Accueil >>
HOME
Actualités FFvolley
Voir tout
(Miniature) La double interview bleue : Benjamin Toniutti/Yacine Louati
Photos : plusliga.pl
12/03/2021
La double interview bleue : Benjamin Toniutti/Yacine Louati
La saison régulière de PlusLiga polonaise s'est achevée le week-end dernier, dominée par Zaksa Kedzierzyn Kozle, l'équipe de Benjamin Toniutti, devant Jastrzebski Wegiel, celle de Yacine Louati. Deux clubs qui se retrouvent ce week-end à Cracovie pour le Final Four de la Coupe de Pologne, l'occasion de s'entretenir avec les deux Bleus.
Zaksa a terminé largement en tête de la saison régulière, peut-on parler de parcours presque parfait ?
Benjamin Toniutti : Oui, quasiment parfait. On gagné la Supercoupe d’entrée de saison, on a assuré notre première place de la saison régulière assez rapidement, en alignant 21 matchs sans défaite, on n’a perdu que trois matchs de championnat, dont deux où on avait fait tourner parce qu’on était déjà assurés de terminer premiers. Et en Ligue des champions, on s’est qualifiés pour les demi-finales, donc oui, pour l’instant tout va bien, mais tout peut aller vite d’ici la fin de saison, on a de grosses échéances à venir.

Et toi, Yacine, quel regard portes-tu sur votre parcours cette saison ?
Yacine Louati :
La saison a été longue et parsemée de beaucoup d’obstacles, notamment liés au Covid, puisque nous avons été impactés quatre fois. Les joueurs n’ont jamais été malades tous ensemble, à chaque fois, cela a été quelques-uns, mais ça obligeait à des quarantaines de deux semaines, même pour ceux qui n’étaient pas atteints. Personnellement, je l’ai été lors de la deuxième vague en revenant de Roumanie, quand nous avons gagné notre qualification pour la phase de poules de la Ligue des champions. Donc ça a un peu été le comble, parce que c’est en allant chercher cette qualification qu’on a été malades, ce qui nous a finalement empêchés de jouer cette Ligue des champions ! Ça a marqué un peu le début de nos soucis, jusqu’ici, nous étions deuxièmes, nous n’avions perdu qu’un match, contre Zaksa, ces quarantaines nous ont pas mal perturbés. Finalement, on arrive quand même à terminer deuxièmes de la saison régulière, donc même si ça n’a pas été facile, on peut dire qu’on s’en est très bien sortis.

Cela a été frustrant de ne pas jouer cette phase de poules ?
Yacine Louati :
Oui, on a de gros regrets, parce que je pense qu’avec Berlin, Ljubljana et Kazan, c’était une poule accessible pour nous, pour au moins terminer parmi les meilleurs deuxièmes et jouer une qualification dans la foulée pour les demi-finales, comme Zaksa l’a fait. La saison dernière, Jastrzebski avait d’ailleurs gagné contre Kazan en Ligue des champions, on avait envie de poursuivre sur cette dynamique, ça fait deux saisons de suite que cette compétition se termine durement pour le club.

Zaksa s’est en effet qualifié la semaine dernière pour les demi-finales de la Ligue des champions, ça a été chaud puisque ça s’est joué au set en or face à la Lube, Benjamin, peux-tu nous raconter ?
Benjamin Toniutti :
Ça a été chaud, oui, mais c’est normal, on jouait quand même la Lube, qui a gagné le championnat du monde des clubs fin 2019 et la dernière ligue des champions ! C’était clairement l’équipe la plus dure sur laquelle on pouvait tomber au tirage au sort, sachant que nous avions terminé premiers de notre poule. On avait fait un petit exploit en allant gagner 3-1 chez eux, donc on pouvait rêver de se qualifier avec notre deuxième match à la maison. On a encore fait un bon match, même si on l’a perdu, et on a réussi à faire la décision sur des petits détails dans le golden set, c’est vraiment une belle qualification.

