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(Miniature) Christina Bauer : « Un nouveau départ »
crédit photo : JJ Zumkeller
15/05/2017
Christina Bauer : « Un nouveau départ »
A 29 ans, Christina Bauer est une des anciennes et la capitaine de l’équipe de France qui a disputé deux matchs amicaux ce week-end face à la Belgique à Belfort. La centrale des Bleues se confie sur la saison internationale qui débute fin mai par un TQCM au Portugal.
Avant de parler de l’équipe de France, évoquons votre saison en club avec Bolzano : quel bilan en tirez-vous ?
C’était une saison différente de ce que j’avais connu auparavant, parce que c’était un club qui n’en était qu’à sa deuxième saison en première division italienne, avec du coup des objectifs moins ambitieux, mais cela a été une très bonne expérience. Toutes mes coéquipières étaient nouvelles, je ne connaissais pas non plus le staff, il a fallu s’adapter à cet environnement nouveau, mais on m’a fait confiance dès le début en me nommant capitaine, et ça s’est vraiment bien passé avec l’équipe, les dirigeants et le public. J’ai aussi beaucoup aimé l’endroit où j’ai vécu, j’ai découvert une nouvelle région, le Tyrol du sud, avec une culture complètement différente de ce que j’avais connu avant et j’ai évolué avec des gens humainement formidables. Sportivement, on finit 8e de la saison régulière, très près de la 5e place, et même si on perd finalement en barrages, j’en tire plus de positif que de négatif.

Où jouerez-vous la saison prochaine ?
Je n’ai pas encore pris de décision. Si je peux rester à Bolzano, je serai contente, mais j’attends de savoir ce qu’ils comptent faire la saison prochaine, ils ne savent pas encore de quel budget ils disposeront. Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais rester dans le Championnat italien qui est le plus beau au monde, de par la ferveur et le niveau, j’ai fait cinq saisons là-bas, je m’y plais. Après, si ce n’est pas possible, je préparerai mes valises et je m’installerai ailleurs. Je me suis habituée à l’Italie, comme je m’étais imprégnée de la façon de vivre des Turcs pendant les deux saisons passées là-bas, je n’ai pas de crainte particulière de partir dans un nouveau pays, le plus compliqué finalement, ce sont les déménagements à répétition, ça demande de l’organisation.

Vous jouez depuis plusieurs saisons à l’étranger, pensez-vous que certaines joueuses françaises doivent tenter l’expérience pour progresser ?
Oui, on a joué ce week-end contre les Belges, la plupart des joueuses de leur six de base évoluent aujourd’hui dans les meilleurs championnats à l’étranger, ça leur permet de progresser. C’est important de se confronter au meilleur niveau européen, cela permettrait de faire monter le niveau en équipe de France. Je sais par expérience que la première année est un cap difficile à franchir, mais après, c’est énormément de satisfaction. Je pense qu’il faut en passer par là si on veut passer à un niveau supérieur dans sa carrière personnelle. C’est aussi une opportunité très importante en termes d’expérience de vie, de rencontres, d’apprentissage de langues ou de cultures différentes, ça va au-delà du sport. Ce choix est difficile à faire quand on est bien installé dans son Championnat, avec le risque de se retrouver remplaçante, mais j’ai toujours poussé les autres à tenter leur chance, j’espère que certaines prendront cette décision.

"Trouver une continuité"


Parlons maintenant de l’équipe de France, comment accueillez-vous le projet Génération 2024 qui vise à bâtir une équipe de France compétitive pour les Jeux de 2024 ?
Avec l’équipe de France en dix ans, j’ai connu plusieurs phases : le premier résultat que j’ai en tête, c’est une 8e place en 2007 au Championnat d’Europe, nous avions aussi fait 8e en 2013 avec une équipe qui a été sans doute été la meilleure que j’ai connue, nous commencions à faire des résultats contre de bonnes sélections, puis cela a été plus difficile. Ce qui est important aujourd’hui, c’est de trouver une continuité. Ces dernières saisons, on a vu que certaines joueuses ont arrêté le volley ou l’équipe de France très jeune, il faut arriver à trouver et à fidéliser une base qui puisse rester à peu près la même de maintenant jusqu’à 2024. Je pense que ce projet marque un nouveau départ avec un nouveau staff et des joueuses qui, pour certaines, ont fêté leur première sélection ce week-end contre la Belgique. Le programme de la saison est important avec le World Grand Prix, auquel l’équipe de France n’a jamais participé, c’est une superbe opportunité. Après, en 2024, je ne serai plus joueuse, mais j’espère vraiment que la France pourra accueillir les Jeux et que l’équipe de France pourra se préparer au mieux pour cette échéance.

Comment voyez-vous ce groupe nouveau ?

Il y a du potentiel dans cette jeune équipe de France. Il fut un temps où beaucoup de joueuses de la sélection étaient remplaçantes en Championnat de France, aujourd’hui, elles sont beaucoup plus protagonistes. Il y a certes des absentes ou des blessées mais déjà, on sent qu’il y a de la qualité physique avec des filles grandes de 1,90m et des jeunes prometteuses.

