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07/06/2016
Tillie : « La motivation va revenir »
Rentré lundi en France, Laurent Tillie revient dans le détail sur le TQO de Tokyo qui a permis aux Bleus de se qualifier pour les Jeux de Rio. Le sélectionneur évoque également la Ligue Mondiale qui débutera dans moins de deux semaines en Australie.
Revenons d’abord sur le déroulé de ce TQO : vu de l’extérieur, on a eu l’impression que l’équipe de France l’a attaqué avec beaucoup de pression, trop de pression ?
Il y avait effectivement beaucoup de pression, parce qu’on attendait tous ce tournoi depuis longtemps, on voulait bien faire, se qualifier. Il y avait aussi beaucoup de fatigue parmi les joueurs ayant terminé leur saison très tard. Du coup, la préparation a été assez bizarre, tronquée, avec des reprises étagées et très peu de collectif. Après, sur les premiers matches, les joueurs ressentaient un peu de frustration parce qu’ils avaient l’impression de ne pas jouer comme ils le faisaient avant, tout ça a fait qu’ils se sont énervés et ont fait preuve d’impatience.

Au regard du parcours de la Chine, la victoire 3-1 en ouverture du TQO n’était pas un si mauvais résultat…
C’était même un très bon résultat. Certains s’imaginaient peut-être que ça allait être facile, mais en fait, on s’est aperçu que le niveau de ce TQO était très élevé, il fallait vraiment se battre sur tous les matches.

Il y a ensuite ce match contre la Pologne que vous aviez en main avant de le perdre en cinq sets, cela a-t-il été compliqué de remobiliser les joueurs après ?
Oui, parce qu’ils sont sortis très déçus et frustrés, conscients d’avoir raté l’occasion de faire un pas important vers la qualification. Derrière, notre objectif avec mon staff a été de les remobiliser, de les recentrer sur ce qu’ils avaient à faire, ce qui n’était pas évident, avec cette pression constante du résultat. Je leur tire vraiment mon chapeau parce qu’ils ont réussi à redresser la barre.

En battant l’Iran puis l’Australie au terme d’un quatrième set à très haut suspense (44-42), comment l’avez-vous vécu ?
Nous étions bien dans le match, nous ratons la fin du set, parce que nous menons 24-20 sans parvenir à concrétiser, mais à partir de 24-24, les joueurs ont très bien géré le service et le side-out. Les Australiens ont eu beaucoup de réussite, mais nous ne nous sommes jamais énervés, je pense que ce set est le tournant mental dans la compétition.

D’autant que derrière, vous battez 3-0 le Canada, vous attendiez-vous à un match si facile ?
Malgré une grosse fatigue et un horaire compliqué, les joueurs ont été très concentrés contre des Canadiens qui avaient décidé de faire tourner et n’ont du coup pas eu la même agressivité que nous. Ce qui explique aussi pourquoi ce match a été un peu plus facile.

Avec une très grosse joie après le dernier point…
Oui, on croyait que nous étions qualifiés ! Mais en faisant les calculs, nous nous sommes aperçus que l’Australie pouvait nous passer devant, il fallait donc finir le travail en gagnant un cinquième match.

Chose faite difficilement le lendemain face au Venezuela, ce match a-t-il été compliqué à vivre ?
Oui, c’était un match tendu, on ne peut pas dire que nagions dans la sérénité. Mais à l’arrivée, c'est un sentiment énorme. Au bout de quatre ans, on se qualifie sur le dernier tournoi, l’avant-dernier jour. On est morts, les joueurs sont cuits...

Morts mais soulagés ?
Oui, c’est assez étrange, parce que dans mes rêves les plus fous, quand je m’imaginais qualifié pour les Jeux, je pensais sauter au plafond, avoir le cœur à 180 toute la journée alors qu'en fait, il y a certes eu un soulagement et une satisfaction énormes mais pas d’euphorie. En essayant d’analyser cet état, je crois que c’est parce que nous avons tellement souffert, c’était un tel parcours de combattant avec une très grosse pression sur le dernier tournoi, qu’à l’arrivée, nous étions juste satisfaits.

Peut-être aussi parce que cette qualification n’est qu’une étape ?
Oui, c’est vrai. Et nous avons d'ailleurs déjà essayé de rebondir dessus, nous avons fait un briefing après la qualification pour nous projeter vers Rio, en expliquant aux joueurs la difficulté du programme très chargé qui nous attend désormais.

On a l’impression que la fatigue est surtout mentale au sortir de ce TQO…
Oui, cette fatigue mentale vient de la fameuse pression. C’est la première fois que nous avions une telle pression, à la fois intérieure et extérieure, qu’il y avait autant de médias pour nous suivre, même des supporters sont venus nous soutenir au Japon. Et c’est surtout une pression que nous nous sommes mise nous-mêmes, parce que c’était notre rêve d’y aller.

Cette pression va encore vous accompagner sur la Ligue Mondiale et les JO, non ?
Non, ça ira beaucoup mieux parce que pour moi, notre épuisement mental était lié à cette pression de la qualification. Je pense que nous allons désormais monter en puissance graduellement parce que nous sommes soulagés, parce que nous sommes vivants. Nous allons certes faire de longs voyages avec la World League, mais pour affronter des grosses équipes et défendre notre titre, la motivation va vite revenir.

Quel sera votre objectif sur cette compétition qui vient très vite ?
La gagner. On va essayer de la gagner avec les moyens du bord. Et que l’on ne me parle pas de turn-over. Ce que je n’accepte pas sportivement, c’est de dire : on va faire un turn-over pour je ne sais quelle raison. Pour moi, sur les compétitions officielles, le turn-over, c’est uniquement si un joueur est mauvais, alors il sort. Sur les matches amicaux en revanche, je fais en sorte que tous les joueurs jouent 50% du temps, parce que tout le monde a besoin de travailler. Mais sur les matches officiels comme ceux de la World League, mon unique objectif est de les gagner. Et la meilleure préparation pour Rio, c’est de gagner la World League.