Un autre gros morceau se présente en demi-finale, le Zénith Kazan d’Earvin Ngapeth, comment vois-tu cette confrontation ?
Benjamin Toniutti :
Je suis super content de jouer contre Earvin, c’est la première fois depuis très longtemps que l’on va jouer l’un contre l’autre en club. Juste après notre qualification, il m’a envoyé un message pour me féliciter, le lendemain, c’était à leur tour de se qualifier, on s’est envoyé tout de suite après un texto pour se dire qu’il y aurait au moins un Français cette saison en finale de la Ligue des champions, on était très contents, on est fiers de représenter la France dans le dernier carré, ça va être un bel affrontement. Sur le papier, je pense que Kazan est favori, mais on a montré jusque-là qu’on avait les moyens de rivaliser avec les grosses écuries en Europe, il faut y aller vachement décomplexés en se disant qu’on est capables de mettre en difficulté les équipes qui, sur le papier, apparaissent comme les favoris de cette Ligue des champions. Au début de la compétition, tout le monde mettait dans les trois favoris Perugia, la Lube et Kazan.

Pour vous, cette Ligue des champions est-elle un objectif important ?
Benjamin Toniutti :
L’objectif du club est clairement de gagner le Championnat et la Coupe de Pologne. Après, depuis six ans que je suis là, on a acquis une vraie culture européenne, on est au minimum en quarts de finale chaque année. L’objectif est toujours d’aller le plus loin possible, là, on savait qu’on avait eu un tirage au sort difficile en quarts de finale et que la tâche allait être compliquée, on est très contents d’être en demi-finales et forcément, on a envie d’aller plus loin.

"Yacine s’est bien intégré au championnat polonais et à son équipe"

Avant ces demi-finales, il y a donc ce week-end le Final Four de la Coupe de Pologne, pouvez-vous nous faire un état des lieux des forces en présence ?
Benjamin Toniutti :
On va jouer en demi-finale Zawiercie, une équipe qui avait très bien commencé la saison, elle a fait partie des meilleures équipes de la phase aller du Championnat, ce qui lui a permis de se qualifier pour la phase finale de la Coupe de Pologne. Ils ont eu un tirage au sort assez clément en quarts de finale, puisqu’ils ont affronté une équipe de Pro B (de deuxième division), mais c’est une équipe qui joue bien, difficile à manœuvrer, qui va arriver sans complexe sur ce Final Four car ils ne seront pas favoris face à nous. Je pense que deux équipes sont favorites sur ce Final Four, nous et Jastrzebski, Zawiercie et Gdansk sont les outsiders, mais Gdansk aussi a montré depuis le début de la saison qu’il était capable de battre les grosses équipes, ils ont éliminé le Skra Belchatow en quarts de finale.

Yacine Louati :
Zaksa est pour moi clairement le favori, ils jouent incroyablement bien en ce moment, ils sont dans une dynamique extraordinaire, « Totti » connaît tous ses coéquipiers comme sa poche, leur adversaire en demi-finale, Zawiercie, peut surprendre, mais je ne les vois pas gagner contre Zaksa. Et Gdansk, que nous jouons, est une équipe qui s’appuie sur un joueur d’expérience, Mariusz Wlazly, qui peut sortir de grands matchs, ils ont eu un peu de difficultés en début de saison mais ils ont terminé en force, donc ils sont sur une bonne dynamique, ça va être un gros match. De notre côté, on a encore des petits soucis de Covid, puisque Tomasz Fornal est malade depuis dimanche, c’est la quatrième quarantaine pour lui, du coup, il ne sera pas là pour ce Final Four.

Quelles sont les forces et les faiblesses de Jastrzebski ?
Yacine Louati :
Notre force, c’est d’avoir une profondeur de banc assez exceptionnelle, nous avons trois très bons réceptionneurs/attaquants et un quatrième qui peut aussi faire la différence offensivement, nous avons deux bons pointus, deux bons passeurs, trois centraux de haut niveau, ça permet sur une longue saison d’avoir des solutions de rechange. Et nos points faibles sont sans doute liés à ça, dans la mesure où l’équipe n’a pas un six vraiment installé depuis longtemps, comme l’est l’équipe de Benjamin, qui fonctionne depuis des années avec les mêmes joueurs ou presque, c’est une équipe vraiment rodée, réglée comme une horloge suisse.

