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07/10/2015
Granvorka : «C’est juste et humble de viser le podium»
Consultant pour beIN Sports, qui retransmet la compétition, l’ancien international Frantz Granvorka évoque les chances de l’équipe de France sur l’Euro 2015 qui débute vendredi en Italie et en Bulgarie.
Revenons d’abord sur la Ligue Mondiale, vous attendiez-vous à voir l’équipe de France remporter la compétition ?
Je pense que cette équipe de France était un vrai danger. Pour revenir en arrière, on l’avait vue un peu hésitante lors des qualifications au Championnat du monde 2014, mais depuis, à chaque fois qu’on la retrouvait, on constatait une nette progression. Il y avait un bon groupe, une base de joueurs très doués qui ont mûri avec le staff, et cela se sentait. Je pense que le Championnat du monde a été très important dans cette progression, c’est plus sur cette compétition que l’équipe de France a été surprenante, même si c’est dommage que sur la fin, elle n’ait pas eu de médaille. Mais sa régularité et sa consistance sur l’ensemble de la compétition m’ont surpris. Du coup, sur cette année 2015, je m’attendais à ce qu’il se passe quelque chose, ça « transpirait » la réussite ! Après, ils venaient de loin, il fallait déjà sortir de la poule, réussir à gagner la phase finale de la Division 2 et ainsi de suite… mais les ingrédients étaient là: les joueurs étaient physiquement et mentalement prêts, et au-delà du travail fourni, on sentait une bonne cohésion et beaucoup d’enthousiasme.

Y a-t-il eu des moments clés dans ce parcours triomphal ?
Non, ils ont été particulièrement réguliers, c’est ça qui est très intéressant. Ils ne perdent qu’un match contre les Américains, on a alors senti une baisse de régime, un manque d’explosivité, mais sur tout le reste de la Ligue Mondiale, l’équipe a été intouchable. Ce qui dénote, c’est la capacité des joueurs à aller chercher la victoire ensemble, ce n’est pas donné à tout le monde. Dans les très bons reportages que l’on a vus sur eux, ils expliquent que leurs différences leur permettent de se rassembler, cela sous-entend que psychologiquement, il y a une vraie osmose entre eux: quelles que soient leurs différences, ils sont focalisés sur l’objectif, c’est ça qui fait vraiment leur force. Ils sont capables d’affronter n’importe quel adversaire, car à l’intérieur, dans leur « Team Yavbou », ça reste solide.

Earvin Ngapeth MVP, c'est logique ?
Oui, c’est génial, parce que c’est un joueur très inventif, qui va très vite, a un jeu de jambes phénoménal qui lui permet de repartir de l’avant sans course d’élan. Il a en outre une intuition qui est facilement la bonne, parce qu’il a une capacité de coups différents qui perturbe tout le temps les adversaires, il a aussi une grosse capacité à motiver son équipe, donc à montrer quelle est la route à prendre. Son titre de MVP est mérité. Maintenant, il faut transformer tout ça sur des compétitions encore plus importantes, je pense bien sûr aux JO.

"Ne pas changer d'habitudes"

Quelle est la part du staff dans la réussite de cette équipe ?
Le staff fait beaucoup. Laurent Tillie bien sûr, mais aussi ses adjoints, Arnaud Josserand et Luc Marquet, tous des anciens internationaux, le kiné Jean-Paul Andrea que j’ai connu quand j’étais cadet, c’est dire qu’il est là depuis longtemps ! Le préparateur physique Olivier Maurelli aussi, qui fait un travail très précis pour améliorer les performances des joueurs, du coup, il n’y a pas de blessures, cela permet à Laurent de travailler comme il veut tout le temps donc forcément d’améliorer la qualité de jeu. Le travail du statisticien Thomas Bortolossi aussi est important, ils ont du matériel qui permet de retransmettre les images du match sur les tablettes des coaches, du coup, quand ils donnent les consignes, ils ont la possibilité de montrer aux joueurs ce qui s’est passé et pourquoi il faut changer.

Laurent Tillie annonce viser le podium sur cet Euro, êtes-vous en phase avec cet objectif ?
Oui, c’est juste et humble de viser le podium, mais je pense qu’à l’intérieur, les joueurs pointent l’or. Ce serait étrange qu’après une médaille d’or en Ligue Mondiale, ils ne se mettent pas l’objectif maximum en tête, d’autant qu’ils en ont les capacités. Maintenant, cela reste du sport, donc ce sera compliqué et je rappelle que cet Euro n’est qu’une étape vers la course aux JO. L’important est d’y aller à fond pour garder la dynamique actuelle, il ne faut pas changer d’habitudes, c’est le mot-clé selon moi. Ils savent faire, ils dominent leur sujet, à eux de garder ce rythme pour rebondir encore et arriver fin prêts pour les JO. Car ce qui serait top, c’est qu’ils arrivent relativement frais à Rio. Je me souviens qu’en 2004, entre l’Euro, les tournois de qualification, nos championnats, nous étions arrivés à Athènes en ayant joué plus de 80 matches auparavant, alors qu’une saison normale, c’est plutôt 50. Du coup, nous sommes arrivés cramés aux JO. Là, ce serait bien qu’ils aillent chercher la qualification dès janvier, c’est vraiment un avantage pour mieux gérer la saison olympique.

Que vous inspire la poule des Bleus sur cet Euro ?
La Croatie et l’Estonie, c’est abordable, il faudra se méfier des pièges mais, les joueurs ont été tellement sérieux sur leur phase de poule de Ligue Mondiale qu’on leur fait confiance pour bien aborder ces deux rencontres. Le match délicat, c’est l’Italie, maintenant, cela fait quelques années que cette équipe rencontre des difficultés, elle a changé d’entraîneur, exclu puis réintégré des joueurs, je pense qu’il y a moyen de les battre et de se qualifier directement pour les quarts en évitant la fameuse journée de plays-offs.

Le fait pour la France de ne pas avoir joué la Coupe du monde en septembre constitue-t-il un avantage ?
Oui, cette Coupe du monde a été épuisante, chaque équipe a joué onze matches dans un délai très court, c’est difficile pour l’organisme.