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31/03/2017
Avec Jonas Aguenier à Chaumont
Jonas Aguenier est de retour ! Après une première partie de saison gâchée par des blessures, le central de Chaumont retrouve le niveau qui a fait de lui un international tricolore. Au moment d’aller disputer la demi-finale retour de Challenge Cup face à Ziraat Bankasi à Bursa, il se confie…
Vous avez remporté la demi-finale aller de Challenge Cup contre Ziraat Bankasi Ankara 3-1, forcément une satisfaction ?
Oui, complètement, on ne s’y attendait pas trop. On y allait vraiment pour gagner, mais vu le niveau de l’équipe en face, les stars qu’ils ont, on s’est dit qu’il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs, et au final, ça s’est très bien passé. Ils ont commencé le match en nous mettant beaucoup de pression au service, on a réussi à éteindre l’incendie et après, on a beaucoup travaillé sur notre service pour les mettre en difficulté et les rendre fous en leur montrant que ce n’était pas avec de la force et de la hauteur qu’ils allaient nous avoir, on a réussi à changer la donne comme ça.

A quel match retour vous attendez-vous ?
A mon avis, il faut se dire que nous allons jouer une autre équipe. Ils sont dos au mur, ils ont quand même de très bons joueurs avec beaucoup d’expérience, ils vont sans doute nous attaquer d’entrée en nous mettant une pression énorme. Si c’est le cas, il faudra arriver à laisser passer l’orage puis contre-attaquer, un peu comme on l’a fait mardi. L’issue va à mon avis beaucoup dépendre d’Ankara, plus que de nous.

Cette Challenge Cup était-elle d’entrée un objectif de la saison ou l’est-elle devenue au fil de la compétition ?
On avait l’objectif d’aller au moins en demi-finales parce que notre tableau était ouvert. Sur les trois équipes que nous avons affrontées avant Ankara, il n’y avait que Lisbonne qui était favorite lorsqu’on a joué contre eux parce que cela faisait deux années de suite qu’ils allaient en demi-finales. Une fois qu’on a passé ce tour, on s’est focalisés sur Ankara, et à partir de maintenant, ce n’est que du bonus.

Parlons du Championnat : Chaumont a terminé en tête de la saison régulière, vous attendiez-vous à pareille fête ?
Non, pas vraiment, mais on voulait terminer parmi les deux premiers. On a fait toute la saison à couteaux tirés avec Montpellier, notre objectif était de gagner contre Tours notre avant-dernier match pour être sûrs d’être premiers ou deuxièmes. Contre Nice, on n’a pas fait tourner, on s’est dit qu’il fallait jouer ce match sans calculer, et au final, on se retrouve premiers, mais on va jouer contre une bonne équipe de Poitiers, c’est un nouveau Championnat qui commence.

Qu’est-ce qui fait la force de Chaumont cette saison ?
Je pense que nous sommes le mix parfait, dans le sens où nous avons des vieux et des jeunes, des Français et des étrangers, mais aussi des caractères assez similaires : personne n’a un très gros caractère et personne n’est trop introverti, on a réussi à trouver un équilibre, notre coach a beaucoup travaillé le recrutement pour prendre des joueurs compatibles et je pense que c’est ce qu’il faut aujourd’hui dans le Championnat de France. On voit que les équipes avec de grosses personnalités ont du mal à s’en sortir. Et on n’a pas de mec qui, tout seul, va nous claquer 40 points par match ; à chaque fois, ça tourne beaucoup : les deux centraux, on fait une dizaine de points tous les deux, Stephen Boyer fait ses 20 points par match, les récep-attaq’ et le passeur font aussi leurs points, nous sommes assez imprévisibles. Par rapport à d’autres équipes contre lesquelles tu peux te dire que tu vas orienter ton plan de jeu sur un joueur, nous, ça peut changer à chaque match.

Physiquement, ne craignez-vous pas que le fait de jouer l’Europe nuise à votre fin de saison en Championnat ?
Si, c’est compliqué. Là, on se tape dix heures de déplacement aujourd’hui (vendredi), on fait le même lundi matin et on rejoue mercredi contre Poitiers. Et si jamais on passe en finale de Challenge Cup, il y a des chances de jouer contre Fakel, une équipe en pleine Sibérie. J’avais été là-bas quand j’étais à Nantes, il faut compter vingt heures de déplacement avec quatre-cinq heures de décalage, on est presque en Asie. On risque d’avoir ça en plein milieu des playoffs. Ce serait un beau challenge parce que le titre serait à deux matchs, mais par rapport au Championnat, ça deviendrait compliqué.

Qui voyez-vous sortir du lot en playoffs ?
Un peu tout le monde. Il y a bien sûr Montpellier qui tourne bien et Tours qui a l’habitude de ces rendez-vous, mais il peut y avoir des surprises, notamment Paris ou Ajaccio. Si leur quart se jouait au meilleur des cinq matchs, Paris sortirait à mon avis vainqueur, mais là, au meilleur des trois, Ajaccio a sa chance, ils sont un peu comme nous, ils jouent sur l’envie, ça peut se dénouer sur le troisième match. On va suivre ça de près, puisque si on va en demi-finales, on affrontera l’un des deux, il faudra faire attention.