Benjamin, peux-tu nous dire un mot sur Jastrzebski et sur Yacine ?
Benjamin Toniutti :
C’est une équipe qui est construite pour gagner, qui a de grosses ambitions, a terminé deuxième de la saison régulière. Ils ont eu quelques passages à vide, mais dans l’ensemble, ils ont fait une très bonne saison, ils n’ont pas eu de chance sur la Ligue des champions, parce qu’ils ont été deux fois touché par le Covid au moment des matchs de poules. Quant à Yacine, il s’est bien intégré au championnat polonais et à l’équipe, il apporte beaucoup de stabilité en réception. Lui aussi veut gagner des titres, que ce soit en Coupe ou en Championnat.

Tu es d’accord, Yacine ?
Yacine Louati :
Oui, globalement, ça s’est bien passé pour moi. La pré-saison a été difficile, j'ai mis un peu de temps pour trouver mes marques, mais quand les matchs ont commencé, j’ai eu l’impression de retrouver mes repères, d’autant qu’on a très vite commencé à gagner. Après, il y a eu les soucis qu’on a rencontrés, mais je suis plutôt content de cette saison. Après, pour ce qui est de titres, je pense que nous sommes taillés pour aller chercher une médaille, c’est évident, mais pour cela, il faudra arriver à dominer Zaksa, qui est vraiment l’équipe à battre cette saison. Sur un match sur terrain neutre, comme une finale de Coupe de Pologne si on parvient à se qualifier, pourquoi pas ? Mais ils ont un jeu très déstabilisant pour leurs adversaires, ils ne te laissent jamais jouer ton jeu, ils défendent énormément…

"Je porte toujours un drapeau de l’équipe de France avec moi"

Après ce Final Four, quel sera ensuite votre adversaire au premier tour des playoffs ?
Benjamin Toniutti :
On va affronter le huitième, Suwalki. C’est une équipe qu’on a battue deux fois, mais qui est difficile à manœuvrer, et surtout, c’est le déplacement le plus long pour nous. Avec en plus la Ligue des champions à Kazan, ça va nous faire beaucoup de voyages, cette fin de saison s’annonce chargée, mais c’est aussi pour vivre ces moments-là qu’on travaille au quotidien.

Yacine Louati : Nous, on joue Zawiercie la semaine prochaine, on a eu deux fois du mal contre eux cette saison, donc ils peuvent nous embêter, le premier match, on a gagné 3-2 chez eux, il y avait encore 25% de public autorisé à l’époque, ils ont ensuite gagné chez nous, mais c’était quand on était assurés de terminer deuxièmes, donc je pense que les esprits étaient un peu relâchés.

Pour finir sur vos clubs respectifs, savez-vous de quoi sera fait votre avenir ?
Benjamin Toniutti :
Je ne sais pas encore. Pour l’instant, je suis vraiment très concentré pour essayer de gagner des titres sur cette fin de saison.
Yacine Louati : Je suis en train de discuter de la suite avec mon agent, je devrais être fixé dans les prochaines semaines.

Après cette saison, vous allez sans doute retrouver l’équipe de France, êtes-vous impatients et pensez-vous régulièrement aux Jeux Olympiques qui débutent dans quatre mois et demi ?
Benjamin Toniutti :
Oui, après ce qu’on a vécu l’an dernier à Berlin, je suis forcément impatient de retrouver tous les mecs, on se parle beaucoup sur notre groupe WhatsApp, on se donne des nouvelles des uns et des autres, je vois que chacun fait une bonne saison en club, c’est positif pour la suite. Sinon, on est un peu en attente de savoir comment va se passer la VNL, puis les JO, il y a toujours des points d’interrogation, mais j’ai eu l’occasion d’échanger avec Laurent (Tillie), il m’a donné le planning, on a tous hâte de se retrouver pour préparer cette échéance olympique.

Yacine Louati :
L'équipe de France me manque beaucoup, j’ai vraiment partagé des émotions particulières avec tous les gars depuis que je joue avec eux. J’ai vraiment envie de me battre pour revivre de tels moments et des grandes compétitions, comme les Jeux. Ça a d’ailleurs été une grosse motivation pour moi toute cette saison, c’est aussi une des raisons qui m’a poussé à venir ici dans un championnat relevé, avec de la pression. Pour la petite histoire, cela fait trois ans que je porte avec moi, quand je déménage, un drapeau de l’équipe de France, que je laisse quelque part dans mon armoire, du coup à chaque fois que je prends mes habits, ça me rappelle que l’équipe de France est pour moi un objectif.