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(Miniature) L’Interview bleue : Antoine Brizard
Photo : legavolley.it
28/01/2022
L’Interview bleue : Antoine Brizard
2022 a bien débuté pour Antoine Brizard, désigné par la FIVB meilleur joueur de l'année 2021 devant l’Argentin Luciano De Cecco et Earvin Ngapeth. Passé l’été dernier du Zénith Saint-Pétersbourg à Piacenza, en Italie, le passeur des Bleus revient sur cette année olympique et évoque sa saison en cours.
Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris que la FIVB t’avait désigné meilleur joueur de l’année 2021 ?
Je n’y croyais pas trop, donc ça m’a fait vraiment bizarre. J’avais vu qu’ils avaient fait une liste dans laquelle, au départ, je ne m’imaginais déjà pas, donc être premier, c’est fou ! Même si je sais que ce n’est pas un vote, ça m’a fait hyper plaisir parce que c’est la première fois que je suis ainsi mis en avant à titre personnel, mais ça met surtout en avant notre été, ce qu’on a réussi à faire collectivement aux Jeux.

Penses-tu que cette récompense est méritée ?
Je ne sais pas. Ce que je sais en revanche, c’est que c’est mérité pour le volley français par rapport à ses résultats en cette année des Jeux. On sait à quel point le volley est un sport collectif, on sait à quel point notre équipe en particulier fonctionne de manière collective, c’est toujours difficile de faire ressortir une individualité, donc je dirais que c’est mérité que les joueurs français soient mis en avant.

Considères-tu que cette année 2021 aura été ta meilleure à titre personnel ?
Rétrospectivement, oui, parce que j’ai quand même fait trois finales en Russie avec le Zénith (Saint-Pétersbourg). Même si j’ai perdu les trois, c’est quand même une drôle de régularité. J’ai ensuite passé un très gros cap au niveau international, que ce soit en VNL, où je trouve que j’ai vraiment bien joué, ou aux Jeux, où on a atteint le sommet de notre sport. Donc oui, c’était une super saison.

As-tu été meilleur qu’aux JO ?
Non, je ne pense pas. Même si au TQO de Berlin, c’était vraiment top, c’était un match et demi, alors que les Jeux, c’était plus long, que des matchs à haute pression, je pense que c’est le meilleur niveau que j’ai atteint.

"On n'est pas encore complètement retombés sur terre"

Peut-on résumer cette année à ton action en première main dans le tie-break de la finale contre la Russie, alors que tu venais de rater la même, ce qui a donné un avantage décisif à l’équipe de France ?
Je ne sais pas, c’est dur de résumer une année sur une action et c’est une action personnelle. C’est sûr que c’est un peu un symbole de mes Jeux, mais je préfère retenir les belles actions collectives qu’on a jouées, par exemple le tie-break contre la Pologne qui, selon moi, a été le moment où on a atteint notre meilleur niveau aux Jeux parce qu’on a fait tous nos side-out (points sur service adverse), et pour un passeur, c’est la base du jeu, c’est très important. Maintenant, cette première main reste un bon souvenir.

As-tu mis du temps à retomber sur terre, à digérer cette euphorie des Jeux ?
On a dû enchaîner très vite avec l’Euro, mais c’est sûr que longtemps, on a tous gardé la tête aux Jeux, j’y pense encore quasiment tous les jours, donc je ne pense pas qu’on soit encore complètement retombés sur terre. On est retournés dans nos clubs, au travail, mais je ne crois pas qu’on s’en détachera totalement un jour, on n’a pas envie en fait, ça reste toujours dans un coin de la tête.

L’Euro était-il la compétition de trop, surtout d’un point de vue mental ?
Oui, c’était compliqué d’enchaîner après les Jeux. Je pense que si ça avait encore été Laurent (Tillie) l’entraîneur, on aurait envoyé une équipe différente, parce que ce n’était pas l’objectif de l’été, mais c’était important pour Bernardinho et le nouveau staff de nous avoir pour gagner du temps en vue de l’été prochain, donc je pense qu’on n’a pas perdu notre temps en disputant cette compétition, même si le résultat n’était pas celui voulu.

En 2022, le grand objectif est le Championnat du monde en Russie, c’est encore un peu loin, mais comment vois-tu cette compétition où les champions olympiques seront attendus ?
Comme toujours, ça va être super dur. D’habitude, le Championnat du monde arrive deux ans après les Jeux, là, ça vient juste après, je ne pense pas qu’on sera favoris, même si on est champions olympiques, mais on ira pour viser une médaille.

"Notre qualification pour le Final Four de la Coupe
est un énorme pas en avant"

Parlons maintenant de ta saison en club, tu as fait le choix l’été dernier de quitter la Russie et le Zénith Saint-Pétersbourg pour l’Italie et Piacenza, pourquoi ?
Pour plein de raisons : pour la qualité et l’homogénéité du Championnat italien, parce que c’est ce qui se rapproche le plus de ce qu’on voit dans le volley international. L’année dernière a été difficile personnellement, avec le contexte particulier du Covid qui a fait que j’étais seul là-bas, et parce que, sur le plan du volley, ce championnat ne me plaisait pas trop, le niveau était hétérogène avec beaucoup de matchs qui n’étaient pas très intéressants à jouer. L’Italie m’attirait davantage. Et j’ai choisi Piacenza parce que le projet m’a séduit, c’est un club en reconstruction, remonté en Serie A1 depuis trois ans, il est super ambitieux, il veut redevenir le club qu’il a été et il me voulait en premier pour ce projet.

