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05/02/2018
L'interview bleue - Jonas Aguenier : « Les blessures, je pense que j’ai donné »
Chaumont reçoit Nantes, mardi soir, en demi-finales de la Coupe de France. Longtemps blessé, le central international Jonas Aguenier espère que son équipe saura poursuivre sa belle saison. Avec les Bleus dans un coin de sa tête.
Jonas, peut-on avoir de vos nouvelles ? Vous n’étiez pas du déplacement de Chaumont à Sète (victoire 3-1) samedi soir en Ligue A…
Tout va bien ! On est treize dans l’équipe depuis qu’on a recruté Francesco De Marchi, un nouveau réceptionneur-attaquant. Et le poste où on se retrouve « suroccupé » pour un match de volley classique, c’est celui des centraux, puisqu’on est quatre. Avec le gros trajet que l’on venait de faire en Russie en Ligue des champions, le coach avait décidé de mettre un joueur au repos, soit moi, soit l’autre central titulaire, Daniel Vandoorn. Et comme Van Doorn avait déjà pris un jour de repos lors du match contre Montpellier, le coach a décidé que ce serait moi ce coup-ci. L’équipe est rentrée tard de Sète dimanche après-midi, j’en ai profité pour faire une séance de « muscu » et bosser un peu plus.

Pas de nouvelle blessure, donc…
Non ! Tant mieux, parce que je pense que j’ai donné ! J’espère que la prochaine blessure arrivera le plus tard possible. Tout le staff est aux petits soins avec moi, à la moindre petite alerte.

Justement, pouvez-vous nous rappeler par où vous êtes passé de ce côté-là ?
Tout a commencé juste avant les Jeux Olympiques, en 2016. On était à Tourcoing avec l’équipe de France, pour jouer la Ligue Mondiale. Cela faisait un moment que ça n’allait plus trop avec mon tibia. J’ai fait un entraînement où ça n’allait plus du tout, et Laurent (Tillie) m’a dit : « Tu t’arrêtes, tu vas te soigner. » Je me suis arrêté trois mois, le classique pour une fracture de fatigue. Je suis revenu tranquillement, et le jour de la reprise, à Chaumont, je me luxe la rotule, la même jambe, côté gauche. Deux mois. Et le jour où je suis revenu de ça, je me suis cassé le petit doigt sur un bloc. Opération, encore un mois. J’ai pu reprendre en janvier l’année dernière puis jouer jusqu’à la finale du championnat de France, que j’ai disputée sous anti-inflammatoires à cause de tibia. J’avais tiré dessus, j’espérais que ça allait passer. Après avoir fait des examens, c’est la fracture de fatigue qui était revenue…

Retour à la case départ…
Un nouvel été au chaud, on va dire. A la reprise de l’entraînement, à Chaumont, j’avais toujours mal. Je suis allé voir un spécialiste à Montpellier, qui m’a dit que c’était en fait un peu plus grave qu’une fracture de fatigue, mais que c’était facile à guérir. Finalement, j’ai pu reprendre début décembre. Est-ce que ce problème est réglé ? J’ai du mal à le dire, parce que je suis assez superstitieux. Mais pour l’instant, je n’ai plus aucune douleur. C’est un travail de tous les jours. Comme pour toutes les autres blessures, ce n’est pas parce que tu n’as plus mal qu’il ne faut pas travailler pour éviter que ça revienne.

Pendant cette période-là, vous n’avez pas perdu espoir ?
Ah si… Parfois, tu te lèves le matin, tu as mal partout, tu te dis : « J’arrête, c’est bon, j’ai fait mon temps, il y a autre chose que le volley. » Tu as le temps de réfléchir, ce n’est pas bon. Tu marronnes, tu marronnes… Mais après, tu n’es jamais vraiment tout seul. En muscu, j’étais toujours avec le prépa physique, le kiné, ou même les potes de l’équipe. Ils ne m’ont jamais lâché. Tu te dis ça pendant deux ou trois heures, puis tu repars au boulot et ça va mieux. Et ma copine m’a beaucoup aidé pendant cette période, je la remercie énormément.

« On n’a encore rien gagné »

Vous avez pu reprendre dans une équipe où aviez vos repères à Chaumont, avec le même coach (Prandi), le même passeur (Gonzalez), le même pointu (Boyer)…

C’était bien pour moi, surtout que le coach m’a fait confiance. Dès que j’ai été en état de reprendre, il a pris le temps avec moi. Il m’a fait rentrer doucement, histoire que je reprenne la confiance. Et quand j’étais sur le terrain, il me laissait, même quand je faisais des erreurs, pour que je puisse reprendre mes repères. Et les gars de l’équipe m’ont bien aidé.

Comment jugez-vous votre niveau de jeu ?
Ça varie beaucoup en ce moment. J’avais très bien repris, surtout à l’attaque. Là, il me manque quand même un peu de travail pour être bon au bloc, pour retrouver mon niveau, et même un peu au service. Il y a toujours une marge de progression. Et même si je juge que je retrouve mon niveau, il faut toujours pousser pour essayer de se dépasser.

Collectivement, l’équipe marche bien pour le moment…
Niveau comptable, pour l’instant, on est bon. Mais il va falloir conclure. Parce qu’on n’a encore rien gagné, à part la Supercoupe. En Championnat, on est sans doute qualifiés pour les playoffs, mais on aimerait assurer une place dans les trois premiers. En Ligue des champions, on est bien partis, mais on peut aussi tout perdre sur deux matchs. Et en Coupe de France, si on s’arrête en demi-finales, on aura fait tout ça pour rien.

