité physique, particulièrement au service, toutes les équipes sont capables de te faire passer de mauvais moments. Et  il y a une ferveur incroyable autour du volley qui est quasiment le sport n°1 avec le foot, ça change de l’Allemagne ou de la France. Tous les matchs sont des fêtes, de grands événements, c’est top de jouer dans des salles pleines avec des fans qui sont à fond derrière leur équipe, c’est beau à voir.

Comment s’est passée ton intégration ?
Il y a forcément eu un petit moment d’adaptation, parce que c’est un nouveau championnat, tu affrontes de nouvelles équipes, mais on a un groupe complet, le coach a pu faire un peu tourner. Il y avait aussi pas mal de cadres des années précédentes, ça te permet quand tu arrives de suivre un peu le mouvement, tu sens vraiment que tu arrives dans un club qui a des ambitions, donc tu es vite dans le bain, dès le début de saison, tu connais les objectifs qui sont de gagner. « Totti » a bien évidemment aussi joué un rôle important dans mon intégration, on s’entend super bien sur le terrain et en dehors. On avait des automatismes des derniers étés qui ont forcément aidé et en plus, c’est un super mec, un super capitaine.

"Le moment important arrive"

Vous avez terminé premiers de la saison régulière et venez de vous qualifier pour les demi-finales de PlusLIga, vous êtes là où vous vouliez être ?
Oui, exactement, on a terminé en tête de la saison régulière, on est en demi-finales des trois compétitions dans lesquelles on est engagés, maintenant, le moment important arrive, le prochain mois et demi va définir la réussite ou non de la saison.

Vous venez d’éliminer Czestochowa en deux matchs en quarts de finale de PlusLiga, c’était une sorte de warm-up avant d’attaquer ces échéances à venir ?
Oui, mais au final, ça n’a pas été facile. Au match aller, où il leur manquait leur meilleur jouer, on a très bien joué et notamment bien servi, ce qui nous a permis de gagner 3-0, mais au match retour mardi, ils étaient au complet et on a gagné 3-2 à l’arrache. On a fait le boulot, mais ça montre l’homogénéité et le niveau de ce Championnat. Même contre le huitième, ce n’était pas simple du tout, c’est un vrai combat contre chaque équipe, ça va être encore le cas en demi-finales, contre Lublin ou Zaksa.

Vous allez jouer dans dix jours le Final Four de la Coupe de Pologne à Cracovie, avec une demi-finale contre Lublin, quel regard portes-tu sur ce tournoi qui est toujours une grosse fête du volley en Pologne ?
Les mecs de l’équipe m’ont déjà briefé sur le sujet, on va jouer dans une super salle, devant 13 000 ou 14 000 personnes, c’est effectivement une grosse fête du volley avec les quatre top équipes de PlusLiga, on est vraiment impatients de jouer ce Final Four, c’est un gros objectif du club.

Estimes-tu que c’est possible de jouer sur les trois tableaux, entre Championnat, Coupe et Ligue des champions ?
J’ai envie de te dire que oui, c’est en tout cas ce pour quoi on travaille toute la saison, tous les joueurs dans l’équipe ont beaucoup d’ambition, mais on sait que c’est aussi le cas de nos adversaires, chaque demi-finale va déjà être un vrai défi.

Comment vois-tu la concurrence en Ligue des champions, entre Zawiercie, que vous affronterez en demi-finales, Pérouse et Halkbank Ankara ?
On a déjà joué Zawiercie trois fois cette saison, on a perdu la Supercoupe en début de saison, on a gagné chez eux et perdu chez nous, c’est vraiment du 50/50 à chaque fois. C’est une équipe très équilibrée, qui s’appuie sur des joueurs d’expérience, joue et sert très bien, on sait qu’on va devoir sortir un grand match si on veut passer. Pour ce qui est des autres, Perugia, comme chaque année, est un club qui peut prétendre gagner toutes les compétitions dans lesquelles il est engagé, c’est une grosse écurie, et Halkbank fait une super saison en Ligue des champions, c’est aussi un club qui a l’habitude de jouer ce genre de match.

La saison régulière est très longue en Pologne avec 30 journées, comment vous sentez-vous physiquement avant d’aborder ce sprint final ?
C’est vrai que par rapport à l’Allemagne, c’est dur, on joue énormément de matchs, entre la Coupe, le Championnat et la Ligue des champions. Là, on a dix jours entre notre dernier et le Final Four de la Coupe, on va les utiliser pour récupérer et surtout bien bosser pour attaquer la dernière ligne droite bien prêts, physiquement et mentalement.

"Les Jeux, que de bons souvenirs"

Parlons pour finir de l’équipe de France, peux-tu nous raconter comment tu as vécu l’été dernier, entre victoire en Volleyball Nations League et Jeux Olympiques sur lesquels tu étais le 13e homme de l’équipe de France ?
Dans l’ensemble, c’était un super été, avec ces deux titres, mais aussi parce que l’équipe de France, c’est toujours spécial, on passe vraiment de super moments sur et en dehors du terrain, il y a une vraie différence avec ce qu’on vit en club. Pour ce qui est des JO, c’était forcément spécial d’être le 13e, car tu as envie d’être sur le terrain, de vivre la Marseillaise avec tes potes, mais finalement, j’ai vraiment vécu cette aventure de l’intérieur, j’étais tout le temps avec les gars, ils m’ont vraiment fait me sentir impliqué à fond, donc je ne garde que le positif. Et de toute façon, quand tu regardes ce qui s’est passé, tu te dis qu’il ne fallait rien changer, il fallait que ce soit comme ça. Donc au final, ce ne sont que de bons souvenirs, je les remercie pour tous les moments incroyables qu’ils m’ont fait vivre, entre la cérémonie d’ouverture, les visites dans le village et bien sûr le podium. Il y a eu un petit combat avant d’y aller car pour les gars, c’était avec moi ou pas du tout, mais ça a été un moment top de défiler et de monter sur ce podium, avec en plus Trévor (Clevenot) qui m’a mis sa médaille autour du cou, ça montre l’ambiance qui règne dans cette équipe.

As-tu eu depuis des nouvelles d’Andrea Giani que tu as dû croiser quand tu as affronté Zaksa (dont ce dernier est l’entraîneur) ? L’équipe de France est-elle à ton programme de l’été à venir ?
Oui, on s’est effectivement croisés pendant la saison, on s’est aussi écrit des messages et appelés, il n’y a pas encore de liste officielle ou de convocations, mais normalement, il compte sur moi pour cet été, si c’est le cas, je repartirai avec toujours le même grand plaisir !

Pendant cet été, on va sans doute beaucoup vous parler de l’objectif d’aller chercher le titre mondial, le seul qui manque au palmarès de cette équipe de France et de cette génération de joueurs, est-ce que ça ajoute de la motivation au moment de se relancer sur un nouvel été ?
C’est clair que ça va être un gros objectif. Dans le groupe, il y a des mecs qui sont là depuis presque quinze ans en équipe de France, je pense à Earvin (Ngapeth), « Totti », Kevin (Tillie), Nicolas Le Goff, ils pourraient se dire que maintenant qu’ils ont tout gagné et qu’ils sont deux fois champions olympiques, ils pourraient arrêter, et en fait, non, ils ont encore faim d’aller chercher ce titre qu’ils n'ont pas gagné. Pour ceux qui, comme moi, sont arrivés après eux en équipe de France, le fait de voir leur envie de se battre encore physiquement et mentalement pour aller chercher ce titre est une grosse source de motivation, on a envie de faire partie de cette aventure, de respecter tous les sacrifices qu’ils ont faits pendant tous ces étés.