Et ce que tu vis à Piacenza depuis le début de la saison correspond-il à tes attentes ?
Oui, complètement. On a dû composer un peu avec le Covid et les blessures, comme toutes les équipes, si bien qu’on a des hauts et des bas, on a performé contre les grosses équipes, contre-performé contre d’autres qui, sur le papier, sont moins fortes Ce qui est certain, c'est qu'en Italie, il y a de très bons joueurs partout. Même dans les équipes mal classées, il y a des mecs qui peuvent te mettre 30 points par match, c’est vraiment un championnat super fort, avec des surprises assez souvent. Ça correspond donc à mes attentes. Pour le club, je pense que c’est encore une année de transition, le fait qu’on se soit qualifiés pour le Final Four de la Coupe (début mars) en allant battre Modène est un énorme pas en avant, une très bonne pub pour le club, les dirigeants étaient super contents. Après, en Championnat, il nous manque trois-quatre points qu’on aurait dû prendre, mais on verra pendant les playoffs où on se situe, on va travailler dur pour déjà se qualifier puis aller le plus loin possible.

Qu’est-ce qui vous sépare du Top 4 de cette SuperLega, composé de Pérouse, de la Lube Civitanova, de Trentino et de Modène ?
De la confiance dans notre organisation et surtout de la régularité. Ce sont des équipes qui ne doutent pas dans les moments importants, elles sont sûres de leurs forces, je pense aussi que certaines équipes arrivent déjà perdantes quand elles s’apprêtent à jouer Pérouse ou la Lube, ce qui n’est pas le cas contre nous. Maintenant, je suis sûr qu’en termes de niveau de jeu, on peut rivaliser, Pérouse a l’air vraiment bien armé cette année, mais on n’est pas très loin de Trento, de la Lube et de Modène. On a d’ailleurs battu ces deux derniers cette saison, c’est qu’on est capables de le refaire. Il faut juste qu’on soit plus constants, parce qu’on a des pics de niveau de jeu qui sont parfois très hauts, mais à côté, on descend par moments trop bas. On a une équipe encore jeune, avec ses qualités et ses défauts, avec notamment Francesco Recine, le réceptionneur/attaquant italien qui est un très jeune joueur mais avec beaucoup d’énergie et une super attitude, il m’a vraiment surpris, je ne m’attendais pas à ce qu’il ait un tel niveau.
 Ou notre pointu Adis Lagumdzija qui a tout ce qu’il faut pour être un des meilleurs du monde à ce poste dans quelques années, même s’il est plus en difficulté en ce moment après un gros début de saison.

Avez-vous été touchés par le Covid ?
Oui, on a eu une première vague avec quatre joueurs qui ont été touchés il y a un mois. Là, on est de nouveau en plein dedans avec un nouveau cas tous les jours, c’est un peu compliqué, on ne sait d’ailleurs pas trop quand on va pouvoir jouer. A titre personnel, je touche du bois, j’y ai échappé, mais je pense que ça ne va pas tarder à me tomber dessus…

"La vie en Italie, c'est top"

Quel regard portes-tu jusqu’ici sur ta saison ?
Je dois gérer pas mal d’états de forme assez différents, ce n’est pas toujours évident, mais franchement, je suis content. Tout le monde dit que le Championnat italien est dur, je trouve que je m’adapte bien pour l’instant. J’ai eu quelques passages à vide, mais j’ai aussi fait des gros matchs, donc dans l’ensemble, je suis plutôt satisfait.

Et comment t’adaptes-tu à la vie italienne ? As-tu un peu le temps d’en profiter ?
Déjà, je suis avec ma femme, ce qui change tout par rapport à la saison dernière. Et dans l’équipe, je comprends tous les joueurs, je commence à parler un peu italien, tout le monde est beaucoup plus ouvert qu’en Russie, ce qui change beaucoup au niveau des interactions, il y a aussi plus d’étrangers. Quant à la vie en générale, c’est top, les gens sont très cools, c’est une culture quand même beaucoup plus proche de la nôtre qu’en Russie ou en Pologne (il a joué à Varsovie avant le Zénith Saint-Pétersbourg). Comme ma femme a une maison de famille dans le sud-est de la France, à trois heures et demie de Piacenza, ça nous arrive de rentrer là-bas, même si c’est un ou deux jours, ça fait une bonne coupure.

As-tu le temps de voir d’autres joueurs de l’équipe de France en dehors du volley et de ton coéquipier Thibault Rossard ?
J’ai vu un peu Babar (Barthélémy Chinenyeze), mais finalement, on a peu de temps, le Covid a compliqué les choses, on a beaucoup de matchs à rattraper, mais ça fait toujours plaisir de se retrouver sur le terrain.