Vous êtes arrivé à Chaumont l’été dernier, pouvez-vous nous parler de ce club de plus en plus ambitieux ?
Je l’ai découvert dans des conditions spéciales, puisque j’ai commencé en étant six mois blessé ! Mais ça m’a permis de voir le bon côté du club : quand tu es blessé, on peut vite te laisser dans ton coin, surtout quand tu arrives dans un endroit que tu ne connais pas, mais là, tout a été mis en place pour que je revienne le plus vite possible et dans la meilleure forme possible, Chaumont est un club très professionnel, je me suis vraiment rendu compte que j’avais eu de la chance de signer dans un club comme ça. C’est un club ambitieux, qui se donne les moyens, mais sans se prendre pour quelqu’un d’autre. Les dirigeants ne visent pas trop haut trop vite. On a certes terminé premiers, mais personne ne s’enflamme, on sait tous qu’on n’a fait que la moitié du job et qu’une nouvelle saison commence. Tout le monde reste serein, on ne nous met pas trop de pression. Et surtout, que ce soit le président, l’entraîneur ou les joueurs, chacun reste à sa place.

"Un soulagement de me dire que j’arrive au bon moment"

Parlons maintenant de votre longue période d’indisponibilité, comment l’avez-vous vécue ?

Ça a commencé en équipe de France par une blessure juste avant la Ligue Mondiale : je m’étais fait deux traits de fracture de fatigue au tibia, une périostite qui s’était aggravée, j’avais un peu forcé pour rester. J’ai été arrêté trois mois, j’ai passé mon été allongé pour bien cicatriser, quand je suis arrivé à Chaumont, j’ai repris le physique tranquille, on a attendu que je me remette bien pour reprendre le volley.
 Et quand j’ai repris le premier entraînement de volley, je me suis luxé la rotule le premier jour, j’en ai repris pour deux mois, le club a vraiment bien respecté les délais. Et le jour où je suis revenu, je me suis cassé le petit doigt, j’ai dû me faire opérer, j’en ai repris pour un mois ! Le plus dur, en plus de l’enchaînement des blessures, c’est de voir le temps qu’il faut après la blessure pour revenir à un vrai niveau. Quand j'ai rejoué, à partir de décembre, pendant deux mois, ça me « gonflait » de voir le niveau que j’avais, je n’avais pas l’habitude de ça. Finalement, je ne l’ai récupéré qu’en février.

Effectivement, on a l’impression que vous avez retrouvé votre niveau aujourd’hui, au meilleur moment ?

Je peux encore progresser, mais déjà, j’ai retrouvé mon niveau physique courant février et là, je sens que je suis en train de retrouver mon niveau tactique. Pour un central, il faut savoir lire le jeu, jouer avec le passeur d’en face, ce n’était pas le cas avant où je n’arrêtais pas de me faire avoir dans tous les sens, j’avais l’impression qu’on me prenait comme un enfant, ça faisait mal au moral. Le coach et le staff m’avaient fixé comme objectif de revenir à 100% pour les playoffs, je m’étais dit que je reviendrais avant, mais en fait, ils ont vu juste, puisque je suis revenu à un bon niveau trois matchs avant les playoffs. Ils m’ont vraiment aidé là-dessus, ils ne m’ont pas pressé pour revenir trop vite.

Finissons par l’équipe de France, comment avez-vous vécu les JO à distance ?
C’était un peu difficile à vivre, parce que ça faisait trois ans que j’étais avec eux. Je savais qu’il y allait avoir une sélection entre Franck (Lafitte) et moi, je n’étais pas sûr d’y aller, mais c’est toujours compliqué à vivre à distance. C’était trop stressant, je n’en pouvais plus sur mon canapé. C’est dommage qu’ils n’aient pas pu aller plus loin.

Une nouvelle saison débute, chargée, on imagine que votre retour en forme vous donne des espoirs de retrouver les Bleus ?

C’est vrai, il y a un très très gros programme, le plus gros depuis que je suis en équipe de France, ça donne forcément envie. On sait que vu le calendrier, on ne pourra pas faire toute la saison internationale avec 12 joueurs, donc même si certains ne sont pas sélectionnés au début, il y aura peut-être des opportunités pour revenir. Au niveau des centraux, comme Franck ne peut pas faire la saison internationale, il y a une place en plus par rapport à la saison précédente, c’est donc un soulagement de me dire que j’arrive au bon moment. Maintenant, on verra, je n’y vais pas la fleur au fusil, ce n’est pas parce que j’avais ma place avant que je vais la retrouver, une sélection, ça peut changer.

Antonin Rouzier et Nicolas Maréchal ne seront sans doute pas là cette saison, est-ce que ça change quelque chose pour l’équipe de France ?

Forcément, parce que l’un comme l’autre sont importants dans le groupe. Il y a aussi Kevin (Tillie) qui est blessé, on va sans doute avoir un vent de jeunesse dans cette équipe de France, il faudra compter sur les anciens pour gérer tout ça.

Un vent de jeunesse, ça peut vouloir dire Stephen Boyer, que vous côtoyez à Chaumont, pouvez-vous nous parler de lui ?
C’est un super joueur et un super mec. Il a fait une très bonne saison l’année dernière, le plus dur dans pareil cas, c’est de refaire la même l’année d’après. Il y a souvent un coup de mou, je l’ai eu à Cannes ma deuxième saison, Stephen l’a eu en début de saison, mais quand on voit la manière avec laquelle il s’est relevé, ça montre qu’il a du caractère. Il a beaucoup progressé au niveau tactique : avant, il jouait beaucoup sur sa hauteur et sa puissance, maintenant, il joue un peu plus avec sa tête, il nous a sortis de situations bien compliquées cette saison, je pense qu’il a le potentiel pour aller en équipe de France, il va sans doute batailler avec Jean (Patry). C’est bien pour nous de voir arriver au même moment sur le même poste deux jeunes de ce niveau-là de 1995-1996, ça ne peut que pousser l’équipe de France vers le haut.