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21/01/2022
Formation : les entraîneurs pros ont refait la finale France-Russie
La Fédération française de volley a organisé en décembre sa session annuelle de formations destinée aux entraîneurs professionnels. Elle a fait appel à l’occasion à plusieurs coaches de renommée internationale, dont Laurent Tillie et Tuomas Sammelvuo, qui se sont affrontés en finale des Jeux Olympiques de Tokyo. DTN adjoint en charge de la formation des entraîneurs, Nicolas Sauerbrey revient sur ces riches échanges.
Dans quel cadre ont eu ces journées de formation ?
Dans celui de la FCP, la formation continue des entraîneurs professionnels, CFCP et Elite. Un rassemblement annuel qui, depuis deux ans, à cause de la Covid, se déroule en visio. Ils étaient une centaine à être concernés cette saison. 6 visioconférences, étalées sur dix jours, ont eu lieu du 6 au 16 décembre, à raison de deux heures chacune. Comme Laurent Tillie avait terminé son mandat à la tête de l’équipe de France, je me suis dit que ce serait bien de le faire intervenir pour faire un bilan de ses neuf années sur le banc des Bleus avec un petit focus sur les Jeux. Il a répondu présent et a pu raconter son expérience de sélectionneur. Personnellement, ce qui m’avait marqué sur la finale des Jeux, c’était comment les Russes, après avoir été menés 2-0, ont réussi à revenir dans un match qui n’aurait par la suite pas dû leur échapper. J’avais donc envie de faire intervenir leur entraîneur, Tuomas Sammelvuo, afin qu’il nous éclaire sur ce point. J’ai réussi à le contacter et il s’est montré enthousiaste à l’idée d’expliquer ses choix, sa manière de fonctionner avec les Russes et cette fameuse finale. Et ce qui est très sympa, c’est que lors de sa visio, Laurent Tillie s’est connecté (après sa séance d’entraînement avec Osaka), ce qui a permis aux deux finalistes des Jeux d’échanger, c’était incroyable! Pour finir sur une note d’humour entre les deux entraîneurs : « La France était favorite à 60% » ; « Oui, mais vous étiez aussi favoris à 60% » !

Leurs analyses se rejoignaient-elles sur la finale ?
Oui, ce qui est notable, c’est qu’ils ont, sans se concerter, évoqué le même facteur de rupture sur ce match, à savoir la fin du premier set (22-19), et l’attaque mordue aux 3 mètres des Russes. Personne ne le voit sauf l’arbitre central ; au lieu d’un écart de 4 points, la France récupère le point et finit par gagner ce set. Sans cette faute, les Russes gagnent certainement le set, et personne ne peut dire ce que cette finale incroyable nous aurait livré comme autre scénario. Tuomas a expliqué comment il devait gérer son équipe par rapport à des visions et fonctionnements qui peuvent être assez différentes entre ce qu’il a vécu auparavant et l’approche russe. Pour ce qui est de la fin du match, il a aussi insisté sur le fait qu’Earvin (Ngapeth) et Trévor (Clevenot) étaient tout d’un coup devenus injouables. Et Laurent a de son côté expliqué qu'il avait demandé à ses joueurs, menés dans le tie-break, de continuer à jouer sans se soucier du score.

Quels ont été les autres intervenants ?
Il y a eu l’entraîneur de Mulhouse, François Salvagni, qui a expliqué sa manière de travailler, son organisation, le type d’exercices qu’il met en place, c’était très intéressant. Nous avons également accueilli Giovanni Guidetti, l’entraîneur de VakifBank Istanbul et de la Turquie, deux fois vainqueur du championnat du monde des clubs, que j’avais rencontré lors d’un séminaire de la CEV en Slovénie en septembre dernier. Il s’est montré très transparent, s’est livré de A à Z sur son organisation, sa philosophie, la préparation physique et mentale, il a répondu à toutes les questions ; du très haut niveau très simple, extrêmement précis ! Il a expliqué comment il s’adaptait à ses joueuses, était à leur écoute, tout en ayant envers elles un très haut niveau d’exigence. Pour lui, les filles n’ont pas d’excuses si elles sont mauvaises, c’est qu’elles n’ont pas assez travaillé à l’entraînement. La pression ? Ça n’existe pas, il dit qu’au plus haut niveau, une joueuse doit être capable de supporter la pression d’un match à enjeu, d’un public hostile… On a aussi eu Glenn Hoag, qui est intervenu sur les charges d’entraînement et les facteurs liés à la performance, une intervention très à l’anglo-saxonne, chiffres et statistiques à l’appui. Cyril Ong, est revenu sur la méthodologie de travail de l’équipe de France féminine, il a confié que cette expérience l’avait « fait renaître » au regard de son métier d’entraîneur, c’était très sincère et très personnel.

Quels ont été les retours des entraîneurs ?
Je pense que tout le monde y a trouvé son compte, les retours ont été très bons. Nous sommes à 97% de taux de satisfaction, ce qui est une vraie réussite, tant ce rassemblement est une gageure à organiser, avec au moins 8 profils différents d‘entraîneurs, des attentes complètement différentes, des disponibilités très variables… La visio-conférence permet a minima de ne pas trop perturber les planifications et de pouvoir suivre une session en différé. D’ailleurs, les 6 visios sont au montage et seront disponibles sur ressourcesvolley.com courant février 2022.

Une idée de ce que sera la session 2022 ?
Les choses sont encore floues : la tenue des championnats du monde pourrait nous emmener vers ces compétitions, mais cela demande une grande organisation, la situation sanitaire reste relativement incertaine, et éloigner les entraîneurs de leur équipe quelques jours n’est pas simple. Si nous revenons sur du présentiel, peut-être nous appuierons-nous sur les rassemblements des équipes de France en tout début de saison internationale. Bernardo Rezende va commencer une saison pleine avec les garçons, c’est certainement l’occasion pour nos entraîneurs de profiter de sa présence et de ses compétences. Les délais de préparation restent cependant courts ; donc par défaut, nous pourrions aussi poursuivre sur une session à distance qui a aussi l’avantage d’être plus simple à organiser sans perturber outre-mesure les emplois du temps. Ce qui est certain, c’est qu’il sera difficile d’avoir un plateau aussi prestigieux que cette année !