Vous attendiez-vous à être aussi performants en Ligue des champions ?
Non, pas du tout. On pensait faire comme Toulouse, prendre un point par-ci, par-là, découvrir ça avec des grands yeux. Et finalement, à jouer notre carte à fond, on s’est retrouvés à prendre trois points à Belchatow, à prendre encore deux points contre le Dinamo Moscou, et encore un point contre Novosibirk chez nous. Il n’y a que le dernier match, à Novosibirk, où on n’a pas pris de point, mais c’est la meilleure équipe de la poule. La grosse échéance, ça va être à Moscou, parce que Belchatow revient fort derrière.

Vous affrontez quand même des grands noms d’Europe…
C’est clair, ce sont de grands noms, de grands joueurs aussi. J’avais eu cette occasion avec l’équipe de France, mais je trouve ça presque plus fort en club. Parce que tu sens qu’ils te regardent vraiment de haut, et on arrive à les accrocher. En plus on joue pour une ville, la ville entière nous suit. Franchement, voir notre public comme ça avec nous, c’est extraordinaire.

Le point négatif, ce sont les voyages…
Le manager et le président étaient bien blancs quand on a vu le tirage au sort (rires). La Russie, pour le club, c’est compliqué, il faut faire des visas... On a fait 13 000 kilomètres en une semaine, avec quelques problèmes. On est restés à Moscou jeudi soir parce qu’on a manqué l’avion. En rentrant, moi j’ai eu de la chance parce que je suis rentré directement à Chaumont, j’ai pu vite retrouver mon lit. Mais les gars ont pris le train pour Sète, et en arrivant à Montpellier, le loueur de voitures était fermé. C’était une galère monstre. Et là ils sont revenus dimanche à 18h, en étant partis le dimanche précédent à une heure du matin. Il y a de la fatigue, mais ils ont réussi à prendre trois points à Sète, donc respect infini à toute l’équipe !

« Contre Nantes, un beau combat »

Maintenant, il y a la Coupe de France, mardi soir. Ce serait la première finale du club…
Ce serait notre première finale de Coupe, oui, et même pour moi. C’est la première fois que j’arrive à passer les quarts de finale avec mon club ! On va jouer contre Nantes, qui a joué la finale l’année dernière, qui sait comment ça se passe. C’est, entre guillemets, un petit contre un gros, donc il faut se méfier. Ils sont juste à la limite pour les playoffs pour le moment. Une finale de Coupe, ça pourrait sauver leur saison s'ils ratent les playoffs. Ils vont venir avec le couteau entre les dents. En plus, leur passeur a joué chez nous l’année dernière, il va vouloir nous battre !

Pour un club jeune et ambitieux comme Chaumont, c’est un beau trophée à aller chercher…
On a gagné le Championnat l’année dernière. On est allés en finale de Challenge Cup. On gagne la Supercoupe cette année. Si on arrive à aller en finale de la Coupe de France dans la foulée, ce serait très fort pour le club. Tout le monde est branché Coupe de France maintenant. Ça va être un beau combat.

Terminons avec l’équipe de France. Vous étiez dans le groupe qui a réussi le double Ligue Mondiale-Euro en 2015, même si vous n’étiez pas titulaire. Où vous situez-vous désormais ?
C’est toujours quelque chose que j’ai en tête. Une fois qu’on y a goûté, on n’a pas envie de partir ! Je me bats avec mes adversaires principaux, mes rivaux de toujours, que ce soit Franck Lafitte, Nicolas Le Goff, Barthélémy Chinenyeze, Kevin Le Roux… On se parle souvent. Pour l’instant, je n’ai pas de nouvelles de Laurent Tillie, je ne sais pas comment va se passer l’été. C’est surtout un combat contre moi-même, pour revenir à mon meilleur niveau, essayer de le dépasser et espérer un meilleur poste que ce que j’ai eu jusqu’à présent. J’aimerais bien avoir un peu plus de temps de jeu.

C’est un poste où il y a en effet une certaine concurrence…
Cette saison, c’est un peu difficile pour tout le monde. Kevin Le Roux, c’est compliqué (parti de Moscou pour revenir à Rennes, ndlr), Nicolas Le Goff a un peu de mal en Italie, le club ne lui fait pas confiance, alors que c’est un super joueur. Chinenyeze fait une super saison à titre personnel avec Toulouse, mais son club n’arrive pas à décoller. Franck Lafitte a aussi quelques pépins physiques. Finalement, on est tous à se battre contre les éléments. Mais ça peut aussi nous faire progresser. Il ne faut rien lâcher.
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Coubertin en ligne de mire. Les deux demi-finales de la Coupe de France se disputent mardi soir : à domicile, Chaumont, champion de France en titre, a l'occasion de retrouver Coubertin pour la deuxième fois en moins d'un an après son historique premier sacre, à condition de battre une équipe de Nantes qui, l'an dernier, avait joué la finale de la Coupe à Clermont Ferrand mais battue par Ajaccio. Les partenaires de Jonas Aguenier, deuxièmes en Ligue A, partent favoris face à des Nantais qui occupent quant à eux la 9e place. L'autre demi-finale, qui s'annonce très disputée, met aux prises Poitiers, double vainqueur de l'épreuve (1996 et 2002) et dont la dernière finale, perdue, remonte à la saison 2002-2003, à Tourcoing, promu cette saison en Ligue A, qui compte six finales de Coupe, toutes perdues ! La finale aura lieu le 10 mars au stade Pierre-de-Coubertin.