En tant que capitaine de l’équipe de France, vous sentez-vous investie de responsabilités particulières auprès de ces jeunes ?
Je suis une des plus anciennes, avec Alexandra Rochelle qui est arrivée avant moi, nous avons des souvenirs et des anecdotes de compétitions ou de stages dont nous pouvons parler aux plus jeunes. Par exemple, quand nous jouons contre la Belgique, il y a des filles en face que nous connaissons depuis que nous sommes cadettes, on a donc toujours des conseils à faire passer auprès des joueuses plus jeunes. Après, nous essayons aussi d’être exemplaires sur le terrain.

"Mes treize saisons sont passées à une vitesse folle"

Quels objectifs vous fixez-vous sur cette saison internationale ?

Ce sont d’abord les qualifications pour le Championnat du monde fin mai, j’espère que nous pourrons terminer parmi les deux premiers (*), ce serait un bon début. Pour cela, il faut d’abord travailler sur la confiance. Sur les deux matchs joués ce week-end contre la Belgique (défaites 1-3 et 0-3), on fait trop de fautes directes ; au haut niveau, on ne peut pas se permettre de faire dix fautes directes par set, il faut vraiment qu’on s’améliore là-dessus en vue de ce Tournoi de qualification. A priori, l’Allemagne est au-dessus, mais elles sont en train de vivre un changement de direction, avec certaines joueuses qui ont arrêté, d’autres qui se sont dirigées vers le beach-volley, il faudra voir quel groupe elles vont aligner. Ensuite, la Slovénie est une bonne équipe qui progresse depuis quelque temps, elle arrivera aussi avec l’ambition de se qualifier.

Vous l’avez dit, l’équipe de France disputera ensuite début juillet le World Grand Prix pour la première fois de son histoire, êtes-vous excitée à l’idée de jouer une telle compétition ?
Pour l’équipe de France, c’est vraiment une très belle opportunité qu’il faut mettre en avant. Nous ne connaissons pas du tout le niveau des équipes que nous allons rencontrer et nous ne connaissons pas du tout la compétition. Pour en avoir parlé avec des coéquipières en club, je crois que c’est un format éprouvant, avec des voyages tout le temps, le décalage horaire à encaisser, trois matchs en trois jours chaque week-end, ce sera tout nouveau pour nous.

Vous avez été très bien accueillies à Belfort, est-ce important pour cette jeune équipe de France féminine de sentir ce soutien derrière elle ?
Dans l’Est, nous sommes toujours très bien accueillies, c’est une terre de volley. Nous avons souvent été à Mulhouse, à Sélestat aussi, là, nous sommes à Belfort où ça se passe très bien en termes d’organisation. Nous essayons d’être des exemples pour les gens qui viennent nous voir, notamment pour les plus jeunes. Je sais que dans les tribunes, ici à Belfort, des parents sont venus voir mes parents pour leur demander comment on fait pour que son enfant devienne un champion ! Après, nos derniers résultats sont un peu en forme de montagnes russes, il faudrait arriver à être plus régulières, parce qu’il n’y a que quand on fait des bons résultats qu’on parle de nous, on le voit bien avec les garçons.

Finissons par votre avenir : commencez-vous à penser à votre après-carrière ?
Je commence à y penser un peu plus souvent ! Samedi à Belfort, il y avait mon premier entraîneur de Mulhouse dans les tribunes, j’avais 16 ans, mes treize saisons sont passées à une vitesse folle ! Après, ça dépend de la motivation et de l’état physique, il y a des joueuses qui ont continué jusqu’à 40 ans en première division, d’autres qui ont arrêté très jeune, je pense à Mallory Steux, la passeuse, qui avait arrêté à 26 ans après avoir connu beaucoup de pépins physiques alors que c’était une joueuse très motivée et engagée dans le volley, je suis d’ailleurs très contente pour elle parce qu’elle reprend l’année prochaine. Personnellement, je me suis fixée comme objectif de jouer jusqu’à 32 ans, c’est-à-dire encore trois saisons, après, je ne sais pas ce que je ferai, mais je sais que j’aurai besoin de challenges. Le volley apporte des émotions incroyables, j’ai eu la chance de gagner quelques titres dans ma carrière, ce sont des choses difficiles à trouver dans un autre métier. Je ne pense a priori pas me diriger vers un poste d’entraîneur, mais pourquoi pas team manager ou quelque chose dans ce style-là ?

(*) A l'issue de ce TQCM au Portugal disputé sous la forme d'un Championnat à six équipes (31 mai-5 juin), celle qui termine première de la poule des Bleues (Allemagne, Slovénie, Portugal, Finlande, Estonie) se qualifie directement pour le Championnat du monde 2018, la deuxième dispute un ultime TQCM à six équipes en août.